Roland Fauconnier vient de nous quitter à l’âge de 96 ans. Bien connu à Barbezieux où sa famille a laissé une empreinte indélébile, il n’hésitait pas à ouvrir la maison de Musset, lieu d’inspiration et d’évasion où avait vécu son père Henri, un homme attachant, auteur de Malaisie, prix Goncourt 1930. De grandes conversations, émaillées d’anecdotes, s’engageaient alors. Malaisie, c’était toute une époque que Roland Fauconnier aimait à raconter, celle de la grande aventure d’un Charentais se lançant dans la plantation d'hévéas (l'arbre à caoutchouc) à des milliers de kilomètres de chez lui.
Esprit curieux et cultivé, Roland Fauconnier a porté le flambeau familial avec le talent et la détermination qu’ont les enfants à garder intacts les souvenirs d’un passé peu banal.
Ses obsèques seront célébrées à Paris vendredi 23 octobre à 10 h en l'église Saint François-Xavier. Nous adressons nos très sincères condoléances à sa famille.
Roland Fauconnier (© N. Bertin) |
• En 2015, l’Académie de Saintonge a décerné le prix de la Haute Saintonge à Roland Fauconnier pour le livre dédié à son père "Henri Fauconnier , conquêtes et renoncement". Retour sur cet évènement :
Dimanche dernier, au palais des congrès de Royan, l'Académie de Saintonge a remis le prix de la Haute Saintonge à Roland Fauconnier, fils d'Henri Fauconnier qui reçut le prix Goncourt en 1930 pour Malaisie. S'appuyant sur de nombreux courriers (4000 lettres), Roland Fauconnier a publié un livre à la mémoire de son père, ouvrage tout aussi intéressant qu'émouvant. « L'œuvre de sa vie » dit-il à laquelle il a consacré de nombreuses années.
Alain Braastad, membre de l'Académie de Saintonge,a décrit l'univers et la démarche de Roland Fauconnier :
« Nous avons tous entendu parler d’Henri Fauconnier, originaire de Barbezieux, prix Goncourt pour son livre Malaisie publié chez Stock en 1930. Bestseller de l’époque et dont les rééditions dans de multiples langues se sont succédé jusqu’à nos jours. Mais le connaissons-nous vraiment ? Estime, connaissance et admiration du peuple malais, civilisation dont il apprend la langue, ce qui était une attitude inédite surtout dans ce monde dur de planteurs coloniaux expatriés. De formidables descriptions d’une jungle encore naturelle, une forêt vierge magnifique, un paradis. Ces descriptions aussi sont alors nouvelles dans la littérature française.
Le livre de Roland, son fils, fin psychologue, grâce à une abondante et stupéfiante collection de lettres familiales (4000 lettres analysées et étudiées depuis dix ans), nous introduit dans la vie quotidienne pleine d’affection et de force, mais aussi de contradictions (les renoncements) de son père. Une enfance heureuse, une mère possessive avec une forte morale, ambitieuse pour ses enfants, mais tempérée par une fratrie, une bande nombreuse qu’Henri, l’aîné, mène tambour battant. Puis sa fuite de l’étreinte familiale, licence en droit en poche, son voyage en Extrême-Orient, sa vie de planteur en Malaisie, la guerre de 14-18.
Le domaine d'Henri Fauconnier en Malaisie |
D’où viennent ce gène, cette atmosphère qui produisent, façonnent à un moment donné dans un lieu et un milieu déterminé, cette éclosion de passionnés d’écriture ? Roland Fauconnier a eu raison de faire revivre ce père. C’est une belle histoire, tirée de vraies lettres, ponctuée d’humeur, de bonheur, de chagrin, de foi, d’espoirs déçus et une introduction à la (re)lecture de Malaisie ».
En ce dimanche 11 octobre, Roland Fauconnier était heureux. Sur ces lèvres, flottait un sourire qu'il a dédié à son père Henri et aux présences invisibles qui courent encore du côté de Musset, la maison de Barbezieux, sans oublier Saint-Palais de Négrignac où demeurait sa tante Geneviève...
De gauche à droite, Alan Braastad, Claude Belot, Roland Fauconnier et Claude Coutant Pajanay |
• Roland Fauconnier a reçu son prix du président de la Communauté de Communes de Haute-Saintonge, Claude Belot. Il y a quelques années, via l'Université d'été, la ville de Jonzac a rendu un bel hommage à la famille Fauconnier à travers des expositions et des conférences. Claude Belot et son épouse Jeanine se sont rendus en Malaisie sur les lieux même où Henri Fauconnier avait implanté son habitation bordée de champs d'hévéas. « Au milieu de la jungle malaise, le lieu où vécut votre père est extraordinaire » dit-il à Roland Fauconnier. A l'époque de sa visite, la propriété appartenait à M. Bolloré. Bien qu'ayant promis de ne jamais la vendre, il l'a finalement cédée à un Chinois. « Votre père entre dans la lignée des grands aventuriers comme Champlain, natif de Brouage, ou Dugua de Mons dont la femme possédait le château de Meux, près de Jonzac » souligna l'élu.
A Musset, Roland Fauconnier aux côtés d'un couple d'amis, Didier et Françoise Catineau |
Roland Fauconnier aimait recevoir en sa maison de Barbezieux, chargée de souvenirs |
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