Afin de répondre aux objectifs fixés par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte et par la Directive Européenne sur les Énergies Renouvelables, un développement important de l’éolien est programmé en France. Or, ces éoliennes, qui apparaissaient être une solution face à un nucléaire inquiétant depuis les accidents de Tchernobyl et Fukushima, rencontrent désormais des oppositions marquées. Pour diverses raisons. Ces longues constructions ont besoin de vent pour fonctionner. Selon les spécialistes, c’est précisément l'évolution des niveaux de vitesses du vent qui sera un indicateur particulièrement suivi dans les années à venir pour assurer leur rentabilité. S’y ajoutent d’autres griefs, « manque de clarté dans la présentation des projets, impacts, nuisances sonores, visuelles, environnementales », sans oublier le démantèlement de ces immenses structures quand elles deviennent obsolètes.
Les associations s'engagent |
Pour l’instant, le sujet concerne surtout leur installation en Haute Saintonge car l’Aunis en est largement pourvu, comme le souligne le maire et conseiller départemental d’Aulnay, Stéphane Chedouteaud (l'objectif est de multiplier par deux le nombre d'éoliennes en Nouvelle-Aquitaine).
Réunie l’autre mardi à Tugéras, l’association Aprévica, que préside Bernard Largeau, a fait le point sur la situation qui comprend deux projets : Coux (2 éoliennes) et Messac (4). Il. S’y ajoutent Baignes (6), Chantillac (6), et une étude conduite près de Montendre à Donnezac en Gironde. Dans son courrier à la mairie de Coux, Aprevica a demandé aux élus de se positionner : « Au cours de l'année 2022, vous avez pu constater la protestation croissante de la population. Même la Communauté de communes de Haute Saintonge, dont vous faites partie, condamne fortement l'installation d'éoliennes au profit d'autres énergies renouvelables comme le photovoltaïque. De nombreux débats ont mis en évidence les aspects négatifs de ce projet dont une atteinte à la beauté de nos paysages ruraux qui constitue l'attractivité touristique et économique de nos communes. Ne serait-il pas alors souhaitable de soumettre à nouveau au vote ce projet et l'inscrire à une prochaine réunion du conseil municipal ? Un vote favorable à l'arrêt de ce projet éolien permettrait de retrouver calme et harmonie. Provoquer une nouvelle décision de votre conseil reste possible. D’autres communes l'ont fait. Ce serait un acte de courage et de solidarité ». Pour l'instant, aucune réponse n’ a été obtenue.
Judith Rapet, préoccupée par le projet de Messac
Du côté de Messac, Judith Rapet, secrétaire de l’association « Préservons notre village et notre terre Messac/Mérignac » (et femme de lettres bien connue) a exposé les différentes étapes de ce projet éolien, qui provoque chez elle « des cauchemars ». Notons qu’au moment des élections départementales des Trois Monts en juin 2021, le maire de Messac, Bernard Seguin, a écrit qu’il était défavorable au développement de l’éolien en Haute Saintonge (une copie du document a circulé dans les rangs). Quoi qu'il en soit, le dossier se poursuit avec une nouvelle enquête publique - jusqu’au mardi 6 juin inclus - sur le dossier de demande de dérogation « espèces et habitats protégés » et les éléments complémentaires à l'étude d'impact présentés par la société Energie Eolienne de Messac. Judith Rapet demande à tous ceux, y compris les habitants hors Messac, d'exprimer leurs remarques sur le registre du commissaire enquêteur, Jean-Marie Clerget. Elle souligne que « les éoliennes vont nuire à un habitat où évoluent des espèces protégées. Nous sommes à proximité d'un boisement riche en biodiversité avec 84 espèces d'oiseaux inventoriées et 17 de chauves-souris ». A une époque où la protection de l’environnement est essentielle, la faune, la flore et la biodiversité en général sont au cœur du sujet.
Plusieurs représentants d’associations apportent leurs témoignages dont les Hurle-Vents du Seudre, confrontés au même problème à Saint-Germain du Seudre, ou Vigi-Éole à Reignac : « L’important est de se regrouper et de mettre des restrictions dans les Plans Locaux d'Urbanisme ». Aux dernières nouvelles, « les éoliennes de Messac auraient une grosse capacité (4,2 MW) et celles de Baignes (3,3 MW) ».
Avec six éoliennes à Baignes, six à Chantillac, quatre à Messac, « certaines communes comme Bran vont être encerclées » souligne Emmanuelle Camilleri, élue de Léoville |
Stéphane Chedouteaud : « Il y a assez d'éoliennes en Charente-Maritime »
Responsable de l’Observatoire de l’éolien au Département, Stéphane Chedouteaud rappelle que « le Département souhaite que le déploiement de l’éolien, pris en compte dans la transition énergétique des territoires, soit maîtrisé et cohérent, sans saturation des paysages, sans encerclement des villages, tout en respectant la protection du patrimoine naturel et culturel. Nous voulons que la répartition soit équitable. A ce jour, nous avons fait un gros effort et maintenant, nous disons stop ». En effet, les éoliennes en grand nombre ne sont pas forcément bien accueillies par la population, « elles sont visibles à 20 km, font du bruit et clignotent la nuit ». L’élu a bien conscience que les investisseurs, allemands pour la plupart, entendent mener à bien leurs implantations. En face, le Département reste ferme et pour cause : « il y a assez d’éoliennes dans le 17. Mais il faut avoir à l’esprit que ce sont des sociétés puissantes ». Si nécessaire, le Département sollicite auprès de la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux (CAA) l’annulation de décisions d’autorisations préfectorales concernant les projets éoliens pour lesquels il a transmis un avis défavorable. Supervisée par le préfet, une instance a été créée entre les collectivités et les promoteurs afin de faciliter le dialogue.
Stéphane Chedouteaud estime que le Département doit avoir les coudées franches, tout en apportant son soutien aux associations. En Haute Saintonge, la majorité des maires de la CDCHS et son président Claude Belot sont opposés à l’éolien. Raphaël Georgon, maire de Vanzac, remarque la nécessité de prendre en compte la frange forestière du territoire : « en cas d’incendie, comment les secours peuvent-ils intervenir en présence d’éoliennes ? ».
Outre les actions qui peuvent être engagées par un avocat spécialisé, l’association encourage l'implication sur le terrain. C’est pourquoi elle demande à tous ceux que l’éolien interpelle de se rendre à la mairie de Messac (les horaires de présence du commissaire enquêteur suivent), on peut également envoyer un mail. Sensibilisé, Claude Belot a apporté sa contribution début mai. « Nous sommes mobilisés pour sauvegarder les paysages de cette région que nous aimons. Un projet éolien n'arrive pas tout seul, les maires et leurs conseils doivent apprendre à dire non » déclarent Bernard Largeau et Nol. Un pas a déjà été fait avec le jugement de la Cour d'appel de Bordeaux qui a demandé des compléments d'études sur lesquels porte la nouvelle enquête publique de Messac.
Aprévica espère que le Sud Saintonge échappera à l’installation d'éoliennes, dont les plus hautes mesureront bientôt jusqu'à 242 mètres. Doit-on s’attendre à voir pousser dans nos campagnes des turbines atteignant 300, voire 400 mètres de haut dans les décennies à venir ? La question est posée…
Réunion en présence de Bernard Largeau, Nol, Judith Rapet, Stéphane Chedouteaud, Yves Poujade, les membres du bureau d’Aprevica. |
• Mairie de Messac : Présence du commissaire enquêteur les lundi 22 mai de 14 h à 17 h, jeudi 1er juin de 14 h à 17 h, mardi 6 juin de 14 h à 17 h
Les observations pourront également être adressées par écrit au siège de l'enquête à l'attention du commissaire enquêteur, à la mairie de Messac le Bourg 17130 MESSAC. Elles seront consultables et annexées au registre d'enquête dans cette mairie, siège de l'enquête.
- par messagerie à l'adresse suivante : pref-participation-public@charente-maritime.gouv.fr
- sur le registre d'enquête dématérialisé suivant : https://www.registre-numerique.fr/parc-eolien-messac. Les observations et propositions du public transmises par voie électronique seront consultables sur le site internet de la préfecture.
L'info en plus
• Aprévica a fait le point sur les subventions qu’elle perçoit : mairie de Chartuzac 50 euros, Tugéras 50 euros, la CDCHS en attente (500 ?), mairie d’Expiremont pas de retour.
• Depuis que le projet lancé par la commune de Coux est connu du grand public (avec pose d’un mât pour mesurer la vitesse du vent), des habitants se mobilisent contre l’implantation de deux éoliennes dans la plaine, à proximité des communes de Tugéras, Saint-Maurice de Laurençanne, Chartuzac et Expiremont. Messac a rejoint le "combat" (4 éoliennes) ainsi que Vanzac, Léoville.
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