jeudi 17 juin 2021

La Rochelle : Claude Belot, un Jonzacais donne son nom à la salle de session du Conseil départemental

Claude Belot : « La Charente-Maritime mérite qu'on s'occupe d'elle » !

L'hémicycle porte le nom de Claude Belot (après Michel Crépeau, Georges Simenon, Georges de Caunes, Jean-Louis Frot, noms donnés à d'autres espaces)

Vendredi dernier était un moment émouvant pour Claude Belot. En effet, la grande salle de session du Conseil départemental, à La Rochelle, porte désormais son nom. Elu conseiller général du canton de Jonzac en 1970, Claude Belot a présidé cette assemblée de 1994 à 2008. « Une telle reconnaissance est amplement méritée. J’avais cette idée en tête depuis longtemps puisque la Maison du Département a été réalisée sous sa mandature » souligne Dominique Bussereau, son successeur à la présidence. Il s’apprête lui-même à passer le flambeau le 1er juillet prochain. Ainsi s’écrivent les pages de l’histoire de la Charente-Maritime à travers des hommes et des femmes qui s’impliquent dans les destinées de cette terre que borde l’océan. 

Les élus de Jonzac et de la CDCHS étaient présents à cette manifestation

« Habituellement, on dévoile une plaque quand les gens sont morts. Le temps approche » plaisante Claude Belot lorsqu’il entre dans la salle de session qui porte désormais son nom. Son engagement politique est rappelé par Dominique Bussereau. Claude Belot, c’est d’abord Jonzac, sa ville natale, celle où il a grandi et qu'il chérit fort dans son cœur. Il l'a dotée des aménagements les plus incroyables pour une ville de moins de 3500 habitants. Yes he can ! Ce modèle jonzacais comprend la station thermale, le centre des congrès, le complexe aquatique des Antilles, le casino sans oublier le chauffage urbain, les énergies nouvelles et autres réalisations. La CDC de Haute-Saintonge, forte de 129 communes, l'a aidé à concrétiser ces structures dont deux d'entre elles s'inscrivent, de par leurs lignes, dans l'architecture contemporaine, les Antilles et le centre des congrès. 

Dominique Bussereau et Claude Belot
Au premier rang, Jean-Guy Branger, ancien sénateur, et Daniel Laurent

Dominique Bussereau en connaît un rayon sur les réalités de la Haute-Saintonge depuis son élection à la députation en 1986. Il salue l’homme qui a assumé de nombreux mandats, maire, conseiller départemental, sénateur, président du Conseil général et président de la Communauté de Communes de Haute-Saintonge, fonction qu'il exerce depuis 1993. « Ici, à La Rochelle, ce lieu porte ton empreinte » dit-il à Claude Belot.

Tout a commencé en 1970...

Chaque personnalité a un commencement. Claude Belot a incontestablement marqué le Département et son territoire en luttant dans un premier temps contre l’exode rural. Avant d’être ce "Vieux Lion" qui en impose et suscite le respect, y compris dans les rangs de l’opposition, il a avancé sur l’échiquier en posant ses pions. Agrégé de géographie, soucieux de l'avenir de sa région, c’est au moment des Cantonales de 1970 que tout s’est joué quand il s’est présenté contre Henri Chat-Locussol, un élu qui faisait partie des notables de Jonzac. « J’avais des pistes sur la manière dont on pouvait développer le secteur. Il ne m’a pas écouté. Cette conversation se passait à l’aéro-club de Jonzac. Une personne qui en était témoin m’a alors dit : tu sais ce qu'il te reste à faire, tu n'as qu'à te présenter ! ». Il s'exécute et devient conseiller général à l'âge de 34 ans. Il rejoint alors l’hémicycle à la Rochelle. Localement, il planche au sein du Contrat de Pays de Haute Saintonge que préside Louis Joanne et dont il prend les rênes en 1989 avant que ne soit portée sur les fonts baptismaux la Communauté de Communes de Haute Saintonge, inaugurée par René Monory en 1992. 

Souvenirs : réunion du Conseil général présidé par Claude Belot dans l'immeuble situé près de la Préfecture rue Réaumur (archives N. Bertin)
Depuis cette photo, plusieurs conseillers généraux nous ont quittés : Jacques Rapp, Jean Harel, Gilbert Festal, Xavier de Roux, Jean-Paul Berthelot, Marcel Vallet

Le Conseil Général décrit par René Boucher, qui fut conseiller départemental de Saint-Césaire

Comment évoluait le Conseil général (devenu par la suite départemental) quand Claude Belot y a fait ses premiers pas ? René Boucher, conseiller général de Saint-Césaire de 1967 à 1985, aujourd’hui disparu, avait témoigné sur cette époque à travers des confidences qui nous sont précieuses. 

Reprenons ce qu’il disait sur cette période : « André Dulin présidait aux destinées de la Charente-Maritime. Au Conseil Général, j’ai vu arriver de nouveaux visages comme Claude Belot. Nous avons tout de suite été bons amis. Je trouvais sympathique ce jeune enseignant qui venait de battre Henri Chat-Locussol, un gros entrepreneur jonzacais. A son arrivée dans l’hémicycle, quelques-uns le regardaient avec intérêt car il n’affichait pas d‘étiquette. Certains, voulant le classer à tout prix, le prenaient pour un homme du centre gauche. Par la suite, Lucien Grand a succédé à Dulin à la présidence de 1973 à 1976. Dans les couloirs, il se murmurait que Dulin voulait faire de Belot son poulain, mais l’heure était prématurée semble-t-il ! Il existait une rivalité sérieuse entre les Radicaux et les Socialistes et une animosité réelle entre leurs deux grands représentants, Maudet et Dulin. A la première élection législative, les Radicaux avaient été complètement évincés. Par la suite, ils ont refait surface. Plus habiles que les Socialistes qui se montraient souvent maladroits, les Radicaux sont devenus la première force de gauche de Charente-Maritime. Dulin, qui en faisait partie, était un bon vivant et il a été un président remarquable durant plus de 25 ans. Je pense qu’il a été un exemple pour Belot, ils avaient le même état d’esprit. En 1976, vint le tour de Josy Moinet (MRG) d’occuper le fauteuil. Il apporta un grand changement. Jusqu’à présent, les élus pouvaient voter assis. Désormais, ils devaient se lever et manifester ainsi leurs points de vue respectifs. Certains étaient mécontents des nouvelles dispositions ! En 1982, Philippe Marchand offrit enfin la victoire aux Socialistes. André Maudet a dû savourer ce moment. Il tenait enfin sa revanche contre les Radicaux. Avant d’être plurielle, la gauche a longtemps été divisée. Que puis-je dire de Philippe Marchand ? Je crois qu’il a déçu certaines espérances en privilégiant ses occupations parlementaires par rapport au Conseil Général. François Blaizot, quant à lui, a été élu en 1985. Il avait l’avantage de bien connaître ses dossiers. A droite, il était le seul capable, avec Belot, de diriger le département. Appartenant au Mouvement des Démocrates Chrétiens, il a accompli plusieurs mandats avant de tirer sa révérence. S’estimant trop âgé, il a eu le courage et suffisamment d’humilité pour s’en aller. Quand Claude Belot lui a succédé en 1994, j'ai été heureux pour lui »

Cette déclaration est intéressante à plusieurs égards. D’une part René Boucher, communiste, reconnaît les qualités de Claude Belot et d’autre part, il nous plonge dans un passé que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ! 

Aux côtés de Claude Belot et de Lionel Quillet (maire de Loix), Roger Gautier a été le chauffeur de plusieurs présidents du Conseil général. Il a commencé ses fonctions
sous André Dulin

Dulin était comme un dieu sur l'Olympe !

Claude Belot évoque la période où le Préfet décidait de tout : « Sur son perchoir, André Dulin, président depuis 1945, était comme un dieu sur l'Olympe. Il orchestrait les débats tandis que Raoul Latreuille présidait la commission permanente. Toutefois, l’homme le plus important était le Préfet car il était responsable de l’exécutif. Il rappelait souvent que l'Etat faisait tout, d'où un climat peu agréable avec les élus ! ». Les choses ont changé avec Gaston Defferre et la décentralisation quand le président du Conseil général a enfin eu des marges de manœuvre à partir de 1985. La collectivité a ainsi hérité de 3000 fonctionnaires à gérer. « De la passivité, nous sommes passés à une vraie fonction et à l'action ». Au fil des décennies, la Charente-Maritime a alors pris son envol en se mettant à croire en elle : université, école d’ingénieurs, autoroute, pont de l'Ile de Ré, Fort Boyard, construction de la Maison du Département, grands projets. « Nous avons créé un climat propice à l'entreprise en unissant nos efforts et en combattant les divisions opposant la droite et la gauche. La Charente-Maritime mérite qu'on s'occupe d'elle ». Elle ne cesse d'attirer de nouveaux habitants : Pour preuve, les droits de mutation, prélevés sur les transactions immobilières, se portent bien !

Les applaudissements à l'action conduite par Claude Belot. A droite, Christophe Cabri, son successeur à la mairie de Jonzac

Claude Belot a contribué à cette réussite. Il évoque moult souvenirs dont ses désagréments avec les écologistes dans certains dossiers ; les lendemains de la tempête de 1999 où, dès le 2 janvier à l'aube, aux côtés du préfet Leyrit, ils faisaient face à la situation avec l'achat, par la suite, de 500 groupes électrogènes ; une Région Nouvelle-Aquitaine « trop grande qui semble lointaine » ; ses bons rapports avec « une opposition jonzacaise intelligente au conseil municipal conduite par Jack Ros », les incohérences de la loi NOTRe « il faut modifier cette loi ! » ; la nécessité de garder l'échelon du Département qui constitue la proximité ; plus près de nous « les bons résultats en matière de vaccination contre le covid-19 ». 

Claude Belot : « La Charente-Maritime mérite qu'on s'occupe d'elle » !
Et de conclure ses propos par un clin d’œil  à tous ceux qui, dans l’histoire, ont apporté leur pierre à l’édifice en valorisant cette terre que convoitaient les Helvètes à l’époque romaine. Des premiers Néandertaliens de Saint-Césaire et Jonzac en passant par Dugua de Pons et Champlain, fondateur de Québec en 1608, l'un de Brouage, l'autre marié avec une demoiselle Chesnel de Meux, l'aventure continue. Seul regret : que Saintes ne soit pas la préfecture de la Charente-Maritime, fonction qu'elle exerça jusqu'en 1810. La faute à Napoléon…

Cette rencontre s’est achevée par le verre de l’amitié, avec la mer pour toile de fond.

Le verre de l'amitié
Roger Gautier et Léon Gendre, ancien conseiller général de La Flotte en Ré
Claude Belot et Jack Ros, chef de file de l'opposition
dans la précédente équipe municipale de Jonzac

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