Acte I : "Touche pas aux arbres de la Grelauderie"
Acte II : Le maire Bruno Drapron ne reste pas de bois !
Une affaire fait couler de l’encre à Saintes, celle du bois de la Grelauderie où le groupe Anthelia Promotion envisageait la construction de 71 logements sociaux, la ville en manquant et devant s’en doter comme le veut la loi. Ce bois de quelques hectares et constitué de feuillus (chênes, châtaigniers) a été déclassé en 2019 lors du vote du PLU. A l’époque, Jean-Philippe Machon et sa majorité s’étaient engagés à protéger la faune et la flore dans le cadre de la transition écologique. Une superficie avait été conservée à cet effet.
Lorsque le lotissement est passé à la phase concrète, les habitants du quartier, habitués à profiter de ce havre de paix verdoyant, sont montés au créneau. Il comporte plusieurs arbres remarquables ainsi qu’une faune à protéger dont le fameux sciurus vulgaris, plus connu sous le nom d'écureuil roux. « Couper des arbres aussi beaux, priver les animaux et les oiseaux de leur habitat, préférer le béton à la nature, ces perspectives suscitent de vives réactions. Nous ne sommes pas opposés aux logements sociaux, mais pas à cet endroit ! » remarquent des résidents.
Conscient qu’abattre des arbres n’est plus vraiment dans l’air du temps, un collectif de citoyens s’est constitué. Il s’est mobilisé par différentes interventions (réseaux sociaux, etc) et les riverains n’ont pas hésité à solliciter régulièrement le maire : que comptait-il faire pour empêcher la coupe de ce bois, poumon d’oxygène ?
Pierre Maudoux et Didier Martin présents à la manifestation de samedi dernier |
Des slogans : Touche pas à mon bois ; Plus tard c’est trop tard ; Aux arbres citoyennes ! |
Samedi dernier, un rassemblement "toutes générations" a donc eu lieu à Saintes devant le palais de justice à l’initiative du collectif. Des jeunes ont exprimé leurs préoccupations. Ainsi, la disparition des végétaux entraînera celle de la faune microscopique. Les conseillers municipaux de l’opposition dont Renée Benchimol Lauribe, Pierre Dietz, Pierre Maudoux, Didier Martin, Sabrina Chaborel, écologistes et sympathisants, avaient tenu à manifester leur engagement en faveur de l’environnement. « Cette question de la protection des forêts est essentielle, non seulement pour la préservation de la biodiversité, mais aussi pour la lutte contre le réchauffement climatique. Les bois intra-urbains sont une chance pour limiter les effets des canicules dans les villes. La tendance est à les augmenter en nombre et en taille et non pas à les faire disparaître » déclare Renée Benchimol Lauribe.
Le cortège a descendu la rue Alsace Lorraine. Des passants ont salué le mouvement tandis que des commerçants, surpris, sont sortis se demandant ce qui se passait. Depuis le Covid et les confinements, l’animation se fait rare dans les artères de la cité ! « Il faut un mouvement de contestation pour réveiller le cœur de ville » soulignait un participant. Le cortège s’est rendu devant la sous-préfecture et à la mairie où un jeune chêne a été déposé ainsi qu’une demande de protection du bois. Une pétition a été lancée qui compte aujourd’hui plus de 2000 signatures. En pleine campagne des élections départementales et régionales, le bois de la Grelauderie n'est pas passé inaperçu...
Le collectif a attiré l’attention sur le futur lotissement de la Grelauderie |
Acte II : « Zéro construction, le bois ne sera pas coupé » annonce le maire…
Bruno Drapron, aux côtés de Charlotte Toussaint, répond aux questions des riverains |
Bruno Drapron a réagi à cette situation en organisant une conférence de presse mercredi matin dans un jardin privé qui a pour horizon… les frondaisons de la Grelauderie. Site agréable et apaisant. Voisins et membres du collectif assistaient à cette rencontre. Avant d’annoncer « la bonne nouvelle obtenue lundi soir », le maire a rappelé l’historique du dossier.
« Depuis trois mois, des riverains sont venus à ma permanence tous les 15 jours pour attirer mon attention sur ce projet de logements sociaux qui allait entraîner la coupe des arbres de la Grelauderie. Avec mes adjoints, nous avons examiné les documents. Il était effectivement possible, avec la modification du PLU, de construire en cet endroit 71 logements. J’ai appelé le promoteur Anthelia, je précise que ce sont des gens sérieux qui ont respecté tous les codes d’urbanisme. Je leur ai dit que je n'entendais pas signer le permis de construire, que le préfet pourrait effectivement le faire, mais que je ne serais pas un facilitateur. Dans un premier temps, nous sommes revenus à 47 logements avec la plantation de 120 arbres. J’ai alors montré les nouveaux plans aux riverains. Je ne pouvais pas leur en dire davantage car je négociais autre chose et il convenait de rester discret. Un collectif de préservation du bois de la Grelauderie s’est alors constitué et mobilisé. Pour être franc, je n’ai pas toujours apprécié les commentaires formulés à mon égard ! J’ai donc une bonne nouvelle à annoncer en ce jour : le bois restera un bois et il y aura zéro construction. Le promoteur a cédé. Une vingtaine de logements sociaux seront réalisés partie nord sur une friche appartenant à Leclerc. Il s’agira de logements sociaux de qualité à destination des jeunes qui viendront travailler sur Saintes. Dès que la municipalité le pourra, en 2022, elle rectifiera le PLU afin que ce bois soit à nouveau classé en zone non constructible. Certains m’ont demandé pourquoi la mairie ne s’en portait pas acquéreur ? Il faut être prudent avec les finances de la ville, ce qui évitera d’augmenter les impôts locaux. Nous avons fait une proposition à la famille Josse : qu’elle donne ce bois au collectif pour l’euro symbolique. Constitué en association, il pourrait alors en avoir la charge et le protéger. Je n’ai pas reçu de réponse pour l’instant. Aujourd’hui, riverains et collectif peuvent être rassurés, les arbres ne seront pas coupés ».
A la question posée : Comment se fait-il que vous ayez voté la modification du PLU ? Bruno Drapron répond clairement : « A l’époque, j’étais dans l’opposition à Jean-Philippe Machon. Nous n’avions pas saisi la destination finale de la Grelauderie. Si la présentation de la délibération avait été plus détaillée, je n’aurais jamais déclassé ce bois ». Et de conclure : « Le bois de la Grelauderie restera intact. Le parcours a été compliqué mais seul le résultat compte. Merci aux services, au promoteur et aux élus qui m’ont accompagné dans la gestion de ce dossier ».
Le bois de la Grelauderie se trouve à proximité d'un quartier pavillonnaire |
Situé non loin de la Palu, le bois de la Grelauderie, accueille de temps en temps des chevreuils et « parfois des chèvres viendraient y brouter ». L’éco-pâturage est d’ailleurs l’une des pistes que Bruno Drapron souhaite expérimenter dans les années à venir.
Fin de l’acte II.
• Réaction de Pierre Maudoux (collectif) : « Bois de la Grelauderie ? Victoire sans appel de la mobilisation et de notre obstination ! Le maire de Saintes, quoi qu'il en dise, aura cédé à nos interventions médiatiques, sur les réseaux sociaux, et à la belle manifestation de samedi dernier. L'essentiel est que le bois soit sauvé ».
Un habitant du quartier, Raphaël Brunetti, se souvient qu’à la place des actuelles maisons, se trouvait une vigne… |
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