mardi 6 octobre 2020

Région de Jonzac : l'emploi des jeunes, des aides allant de 4000 à 8000 euros

L’objectif de la rencontre organisée vendredi dernier à la salle municipale de Saint-Simon de Bordes était la présentation du plan de relance de l’activité des jeunes. Au cœur d’une période marquée par l'épidémie de Covid-19 qui frappe de nombreux secteurs économiques, il s’agit d'un axe hautement prioritaire. L’Etat a mis en place des aides pour encourager les employeurs dans leurs recrutements

De gauche à droite : MM. Thomas, Aymard, Mme Sivadier, MM. Dartignolles et Gérard 

Cette rencontre était organisée par Agnès Sivadier, directrice du Pôle Emploi de Jonzac aux côtés de Daniel Dartignolles, directeur territorial pour les départements de la Charente-Maritime et de la Charente, Jérôme Aymard, sous-préfet et Raphaël Gérard, député de la circonscription. 

Au centre des débats, l’emploi de jeunes, les mesures prises par le gouvernement et cette éternelle question : comment faire correspondre l’offre et la demande et pourquoi l’apprentissage, malgré des efforts louables depuis des décennies, a-t-il du mal à se tailler un chemin parmi les voies professionnelles ? « Les emplois non cadres font encore l'objet d'un mépris social injustifié et improductif » remarquent les spécialistes qui rappellent qu’en Allemagne, les métiers industriels offrent de réelles possibilités d'évolution de carrière. En France, le bon vieux système reposant sur des études universitaires a la vie longue, même si celles-ci aboutissent parfois à des désillusions en matière d’insertion. Autre conséquence du désintérêt touchant les métiers de l’artisanat : des pans entiers de connaissances liées à des disciplines spécifiques sont en train de disparaître. Quel dommage…

Le président Macron a pris le relais de ses prédécesseurs, rappelant que "l’intelligence de la main" conduit à des filières porteuses d’emplois et lucratives. Filières où, d'ailleurs, les prétendants manquent cruellement. Exemple parmi d'autres, la chaudronnerie souffre d’une image vieillotte alors qu'elle est devenue un secteur de haute technologie : « aujourd’hui, tout est informatisé, le chaudronnier actuel n’a plus rien à voir avec celui d’Emile Zola ! Il faut rapprocher l’apprentissage des besoins de l’entreprise. L’Education Nationale a un rôle à jouer dans la revalorisation du travail manuel. Le ministre Jean-Michel Blanquer en a conscience » explique le député Raphaël Gérard. L’important est de remettre dans le "circuit" ceux qui ont décroché (entre 16 et 25 ans) afin de les aider à construire leur avenir.

Plus 500 jeunes supplémentaires inscrits à Pôle Emploi

« Nous sommes dans un contexte préoccupant. Sur le territoire, les demandeurs d’emploi de moins de 26 ans ont augmenté de 39% par rapport à 2019, soit 500 en plus. Les personnes non qualifiées sont particulièrement touchées » souligne Agnès Sivadier. Cette situation s’explique par différentes raisons : incertitudes, contraintes, offres moins nombreuses (restauration, etc). On note cependant une reprise durant l’été. D’où l’action conduite « un jeune, une solution ». Le plan compte trois axes : des aides aux entreprises pour faciliter l’emploi, des places en formation dans les secteurs porteurs (numérique, service à la personne, etc) et l’accompagnement "intensif" des jeunes. 

Jérôme Aymard, sous-préfet, présente les mesures-phares destinées à « contrecarrer la crise historique et importante que nous traversons. Les dispositifs contribueront à préserver l'emploi ». Des actions ont été mises en place dont une prime à l’embauche de 4000 euros pour un jeune de moins de 26 ans recruté en CDD de plus de trois mois (cette mesure majeure permet aux employeurs de réduire le coût du recrutement) ; des aides à l’apprentissage (les entreprises qui recruteront un apprenti bénéficieront d'une aide élargie à l'embauche de 8000 euros pour les majeurs et 5000 euros pour les mineurs. Aucune condition ne sera requise pour les entreprises de moins de 250 salariés). L’objectif est de motiver les jeunes et leur montrer qu’on ne les abandonne pas !

Grâce à une aide financière pour l’employeur, le contrat initiative emploi (CUI-CIE) facilite, quant à lui, l’accès durable à l’emploi des personnes rencontrant des difficultés sociales et professionnelles d’insertion. Il permet des recrutements en CDI ou CDD.

Entrer dans la vie professionnelle en cette période est compliqué pour les jeunes...

Une relève à assurer

Les chefs d’entreprise présents autour de la table font part de leurs observations : complexités et tracasseries administratives, manque de qualification des postulants, peu de candidatures spontanées et remarques des demandeurs d’emploi qui expliquent ne pas pouvoir travailler quelques heures car perdant leurs avantages, coût des organismes de formation avec des écarts allant de 30 à 40% et des experts à 1000 euros par jour, l’orientation des jeunes dans le système éducatif, le rôle des parents auprès de l’enfant, etc. 

Le responsable de l’abattoir de Montguyon, qui emploie 17 personnes, a du mal à étoffer son équipe : « c’est un travail bien rémunéré. Un chef boucher perçoit un beau salaire, mais ce créneau n’attire pas. Il y a deux ans, j’ai embauché des gens réactifs qui sont toujours dans leur poste et font du bon boulot. Cependant, il est difficile de recruter de nouveaux effectifs ».  

Christophe Cabri, nouveau maire de Jonzac, anticipe le départ des salariés qui prendront leur retraite dans les 5 ans à venir : « Pour que la relève soit opérationnelle, elle doit être formée. Nous venons de recruter un jeune de 17 ans en apprentissage qui se destine au métier de peintre ».


Jean-Michel Rapiteau, maire d’Orignolles et président du groupe Rapiteau (215 salariés sur plusieurs sites), a en charge la Maison de l’Emploi. Cette structure, qui a remporté un certain succès, traverse une phase compliquée en raison du Covid. Le principe est simple : des parrains, employeurs pour la plupart (70 dont 30 actifs) soutiennent des jeunes et les font bénéficier de leurs carnets d’adresses : « Actuellement, nos demandeurs ne sont pas supérieurs à 8, le nombre de candidats est faible ». La Maison de l’Emploi de Haute-Saintonge, l’une des dernières en France ouverte en 2007 par la CDCHS, travaille en relation avec Pôle Emploi.

Les témoignages sont nombreux dont celui de M. Loriot, directeur du casino de Jonzac : « nous recevons peu de CV contrairement au passé où nous en avions entre 3 et 5 par semaine. Par ailleurs, le Covid a eu un effet révélateur sur certains salariés qui ont choisi de s'engager dans une autre filière ».

Des actions de sensibilisation vont être conduites par Pôle Emploi sur le territoire : quatre journées pour apprendre aux jeunes ce qu’est l’entreprise, organiser sa recherche de travail ; étude du sens du travail, de ses valeurs avec une psychologue ; immersion professionnelle des jeunes pour redonner une dynamique… 

Pôle Emploi vous donnera toutes les informations nécessaires. N’hésitez pas à contacter Nicolas Touquet, conseiller ou Séverine Gallot, responsable de l’équipe animation.


• Participaient à cette rencontre :

Christophe Cabri, maire de Jonzac, Jean-Michel Rapiteau, vice-président de la Communauté des Communes de Haute-Saintonge, Jean-Marc Thomas, maire de Saint-Simon de Bordes et Didier Nocquet, Amaury Lebreton de la Société Sobeca à Pons, Nelly Berthe de l’Association V.I.E à Montendre, Jean-Michel Chailllou, responsable de l’abattoir de Montguyon, Aurélie Soudet de l’Agence Adecco, Marion Birot de l’Agence Randstad, Philippe Loriot, directeur du casino de Jonzac, Frédéric Chiron, responsable d’une entreprise de transports de Montguyon, Arnaud Chauvière du cabinet d’expertise comptable Lalande et associés à Montendre, Philippe Gaboriaud, responsable d’une entreprise spécialisée en matériel agricole à Brie-sous-Archiac, Isabelle Saulnier de l’EHPAD la Mirambelle de Mirambeau, Claire Soulier, directrice territoriale déléguée Charente Saintonge, Séverine Gallot, responsable de l’équipe animation au Pôle Emploi et Nicolas Touquet, conseiller au Pôle Emploi de Jonzac.



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