mardi 26 février 2019

Léoville/Grand débat : Sans langue de bois face au député Raphaël Gérard et aux conseillers départementaux

L’autre samedi, Bernard Landreau, maire de Léoville, avait convié la population à participer à un grand débat. Contrairement à celui qu’avait organisé Claude Belot la veille à Jonzac, cette rencontre est entrée de plain pied dans les préoccupations quotidiennes de la population
 
Jean-Louis Tardieu, Raphaël Gérard, Bernard Landreau, 
Chantal Guimberteau, Christophe Cabri
Notons tout d'abord la participation. De nombreux habitants de Léoville et des environs s’étaient mobilisés pour apporter leur contribution au grand débat national, sous le regard attentif du sociologue Jean-Louis Tardieu et Raphaël Gérard, député. Une bonne occasion pour le maire, Bernard Landreau, de prendre la température « avant le budget communal qui sera voté en avril ».
Quelles sont aujourd’hui les préoccupations du monde rural ? Les sentiments exprimés par les uns et les autres sont révélateurs des changements, générateurs d’inquiétude, face à l’évolution.
Commençons par la dématérialisation des documents : « je n’ai pas internet à la maison, comment fais-je pour remplir ma déclaration d‘impôt ? » demande un retraité. Selon Chantal Guimberteau, conseillère départementale, des points d’accueil, encadrés par des personnels formés à cet effet,  seront ouverts pour répondre à cette préoccupation. « L’Etat se désengage et les problèmes liés à l'informatique sont à prendre en compte car tous les foyers n'ont pas d'ordinateurs. Quand on ne peut plus utiliser les versions papier, certains sont désemparés. Ainsi, nous avons remarqué que des dossiers de bourses auprès des collèges n'avaient pas été renouvelés pour cette raison.  On ne peut pas laisser les familles dans cette condition » déclare l'élue.
Le Département, quant à lui, se charge du déploiement de la fibre optique. « Tout devrait être opérationnel en 2022 » annonce Christophe Cabri.

Le débat portait sur démocratie et citoyenneté, fiscalité et dépenses publiques, organisation de l'Etat et services publics, transition écologique

L'avenir de la société fait partie des sujets évoqués : « la mondialisation entraîne chaque jour de nouveaux pauvres tandis que d’autres s'enrichissent d’une manière indécente », d'où la réaction des gilets jaunes fin 2018. S’y ajoute la hausse de la CGS sur les retraites. Les regards se tournent vers le député : « Notre confiance est effritée. Si l’on observe le nombre de votants de cette disposition, 57 députés présents dans l’hémicycle sur 577 sont à l’origine de la baisse des revenus de milliers de retraités. Les autres parlementaires, où étaient-ils ? ». Se sentant visé, Raphaël Gérard explique que les lois sont d’abord examinées en commission. En conséquence, les députés sont avertis de leur teneur. Pour Claudine Guérin, ex-directrice de la Maison Familiale de Chevanceaux, « les familles ne font plus confiance aux élus. Il règne un climat d’injustice sociale. Espérant qu’Emmanuel Macron apporterait un nouvel élan, elles estiment avoir été trompées. Le contexte se dégrade, les couples ne parviennent plus à joindre les deux bouts et les jeunes sont de plus en plus dans la galère. Que fait-on pour eux ? ». Un ancien exprime sa lassitude  : « quand on a travaillé toute sa vie et qu'on rogne votre retraite, c’est dur à accepter. Pendant ce temps-là, l’ISF a été supprimé. Le Gouvernement nous demande de faire des efforts. En fait-il de son côté ? ».
Un autre témoignage cite en exemple les pays du Nord où la classe politique a un comportement transparent et sans fastes :  « s’ils ont des comptes à rendre, ils s’en expliquent publiquement et démissionnent. En France, on ne peut pas en dire autant ! ». 
« Les problèmes sont nombreux. Nous, on a voté pour des gens. Que nous apportent-ils ? Dans les pays voisins, on passe pour des guignols » souligne son voisin.

Comment font les retraités qui n'ont pas internet pour remplir leurs déclarations d'impôt ?
« Nous, on a voté pour des gens. Que font-ils pour nous ?»
Que sont devenues les campagnes d’antan ?

Une habitante s‘inquiète de la mobilité à la campagne : « les transports en commun, on n’a rien ». Le maire répond qu'il est ardu d'obtenir toutes les commodités en milieu rural, d'autant que la baisse de la DGF se fait ressentir. Et parfois, il y a de la concurrence entre les communes pour obtenir telle ou telle prestation ! Christophe Cabri pense que le sujet des transports est important pour l’aménagement du territoire (il préconise la création de points relais par exemple et taxis à la demande).
Le fil conducteur est de conserver un maximum de services en milieu rural, l'école étant le premier signe de vitalité : « la campagne est un mode de vie. Autrefois, il y avait de l'animation partout, des boutiques, des artisans, des agriculteurs, de l'entraide, des frairies. On se connaissait, il y avait des liens » remarque un nostalgique qui insiste sur la fraternité du passé.
Le maire serait favorable à la création de petites structures pouvant accueillir des personnes âgées « pour être ensemble, faire des activités ». « En évitant de se retrouver en EHPAD dont le seul but est de faire du fric » déplore un participant.
Le domaine de la santé est également une priorité : si les consultations chez les médecins généralistes sont relativement simples à obtenir, il n'en est pas de même pour les spécialistes dont les cabinets sont souvent éloignés et les rendez-vous fixés à plusieurs mois (s’y rendre peut être compliqué quand on n’a pas de chauffeur)…

« La vie des familles s'est beaucoup dégradée »
« Chaque jour, la mondialisation fait de nouveaux pauvres »
Face à ces doléances, Raphaël Gérard rappelle que 25 millions d'euros ont été versés sur la circonscription pour financer des dossiers associatifs. Etant la cible de questions cristallisant le malaise actuel (dont la demande d'un référendum d'initiative citoyenne), il a bien conscience de la précarité grandissante, la réduction du pouvoir d'achat, l'isolement du monde rural face aux villes et des efforts que doivent déployer les municipalités pour garder la tête hors de l'eau. Si la colère explose aujourd’hui, les racines du mal actuel sont anciennes ! Des personnes de la mouvance des gilets jaunes sont présentes dans la salle. Le député a reçu plusieurs délégations en sa permanence de Jonzac.
Le débat s'attarde sur la transition écologique (les éoliennes, qui doivent être implantées dans le secteur, sont "épidermiques" à Léoville), l'environnement, l'emploi, l'agriculture, le glyphosate (la mairie a elle-même réduit l'usage des désherbants).


Bref, un échange fourni, sans langue de bois et un gros point d'interrogation : «  Sur quoi déboucheront ces débats organisés dans la France entière ? Tout sera-t-il analysé ? Nous craignons de ne pas être écoutés ». L'avenir nous le dira. Sera-t-il rose, jaune ou rouge ?…

Cette rencontre s'est terminée par la galette et le verre de l'amitié.

Bernard Landreau : les communes rurales déploient des efforts importants pour conserver leur dynamisme
• Raphaël Gérard : « Ce ne sont pas les députés qui représentent l'Etat, mais les Préfets et les sous-préfets ». Autrement dit, ce grand débat est supervisé en Charente-Maritime par le Préfet.

• Christophe Cabri : « les élus ne sont pas inaccessibles. Personnellement,  vous pouvez me joindre facilement ». Pour l’instant !

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