La tour carrée de Montendre (© Nicole Bertin) |
Des visites de la ville sont organisées tous les jeudis à 15 h par l'office de tourisme (une fois par mois en partenariat avec l'office de tourisme de Jonzac). Guidées par la souriante Amy, elles conduisent les visiteurs des halles à la tour carrée et son joli musée (objets du XIXe et de la première moitié du XXe siècle, sur une idée initiale de M. et Mme Renaud). Cette balade se termine par une dégustation de produits du terroir chez Charlène, une jeune femme dynamique qui a ouvert "le Cha'bernet" (cave à manger et à vins) près des Halles.
Les trois collines de Montendre
Lorsqu'on évoque le Sud Saintonge, l'expression des "Trois Monts" est couramment utilisée, les villes de Montendre, Montlieu et Montguyon se trouvant sur des hauteurs. Néanmoins, elle pourrait s'appliquer à Montendre uniquement pour une raison géographique : le site comporte trois collines élevées (à 260 mètres au dessus du niveau de mer, d'après Rainguet). Celle du château, visible loin à la ronde, conserve les témoignages de constructions anciennes ; celle du calvaire surplombe l'actuelle avenue de Royan, enfin celle située « entre les deux » accueillait en son sommet des moulins qui tournaient allègrement au temps d'avant. Cette imposante masse de terre est masquée par les hautes maisons construites dans le secteur de la place des Halles et la Grand'Rue. Il suffit de prendre la rue du Calvaire pour être convaincu de sa présence ! L'actuelle rue des Jardins était l'ancienne voie d'accès à Montendre avant le XIXe siècle.
Le gardien emblématique de la ville est la Tour Carrée qui veille à ses destinées. De cet endroit stratégique, la vue sur "Montendre les Pins" est imprenable et s'il fait beau, on peut même apercevoir l'estuaire.
Les forêts de résineux, qui se perdent à l'horizon, remontent à Louis Philippe. Les tempêtes les ont malmenées, mais le commerce du bois reste important et les plantations se poursuivent. Antérieurement, poussaient taillis et bruyères. En prenant la direction de Jonzac, le nature du sous-sol évolue. A l'argile, succèdent des terres calcaires propices à la culture des céréales et de la vigne.
Occupation romaine, guerre de cent ans, combat des chevaliers anglais et français, guerres de religion…
Montendre fait partie des lieux habités depuis la plus haute Antiquité. En l'état actuel des recherches, nous ignorons si elle fut peuplée, comme Saint-Césaire, par des contemporains de "Pierrette", cette néandertalienne qui côtoya l'homo sapiens ! Par contre, elle fut gauloise, puis gallo-romaine. Un castrum y avait été installé sur l'ancienne voie allant de Fronsac à Rouffignac et Petit Niort (près Mirambeau). Son nom découlerait du légionnaire militaire qui commandait le site : Mons Andronis (traduire le mont d'Andron). Au cours des siècles, les désignations varient allant de Montander, Montandrum, Montandre pour devenir le Montendre que nous connaissons.
La ville primitive s'étendait au pied du château. En cas d'attaques, les habitants trouvaient refuge dans l'enceinte qui les protégeait des assaillants.
« Autrefois, l'église était entourée du cimetière et elle se trouvait en dehors de la ville. Le secteur des Brouillauds n'était qu'un hameau isolé » expliquent les historiens.
Durant la Guerre de Cent ans qui commença en 1337, Montendre fut alternativement anglaise et française (de même que Saintes, Mirambeau). La faute à Aliénor !
Montendre compte trois collines. Sur l'une d'elles, le calvaire |
On raconte qu'après leur triomphe, les vainqueurs allèrent rendre grâce au Seigneur dans l'église Saint-Pierre de Montendre. Cette affaire ne bouta pas les Anglais hors de la place montendraise. En 1452, Jean de Brosse reprit la ville de haute lutte. Furieux, il rasa le château à l'exception des tours (elles pouvaient toujours servir). Humiliés, les Anglais répondirent peu de temps après. Ils massacrèrent la population et brûlèrent leurs habitations... avant de déguerpir à l'approche de Charles VII. Inutile de vous décrire les conditions de vie à cette époque : à moins d'être soldats, elles étaient misérables.
La paix finit par revenir, mais pas pour très longtemps. En 1562, les guerres de religion firent rage entre Catholiques et partisans de la Réforme.
La place montendraise, tenue par les Rochefoucauld, était protestante. Plusieurs églises de la châtellenie furent alors pillées et démolies. En rétablissant la paix religieuse, l'Edit de Nantes mit un terme aux agitations qui troublaient les campagnes.
Les historiens rapportent qu'en 1587, Henri IV en personne vint coucher au château de Montendre, propriété d'Isaac de la Rochefoucauld. Il était le fils de François de la Rochefoucauld qui l'un des principaux chefs calvinistes en Saintonge.
Le XVIIe siècle fut, ô bonheur, plus clément ! Par contre, la fin du XVIIIe siècle fut à nouveau mouvementée. Pendant la révolution, deux Montendrais eurent la peur de leur vie. Les sieurs Ribot et Bouyer, dénoncés par le comité de Salut Public, furent incarcérés et finalement sauvés in extremis par le 9 Thermidor qui entraîna la chute de Robespierre.
Aux XIXe et XXe siècles, Montendre changea de physionomie et entra dans la modernité économique. Ces époques ont été, elles aussi, marquées par les guerres (les première et seconde guerres mondiales en particulier).
Du château ancien, il ne subsiste aujourd'hui que la Tour carrée, la Tour ronde (où apparaissent d'intéressants graffiti) et les ruines d'une maison bourgeoise édifiée en 1751. Restaurés, une cave voûtée et un escalier de pierre valent le détour. L'entrée à la Tour Carrée a fait l'objet d'une réfection.
Vue de Montendre à partir du château |
Les travaux réalisés au XIXe siècle
furent considérables
Les travaux réalisés à Montendre au XIXe siècle ont été importants. Jadis, accéder à Montendre était périlleux pour les attelages en raison des fortes "côtes". Les maires comprirent qu'il était urgent, afin de faciliter les échanges commerciaux, de transformer le "paysage".
Aux entrées d'agglomération, des rampes furent constituées. Le principe était simple : en augmentant la longueur, on diminuait la hauteur. Ainsi disparaissait l'impression de grimper ! Ces voies sont l'actuelle Avenue de Royan et la route de Saint-Savin. Du côté du Champ de Foire par exemple, le terrain fut rehaussé de trois mètres.
Tous ces chantiers furent réalisés à la main. La différence de niveau est visible au puits des chandelles qui alimentait en eau les riverains. Devenu trop bas par rapport à la nouvelle route, on le coiffa d'un chapeau de pierre qui le remit à hauteur.
L'économie devint prospère. Outre l'agriculture environnante, les commerces étaient florissants et les foires (dont la Saint-Martin, le 11 novembre) drainaient bon nombre de villageois.
Le premier marché aux porcs, situé au pied du château (où se trouve le Temple) fut transféré sur la place en bas de rue du Nord. Celui aux bestiaux se tenait à l'emplacement du champ de foire actuel.
Au début du XXe siècle, Montendre était desservie par le train Paris-Bordeaux et la ligne économique Mirambeau Saint-Aigulin. Elle possédait la feu électricité ! Les auberges et hôtels étaient légion. On imagine facilement la vie grouillante de cette bourgade rurale.
Les halles étaient un lieu de commerce et d'échanges. Reconstruites en 1863, elles faillirent être détruites en 1974 pour céder la place à un parking. Une consultation publique (vote des habitants) trancha cette épineuse question : elles resteraient où elles étaient ! Tant mieux car elles auraient forcément été regrettées...
La charpente actuelle des halles (on prétend que des morceaux de la vieille halle sont visibles dans les bâtiments actuels du golf qui fut autrefois la propriété de M. Marchand, maire de Montendre) |
Carte postale ancienne des halles |
Au fil des années, la cité s'est agrandie avec la création de vrais quartiers. L'essor du rail est à l'origine de la longue avenue de la République.
Dans le passé, Montendre tirait sa richesse de l'exploitation du bois, des tuileries, des faïnceries, des fabriques d'étoffes, etc. Au XXe siècle, les grandes usines de Montendre étaient la CEC et Morgan Thermic. Les difficultés que rencontrèrent ces deux entreprises par la suite aboutirent à leur fermeture. Un rude coup pour l'emploi local.
Il fut un temps où Montendre était la rivale de Jonzac. Aujourd'hui, l'écart s'est creusé pour une raison simple. Les grandes infrastructures de Jonzac (Antilles, médiathèque, futur centre des congrès), à l'exception des Thermes gérés par la Chaîne thermale du soleil, découlent de la manne financière de la Communauté de Communes de Haute Saintonge que préside Claude Belot… maire de Jonzac. On dit qu'il n'est jamais trop tard. Montendre disposant de nombreux atouts et d'un maire devenu sénateur, elle a une véritable carte patrimoniale à jouer !
Sculpture du Minotaure réalisée durant l'été (clin d'œil au futur labyrinthe). Dommage que plusieurs sculptures aient déjà été vandalisées, ce qui pose le problème de la surveillance du site... |
Musée de la Tour carrée (ouvert uniquement dans le cadre des visites de l'Office de Tourisme) |
Très sympa, ce musée ! |
Le dolmen de Montendre (en bas du château) |
Exposition de métiers d'art sous les halles (ouvert tous les jours, dimanche matin inclus) |
Un chantier Solidarités Jeunesse commencera la semaine prochaine afin de réparer une partie mur d'enceinte du château |
Le château eut plusieurs propriétaires dont la famille de la Rochefoucauld. Au début du XIXe siècle, il était habité par le marquis de Brosse. « Chaque dimanche, en culottes courtes, guêtré de droguets et en sabots, il se rendait à la messe où il accompagnait les chants au violon » dit-on.
Autrefois, sur la colline située derrière l'actuelle rue du Marché bordée par des immeubles, existaient deux moulins auxquels on accédait par des chemins étroits et abrupts. En face, on remarque le calvaire, un autre "promontoire" montendrais.
Ce qui reste de l'ancien logis qu'occupa le marquis de Brosse... |
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