Rencontre avec ce chef de la nouvelle cuisine nordique, visionnaire du concept "de la ferme à la table", soucieux d'une alimentation saine, respectueuse du consommateur et de la nature qui l'entoure.
Mercredi après-midi, Claus Meyer a fait étape à la Galerie, chère à Clarissa Schaeffer (© Nicole Bertin) |
Si Claus Meyer venait à y ouvrir un restaurant, l'aubaine serait grande pour ce port de Gironde qui possède une citadelle édifiée par Vauban. Magnifique promontoire surplombant l'estuaire de la Gironde. S'y ajoutent les vestiges du château des Rudel, famille qui compte dans ses rangs un troubadour fameux, et la sépulture de Roland, neveu de Charlemagne, en la basilique Saint-Romain. La cité a de beaux atouts, patrimoniaux et touristiques, qu'elle valorise en prenant son temps. Un coup de projecteur médiatique générerait une dynamique ! Claus Meyer peut l'incarner…
L'hôtel Bellevue, à la sortie de Blaye |
Il est proche des investisseurs américain et danois, David Kaye et Mickaël Ingemann, qui viennent d'acquérir Bellevue, un ensemble hôtelier qui a connu ses heures de gloire au XIXe siècle avant de fermer ses portes en 2007. De l'artère principale, impossible de le manquer : fier de ses trois étages, il trône sur deux rues ! Il pourrait reprendre du service en 2018, les travaux étant importants. David Kaye espère que Claus Meyer acceptera de participer à l'aventure. Lequel réfléchit à la proposition et précise « qu'il n'est pas propriétaire des murs comme il l'a entendu ». Il est vrai que les rumeurs circulent vite.
Une "aubaine" pour la ville de Blaye si Claus Meyer venait à ouvrir un restaurant (© Nicole Bertin) |
A gauche, David Kaye, l'un des propriétaires de l'hôtel Bellevue |
Claus Meyer a de nombreuses cordes à son arc. Comment en est-il arrivé là ? Le destin, le karma sans doute !
Professeur agrégé des sciences de l'alimentation à l'université de Copenhague, il a ouvert des restaurants, rapidement reconnus. Esprit en perpétuel mouvement, il s'est investi dans moult disciplines gravitant autour de la restauration, entre les grandes tables où il accueille une clientèle aisée, et les actions humanistes visant à associer les producteurs et ceux qui pensent, généralement, qu'on ne fera pas appel à eux . Il écrit aussi. Cette attitude altruiste a une explication. Durant sa jeunesse, il a séjourné en France chez un boulanger dont il garde un souvenir extraordinaire : « cette famille était comme la mienne. J'y ai découvert les spécialités régionales et les méthodes traditionnelles de cuisine » avoue-t-il. Facilité de contact et "curiosité" ont donné à Claus Meyer la perception sensible des équilibres. Pour lui, le lien que façonne l'univers culinaire doit être fédérateur et solide aux épreuves !
Avoir avoir créé Noma au Danemark, reconnu "meilleur restaurant au monde" (où sont servis des vins de Loire entre autres), il s'est investi en Bolivie avec l'ouverture d'un restaurant gourmet Gustu et des cafétérias. Il démontre qu'on peut travailler sur des strates différentes avec le souci de proposer une cuisine naturelle de qualité.
En juin, il a inauguré à New York les restaurants Great Northern Food Hall et Agern dans le Grand Central Terminal. « Noma est un restaurant à l'ambiance conviviale, une sorte de ferme auberge moderne où les hôtes attendent des invités à déjeuner ou à dîner » explique-t-il. A NYC, il éclaire la cuisine nordique, en partant du principe que les établissements doivent refléter leur personnalité : « comme en peinture, chaque table a sa propre signature ». Aux Etats-Unis par exemple, l'équipe conjugue gastronomie et philosophie avec une cuisine légère et « radieuse » (dont des menus végétariens) accompagnée de vins récoltés sur le sol américain : « ils ont été sélectionnés par un sommelier qui a déployé tout son art ».
Claus Meyer invente, compose et les "étoiles" suivent ! « Notre objectif est que chaque restaurant chante de sa propre voix ! ». Dans ces conditions, souhaitons à Blaye d'avoir un jour entre ses murs une étape gastronomique "Claus Meyer" qui privilégiera les produits du terroir (asperges de saison, cèpes, caviar, viandes produites dans la région et bien sûr poisson) ! La rénovation de l'hôtel Bellevue, qui appartenait précédemment à un Sud Africain, nécessitera au moins deux ans. L'établissement comprendra des chambres et une brasserie avec une baie donnant sur l'estuaire, le port et la citadelle. David Kaye admet en riant « qu'il est tombé amoureux du Bellevue quand il l'a découvert ». Et Claus Meyer d'ajouter : « Quand je m'installe dans un lieu, c'est pour y apporter de la joie, du bonheur ». De la fraternité aussi. Geste joint à la parole : il lève son verre de Côtes de Blaye à la santé du public venu le saluer. Le regard bleu de Clarissa s'éclaire, Leslie savoure ce moment de partage. L'assistance applaudit tandis les musiciens font monter l'ambiance déjà haute en couleurs.
Le verre de l'amitié proposé par la Galerie, rue Saint-Simon |
Ambiance conviviale chez Clarissa et Leslie |
Claus Meyer à Blaye dans le jardin de la Galerie aux côtés de créations diverses et variées (© Nicole Bertin) |
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