Fromages de chèvre/Vanzac : Chez Emmanuel Jeannot, on est benaise ! « Et pourquoi ne pas créer un circuit de la bonne bouche ? »

A Vanzac, Emmanuel Jeannot produit une large gamme de fromages de chèvre et des crèmes dessert. Rencontre avec un passionné qui allie le respect des produits fermiers à la protection de l’environnement

Emmanuel Jeannot et son troupeau

Le soleil décline. Voici l’heure d’aller chercher les chèvres qui paissent dans un enclos depuis le matin. Au loin, à côté des arbres. Quelques kilomètres séparent le troupeau de la ferme. Accompagné de son chien, un berger au pelage noir ondulé, Emmanuel Jeannot accomplit ce parcours deux fois par jour. Un itinéraire champêtre, bordé par des champs de céréales dont les épis vert tendre oscillent sous le vent. Des "routins" permettent d’atteindre la parcelle où le troupeau attend patiemment son maître. A sa voix, les bêtes dressent la tête : le moment est venu de rentrer au bercail ! 

Emmanuel Jeannot possède quelque 60 chèvres de races alpine, poitevine et saanen, un cheptel qu’il a constitué au fil des ans. N’allez pas croire que son activité de "pasteur fromager" soit ancienne ! Elle est, au contraire, le fruit d’une longue réflexion qui l’a amené à choisir cette voie dont il parle avec conviction. 

La conversation s’engage. Retour sur le passé. Il est né dans la région rochelaise. De son enfance, il garde une assise terrienne bien ancrée dans le monde paysan. Esprit en éveil, il découvre plusieurs métiers. Après un CAP en boucherie-charcuterie, il travaille dans l'agriculture, les travaux publics, le commerce. Les années s’écoulent. Soucieux du monde qui l’entoure, il entre au service d’un grand domaine bordelais où il accomplit l’entretien du vignoble avec son percheron. Le principe de base, ne pas blesser les pieds de vigne que des machines pourraient endommager. Ainsi, il améliore son propre matériel afin de réaliser les diverses tâches plus aisément et dans le respect de la plante. A l’époque, son entreprise emploie six salariés. Une belle mission au cœur de la nature, dans un cadre idyllique non loin de la Garonne. 

La chèvre de M. Jeannot vous salue !

Le temps passant, il souhaite se rapprocher de sa famille : « elle me manquait. C’est alors que j’ai eu l’idée de créer un élevage de chèvres ». Il se documente, s’informe et se lance. Les dépendances de la maison de Vanzac abriteront l’étable et les structures de transformation puisque le but est de fabriquer et vendre des fromages. Il dispose d’une quinzaine d’hectares de prés (dont certains sont en location). Il sélectionne ses chèvres sur leurs aptitudes, production de lait, rusticité. « C’est mon épouse, Nelly, qui m’a appris à faire des fromages. Je me suis également formé auprès du syndicat des chevriers de Nouvelle-Aquitaine » explique-t-il. Tout un savoir-faire est nécessaire et l’expérience s’acquiert sur le terrain. Emmanuel Jeannot est suffisamment motivé pour apprendre vite ! 

Ainsi, la ferme « Au Lait Benaise » a pris son envol. Elle propose une large gamme de fromages de chèvre, du frais au sec et bien "corsé". Des arômes - ail des ours, échalotes, poivre, vanille, etc - apportent des saveurs nouvelles. Les étapes du vieillissement sont importantes parce qu’elles déterminent le goût. Et il varie selon chaque client ! Sont également proposées des crèmes dessert (vanille, chocolat). « Nous vendons ce que nous mangeons » souligne le responsable. En clair, la priorité est donnée à la qualité et la fraîcheur du produit dont la "traçabilité" est assurée. 

Différentes variétés de fromages de chèvre

Les fromages sont présents tous les samedis matin sur le marché de Chevanceaux et d'autres débouchés dans des magasins spécialisés sont à l'étude. Emmanuel Jeannot a choisi une profession qui lui offre un espace de liberté tout en s’inscrivant dans des critères environnementaux. Ainsi, ses chèvres broutent dans des prairies qui ne sont pas traitées. A une époque où les consommateurs s’interrogent sur l’origine des produits qu’ils ont dans leurs assiettes, il imagine « un circuit de la bonne bouche » dans le secteur comprenant par exemple la charcuterie Pelette à Vibrac, les poulets Chaval à Chevanceaux, la boulangerie Laurette à Vanzac, la boucherie Roy à Saint-Maigrin, sans compter des producteurs de légumes et bien sûr « au lait Benaise ». 

Sur internet, les commentaires concernant l’entreprise d’Emmanuel Jeannot sont révélateurs dont celui d'Antonella : « Élevage familial accueillant très proche de la nature. Idéal à visiter avec des enfants afin de leur faire découvrir la chèvrerie (début d'année, il y a les naissances des chevreaux, les petits adorent !) Fabrication et vente de fromages et de savons ! Produits de qualité qui plaît à toute la famille ! Je recommande » ou encore Lucia : « J'ai adoré ce petit fabricant de fromages de chèvre tellement professionnel ». Ces témoignages parlent d’eux-mêmes…

• La journée d’Emmanuel Jeannot est bien remplie, la traite vers 6 h du matin, le travail dans la laiterie, les soins aux animaux, les ventes directes les vendredi et samedi à la ferme, la gestion des commandes transmises par internet, etc. 

• Au début de la lactation, la traite automatisée des chèvres a lieu deux fois par jour, ensuite une fois. Chaque chèvre donne entre un litre et un litre et demi. Le troupeau regroupe 60 chèvres dont 40 sont en lactation. Il y a deux boucs (Poitevin et Saanen).

• Des craintes quant aux travaux sur la D142 à Champagnac (aménagement de traverse) en juin prochain : Les entreprises et commerçants situés sur la Départementale 142 sont inquiets de ces travaux qui vont interrompre la circulation durant un mois. « Si la route est fermée à partir de Champagnac, les personnes qui viennent de Jonzac ne se rendront plus à Vanzac. Après les années covid qui ont été bien difficiles, c’est une nouvelle épreuve » explique Emmanuel Jeannot. Une déviation pas trop rébarbative serait la bienvenue pour faciliter le trafic ! 

Chaque jour, le troupeau est conduit au pré. Le soir, il rentre à l'étable

Photos Nicole Bertin