mardi 19 février 2019

Jonzac : Claude Belot profite du grand débat pour se prononcer officiellement contre l’éolien dans la région

C’est vendredi que s’est tenu le grand débat organisé par la Communauté de Communes de Haute-Saintonge et la ville de Jonzac. Claude Belot, responsable de ces deux collectivités, a conduit les échanges aux côtés de Bernard Lalande, sénateur, et Raphaël Gérard, député. 
Parmi les questions gravitant autour de la transition écologique, il s’est prononcé publiquement contre l’éolien dans la région « où il n’y a pas assez de vent ». Ses positions ont donc évolué…


Dans un passé récent, Claude Belot n’était pas hostile à l’éolien, le long de l’estuaire de la Gironde en particulier. Les rapports financiers de ces installations, disait-il à l’époque, aideraient à pallier la baisse des dotations de l’Etat aux communes. Depuis, les curseurs ont changé si l’on en croit la position qu’il a exprimée publiquement lors du grand débat organisé vendredi dernier à la salle des fêtes (lieu qui reprend du service, malgré la concurrence du centre des congrès !).
Ce rendez-vous était l’occasion de recueillir les doléances des citoyens, l’ensemble devant être analysé par le Gouvernement pour aboutir à des propositions. Par les uns, ce débat débouchera sur des mesures concrètes ; pour les autres, Emmanuel Macron ne changera pas d’un pouce sa feuille de route. L’avenir nous dira si ces consultations sont une manière de calmer les gilets jaunes dont le mouvement se poursuit et si nos élites se préoccupent vraiment de la « base » !

En ce jour de la Saint Claude (l’aviez-vous remarqué ?), la discussion s’est ouverte sur quatre grands thèmes : transition écologique, démocratie et citoyenneté, fiscalité et dépenses publiques, services publics. Quelles sont les améliorations à apporter, les pistes à explorer ? « L’accord sur le contrat social n’existe plus » remarque Claude Belot en introduction, « la transition écologique, tout le monde la veut et quand elle se concrétise par l’augmentation des carburants, la France se révolte. Une crise dont les fondements sont plus anciens ». Les habitants sont pointés du doigt : ils polluent avec leurs vilaines voitures diesel et contribuent au réchauffement climatique. En conséquence, ils doivent racheter leurs fautes en payant quand les portiques de l’écotaxe, qui concernaient les poids lourds de plus de 3,5 tonnes sur certains tronçons du réseau routier, font désormais partie des chefs-d’œuvre en péril ! Leur abandon a coûté à l’Etat quelque 10 milliards d’euros…
Si l’on y ajoute l’ère souveraine des 4 x 4, les moutons de Panurge version XXIe siècle que nous sommes sont pris dans un étau entre incompréhensions et dictat des lobbies dont la seule préoccupation est de rester dans le top 20 des milliardaires internationaux.

Claude Belot, Bernard Lalande et Raphaël Gérard
Comment stocker l’énergie ?

Si l’on veut sortir du nucléaire et devenir indépendant en matière énergétique, les initiatives résultent le plus souvent de volontés régionales, départementales et locales. Ainsi, dans les années 1980, Claude Belot a imaginé pour Jonzac un chauffage géothermique novateur. Certes, l’eau venant des entrailles de la terre n’était pas assez chaude et des chaudières à bois sont nécessaires pour apporter des thermies supplémentaires. Ce réseau existe et s’est amélioré au fil du temps grâce aux nouvelles technologies. Claude Belot mise également sur le photovoltaïque et l’ombrière installée devant le stade en est l’exemple : « Ici, nous utilisons les énergies renouvelables et ça fonctionne. Pour l’instant, c’est le stockage de l’énergie qui pose problème, c’est pourquoi le Gouvernement a insufflé des fonds importants pour accentuer la recherche dans ce domaine ».

Dans la salle, nombreux estiment que le tout « voiture » ne peut plus durer, mais la voiture électrique telle qu’elle est commercialisée actuellement présente des inconvénients : les bas de gamme ne sont guère intéressants (en raison de leur faible autonomie) et les batteries sont réalisées à partir de métaux rares. La Chine, bien que toujours premier producteur mondial de ces terres rares ne détient pas la majorité des réserves : seulement 30 à 40 % d’entre elles selon les estimations. Le Brésil (avec des réserves estimées à 22 millions de tonnes, soit plus de la moitié de celles de la Chine), l’Inde, les Etats-Unis, le Canada, le Groenland, la Russie, l’Australie, l’Afrique du Sud, le Vietnam, la Thaïlande et plusieurs pays en Afrique de l’Est disposent d’importants gisements. Nul doute qu’ils vont faire des envieux !


Au sujet des parcs photovoltaïques, Claude Belot estime que les structures mises en place sur le territoire ne présentent aucun signe de faiblesse, que ce soit à Montendre ou à la Genétouze : « elles dureront plus de 20 ans. 20% de l’énergie produite en Haute-Saintonge vient du solaire et ce chiffre progressera pour atteindre 50% en 2030 ». Va la SEM énergétique créée par la CDCHS, de nouveaux projets seront élaborés et soutenus (fabrication de granulés, etc).
Bernard Louis Joseph, maire de Soubran, est favorable à ces champs de panneaux « sous lesquels peuvent brouter des animaux ». Autrement dit, pas de danger !
Pour Bernard Lalande, sénateur, « l’époque est extraordinaire. Nous sommes en pleine évolution. Nous avons de l’énergie, mais pour l’instant, on se heurte au stockage. Je suis optimiste. Dans les dix ans qui viennent, la recherche aura avancé. C’est important parce qu’aujourd’hui, les jeunes s’interrogent sur l’avenir de la planète et le continent de plastiques, en mer, est préoccupant ». Le député Raphaël Gérard partage ce sentiment : « nous avons des solutions pour coordonner la transition écologique. On avance ».
« Dans un premier temps, adapter les logements à des chauffages moins voraces que l’électrique serait une bonne idée et réduirait les factures des particuliers » souligne Jacky Queysson, maire de Saint-Genis.

De nombreuses interventions
L'éolien retient l’attention d’autant que deux élus, Bernard Landreau, maire de Léoville, et Emmanuelle Camilleri, opposés au parc de Baignes en Charente, regrettent le lancement de « projets faits sans concertation, les investisseurs proposant d’importantes sommes d’argent aux propriétaires et aux collectivités. Or, 70% des projets éoliens finissent devant les tribunaux ». Ils préconisent un moratoire afin que les dossiers en litige soient réétudiés. Claude Belot acquiesce : pourquoi choisir l’éolien dans des secteurs où le vent est faible quand il existe d’autres filières ?
Par ailleurs, le démantèlement de ces grandes structures pose problème : pales, socles énormes en béton. Et que fait-on des ondulateurs (qui servent à convertir le courant alternatif en courant continu) et des batteries elles-mêmes une fois leur mort annoncée ?
Certes, ces matériaux sont moins dangereux que les déchets radioactifs dont la durée de vie est considérable. La centrale de Braud Saint-Louis, bien que voisine, est absente des débats, de même que l’extension du périmètre de protection étendu à 20 km du site. De toutes les façons, en cas de pépin, le nuage circulera librement. A moins qu’il s’arrête brusquement à la frontière française comme celui de Tchernobyl !
Claude de Rocher, quant à lui, prône l’hydrolien qui fonctionne 24 h/24 à partir de l’énergie cinétique des courants marins ou fluviaux. L’hydrogène est également évoqué ainsi que la valorisation des déchets agricoles.

Parmi les pistes évoquées, pourquoi pas l'hydrolien ?
Aide-toi, le ciel t’aidera ?

Les échanges se poursuivent et portent sur la vie en société : respect de l’environnement, éducation, justice sociale, appel au bénévolat (un animateur sportif de Mirambeau souligne le manque de motivation des parents à accompagner les enfants), juste répartition et redistribution de l’impôt. En ce qui concerne la mobilité, sont cités les liaisons ferroviaires à améliorer avec une prise en compte de la proximité, le développement des transports collectifs… sans oublier la communication et une meilleure couverture pour les portables (un problème dans certaines communes, y compris celle du député).
S’ensuit une longue présentation sur le rôle de deux chambres que sont le Sénat et l’Assemblée Nationale. Il y a longtemps qu’une épée de Damoclès pèse sur le Sénat dont on réclame la tête régulièrement. Bernard Lalande, qui en est l’un des questeurs, témoigne : « dans une démocratie, la présence de deux chambres est nécessaire. Sinon, on tombe dans une forme de dictature ». Il appartient au groupe des démocrates-sociaux, ce qui ne l’empêche pas d’apprécier le président Gérard Larcher (Les Républicains) : « c’est un grand président et il défend le bicamérisme. L’assemblée retient entre 20 et 30% de nos amendements ».
Claude Belot, ancien sénateur, abonde dans son sens : « Gérard Larcher et Emmanuel Macron se parlent. Ensemble, ils trouvent des compromis pour faire avancer le schmilblic ». Un participant estime que le Sénat devrait avoir plus de poids puisqu’à l’arrivée, l’Assemblée Nationale a le dernier mot. Alors que la loi sur le cumul de mandats a réduit le nombre de « casquettes », certains pensent qu’un sénateur devrait conserver un poste d’élu municipal afin de ne pas se couper du terrain.
« Y-a-t-il un sénateur européen ? » Non car l’Europe n’est pas fédérale (et ça n’en prend pas le chemin).
L’une des doléances principales est la réduction du train de vie de l’Etat. Trop de fastes copiés sur l’Ancien Régime ! Au passage, la vente des « bijoux de famille » (autoroutes, aéroports, etc) à des groupes suscite des inquiétudes sur fond de mondialisation.

La condition des femmes
Un gilet jaune aborde la crise sociale, la reconnaissance du vote blanc et de l’abstention. Il estime que la proportionnelle devrait être appliquée plus largement : « aujourd’hui, le Parlement ne reflète pas l’opinion publique ». Le député rétorque que l’Assemblée Nationale fait des efforts. Elle a entamé une action inédite et concertée baptisée « printemps de d’évaluation des politiques publiques », sous l’égide de la commission des finances.

Dans la salle, les interventions sont nombreuses dont les difficultés des femmes seules avec enfants confrontées à un pouvoir d’achat réduit, les personnes âgées démunies :  « on  y arrive plus ». L’emploi ne se bouscule pas au portillon et l’égalité des rémunérations hommes/femmes est toujours dans les cartons… S’y ajoutent des salaires au rabais malgré des études supérieures.
Le ton monte entre les intervenants sur la façon de gérer le quotidien avec cette déclaration d’une agricultrice « aide-toi et le ciel t’aidera » ! Traduire : il faut forcer le destin et non se lamenter sur son sort.


Il est aussi question de la dette de la France, abyssale, des lobbies qui font la pluie et le beau temps, du maintien du glyphosate, des pesticides, de la disparition annoncée des abeilles, des retombées du réchauffement climatique.
En ce qui concerne les services publics, Claude Belot est mécontent. Il a appris par la presse que le centre des impôts de Jonzac serait appelé à fermer : « A La Rochelle, on ne m’en a pas dit un mot ». Se battant pour la survie du monde rural, il enchaîne sur la difficulté de l’hôpital de Jonzac à se doter d’un IRM : « c’est pas gagné ! » avoue-t-il.

Quelles conclusions tirer de ce débat ?

Une évidence s’impose, les villes sont privilégiées par rapport aux territoires ruraux. On mutualise, on centralise et c’est ainsi que les services publics de proximité disparaissent. Internet permet la dématérialisation des documents, mais ne rencontrer son interlocuteur que sur écran ou par téléphone, est-ce la bonne solution ? En 50 ans, la vie dans nos bourgs a bien changé. Après l’exode qui a conduit les jeunes couples en quête de vie meilleure dans des HLM fraîchement construites, un retour aux sources s’opère tant dans la façon d’évoluer que de se nourrir, les différents scandales alimentaires ayant ébranlé la confiance des consommateurs.
Toutefois, pour s’installer à la campagne, les prestations offertes doivent être suffisamment convaincantes : travail, écoles, commerces, animations. L’Etat n’a pas de baguette magique et le dynamisme des territoires dépend d’hommes et de femmes qui s’investissent. Tant que l’énergie sera au rendez-vous, la province vivra. Elle a aussi besoin de moyens. Sinon, place sera laissée au tourisme pour les zones les plus attractives et à l’abandon pur et simple pour les plus éloignées. Histoire à suivre…


• Reste à savoir comment seront traitées les données recueillies par l’Etat et surtout si elles seront suivies d’effets…

• Jonzac possède, derrière la gare, une batterie d’un mégawatt (boxe) qui stocke l’énergie et peut venir en aide au réseau électrique en surchauffe. Elle a été fabriquée en Corée. La France est en retard dans le domaine du stockage et favorise actuellement la recherche.

Dans la salle, à noter la présence de M. Lagrange, missionné par Sciences PO. La région fait partie des territoires où des questionnaires sont remis aux participants dans le cadre du grand débat.

1 commentaire:

Gilles CORNILLE a dit…

Abracadabri....Abracadabra...
Le grand débat tu inventeras
Magouilli....Magouilla
ses résultats tu oublieras
Tripatouilli...Tripatouilla
Les français tu enfumeras