Point de vue de Pierre Dietz, membre de l'opposition et chef de file de la liste "Tous unis pour Saintes" après le dernier conseil municipal. Une réunion où de nombreux points ont été abordés et où l'on a assisté à des craquements au sein de la majorité entre Bruno Drapron et son ex adjointe à la culture, Dominique Deren
Pierre Dietz répond à nos questions :
• Pierre Dietz, le gros dossier de la Ville est l'aménagement du site Saint-Louis. Que pensez-vous des options prises par l'équipe de Bruno Drapron ?
Dans un article que vous avez récemment publié, vous évoquiez la réaction de Jean-Michel Mechain que je partage entièrement. Tout d’abord, pourquoi s’être privé des compétences de son association patrimoniale, l’ACMS ? C’est dommage et préjudiciable. En effet, il ne serait pas souhaitable que le schéma présenté aille vers un contournement archéologique. C’est un gisement extraordinaire d’un point de vue gallo-romain. De plus, le schéma directeur n’a pas été présenté aux services (Atelier du Patrimoine en l’occurrence) et de ce fait, il n’est pas partagé : c’est à mon avis une omission là aussi très dommageable.
Au hall Mendès France, l’équipe qui nous a exposé les différents scénarios était plutôt pertinente, mais j’avais l’impression qu’elle découvrait la ville et qu’elle essayait de nous faire percevoir l’importance du lien entre l’amphithéâtre gallo-romain, Saint-Eutrope et le site Saint-Louis : c'est à dire entre la ville haute Saint-Louis et la ville basse, Saint-Pierre.
De nombreuses problématiques doivent être encore abordées : celle liée au stationnement puisque nous avons une ville ancienne avec une écriture qui n’est plus adaptée au trafic urbain actuel (notamment dans le quartier Saint-Eutrope et devant le parvis de l’Eglise) ; celle liée à la vie des marchés ainsi qu’au devenir de la gare marchande.
La dernière est plus politique : Le projet ne peut pas se faire sans l’Agglomération, le Département et la Région. Les services de l’État ont toute leur place dans cet aménagement.
Pour finir, je trouverais très original et pertinent que Bruno Drapron réunisse les trois anciens maires, Bernadette Schmitt, Jean Rouger, Jean-Philippe Machon ainsi que Jean-Claude Classique qui a été président de la CDA, pour avoir leur ressenti, leurs sentiments, leurs perspectives : cela enrichirait encore plus le projet et permettrait de trouver un consensus, j’en suis persuadé. Notre patrimoine est une richesse incontournable, mais il est caché actuellement. Point positif à souligner : la consultation des Saintais qui est une très bonne initiative.
• Lors du dernier conseil, nous avons assisté au clash entre Dominique Deren et le maire Bruno Drapron. Quel regard portez-vous sur cet épisode qui a créé un malaise dans les rangs du conseil et dans l'assistance ?
J’avoue que j’ai eu du mal à comprendre une telle situation en public. Je me demande encore comment on peut en arriver à cette extrémité devant notre assemblée, d'autant que le conseil est retransmis en direct sur le site de la mairie. Nous n’avons eu que la version de Dominique Deren. J’ai pourtant posé la question à Bruno Drapron pour connaître la sienne. Il a tout simplement refusé de me répondre. Cette absence de réponse donne du crédit à la parole de Dominique Deren. Devant un conseil transformé en "jury", elle était bien seule. Cela montre qu’il est encore difficile pour une femme de s’imposer en politique face à un pouvoir incarné par le maire en la figure du « chef ». Dominique Deren a eu beaucoup de courage même s'il est vrai qu’elle a été très loin dans ses propos, surtout à la fin. En attendant, c’est ce qu’elle ressentait et je pense que maintenant, elle doit se sentir libérée...
• Votre point de vue sur l'installation d'une guinguette à la Palu comme au temps d'avant ?
Nous sommes très favorables à la mise en place d'une guinguette, mais la pointe de la Palu ne me semble pas être le meilleur endroit ou, en tout cas, le plus pertinent. Trop de nuisances sonores d’une part et, à mon avis, trop de contraintes environnementales d’autre part. Nous ne sommes plus au XXème siècle ! Par définition, une guinguette est au bord de l’eau. Le fleuve est long. Il y aura bien un lieu plus adéquat.
• Vous êtes élu de l'opposition depuis 2020. Comment vivez-vous cette situation qui n'est pas toujours confortable !
Je reste persuadé que l’opposition doit être et peut être une source de propositions. Mais pour l’instant, cela ne va pas comme je le souhaiterais. Ça doit être inhérent à notre culture française : l’opposition s’oppose ! Quand je fais des remarques positives, mes colistiers me le reprochent parfois et, bien évidemment, lorsque je fais des remarques plutôt négatives, c’est l’autre camp qui me le reproche ! Mais je ne changerai pas : quand les décisions sont positives pour la Ville et ses habitants, je continuerai à le dire. Nous avons cependant été associés à la commission des critères d’attribution des subventions aux associations. C’est Sabrina Chaborel qui siège pour notre groupe. C’est un premier pas.
• Comment se porte le commerce à Saintes alors que nous sommes en pleine crise sanitaire ?
Beaucoup de commerçants sont mécontents. Ils me l’ont fait savoir. Il y a le sentiment que la Ville est triste, peu animée, aseptisée, froide. Ce sont des adjectifs qui reviennent souvent dans les conversations. De plus, le fait que la cavalcade n’ait pas lieu cette année ajoute un sentiment de déception. Mais sur ce dernier point, la municipalité n’est pas responsable et nous sommes sous la menace du variant Omicron effectivement. Cependant, la ville de Royan a mis le paquet, Niort également. C’est donc possible ! En période de crise sanitaire, il faut savoir se réinventer.
• Pour conclure, revenons à la politique générale. Serez-vous candidat aux Législatives de 2022 ?
J’ai été sollicité et certains m’encouragent. D'autres font tout pour me décourager alors que je n’ai pas encore pris ma décision. Mais j’avoue que j’y pense ! Je ne me présenterai que si j’ai des réponses précises aux questions que je commence à me poser et à poser. Je ne serai pas candidat juste pour le plaisir de me présenter, pour que l’on parle de moi. C’est un pari, c’est un challenge politique certes, mais avant tout, c’est l’expression de mes convictions et de mon envie de représenter la 3ème circonscription Saintes/Saint-Jean d'Angély. Maire et député sont pour moi les deux plus beaux mandats. L’un défend son territoire au niveau local, départemental et régional ; l’autre le représente au niveau national. Au-delà de la vie législative et des votes à l’Assemblée Nationale, les deux peuvent avoir des actions très complémentaires et profitables aux habitants d’un territoire. Un député, c’est un trait d’union entre le local et le national.
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