vendredi 15 mai 2015

Suite et fin du 4 x 4 BMW :
Jean-Philippe Machon, maire de Saintes,
« assume personnellement son erreur »
tout en soulignant qu’il n’y a pas eu
d’enrichissement personnel

Depuis plusieurs jours, le maire de Saintes vit ce que l’on pourrait appeler « l’épreuve du feu ». Elu depuis mars 2014, il découvre ce qu’est le mandat de maire et les écueils à éviter. Le dernier en date a été relayé par la presse nationale. Il se serait bien passé de cette publicité, d’autant que les membres de son équipe ont exprimé tout haut ce qu’ils pensaient de lui tout bas. 

Jean-Philippe Machon explique sa position aux journalistes
« De quoi s’agit-il ? » est la question à un euro puisque tout le monde connaît la réponse : la mairie de Saintes a racheté l’ancien véhicule de fonction de Jean-Philippe Machon quand il travaillait chez Nexans. 25000 euros pour un 4 x 4 BMW X3L’affaire a fait des remous : pour cette somme, le code des marchés publics s’applique et le premier magistrat, manifestement, ne l’a pas pris en compte. De plus, ses adjoints, dont celui des finances, ont déclaré qu’ils n’étaient pas au courant de l’acquisition, « sinon, ils l’en auraient dissuadé ».


Des manifestants ont sorti leurs slogans 
C’est dans cette ambiance un peu délétère que les élus de la majorité saintaise se sont retrouvés cet après-midi pour s’expliquer avec Jean-Philippe Machon, lequel est arrivé aux alentours de 17 h en Mégane. Vers 18 h, devant les grilles, des manifestants  - 200 environ - ont dit combien ils étaient mécontents de « ce grand déballage de printemps ». Les uns, de sensibilité de gauche, avaient toutes les raisons pour critiquer le maire en exercice, « il n’est vraiment pas tout terrain »  soulignait l’un d’eux en référence à son véhicule. Les autres faisaient une analyse à partir de faits ayant existé. Et de replonger dans la période des municipales qui fut pour le moins agitée.
Pendant que dans la salle du conseil, les élus devaient laver leur linge sale, à l’extérieur, de nombreuses personnes s’étaient donné rendez-vous malgré le temps frisquet de ce jeudi de l’Ascension. La télé, RTL étaient sur les lieux et l’attente se prolongeait. C’était l’occasion de faire un brin de causette, de formuler des critiques sur la situation, des « je m’en doutais », des pronostics sur la démission de Jean-Philippe Machon et des remarques sur la virulence de ses adjoints à son égard. « Ils ont tiré sur lui à boulets rouges » remarquait un participant, inquiet quant à l’esprit d’équipe. Son voisin répondit que dans la perspective des Régionales ou des Législatives, se désolidariser du maire pouvait être stratégique.

Devant la grille de la mairie, les membres de l'opposition dont Isabelle Pichard
Et Michelle Carmouse du parti communiste

Bref, journalistes et manifestants en étaient là à attendre, quelque peu refroidis par les Ides de Mai qui avaient l’avantage de chasser la morosité ambiante. L’heure tournait. Bientôt, la cathédrale Saint-Pierre sonna 19 heures et l’on s’interrogea sur la signification de ce long tintement : aurait-il une résonance avec « qui sonne le glas » ? En effet, une question était sur toutes les lèvres : Jean-Philippe Machon allait-il quitter ses fonctions ?

L'attente de la presse
Un peu avant 20 h, Loic Pelloud, chef de cabinet du maire, fit entrer les journalistes dans une pièce et leur demanda d’y attendre Jean-Philippe Machon, lequel ferait une déclaration… mais ne répondrait pas aux questions (décision qu’il tint au grand dam de la presse nationale). 
Les voilà parqués, certes au chaud, mais dans la perspective pressante d’entendre le premier magistrat. Ecrivait-il son communiqué ? Lorsqu’il fit son entrée, Jean-Philippe Machon salua les participants avec cette maîtrise qu’acquièrent les hommes d’expérience qui savent faire face aux situations difficiles. Etait-il ému ? On l’ignore. Toujours est-il qu’il a joué la carte de la sincérité. 

Explications 

Il précise tout d’abord que l’achat du fameux 4 x 4 ne correspond en aucun cas à un enrichissement personnel : « ce véhicule ne m’a jamais appartenu, je le conduisais en tant que véhicule de fonction. J’ai souhaité que la mairie en fasse l’acquisition parce qu’il était d’occasion et que la ville pouvait alors faire des économies. J’ai fait une erreur de procédure. Je suis conscient de l’énorme émotion et de l’émoi que cet événement a suscité chez les élus saintais, dans les services et la population. J’en suis absolument désolé. Cette erreur qui m’incombe personnellement, j’en assume la responsabilité. En conséquence, j’ai décidé de racheter le véhicule à titre personnel ». 
Jean-Philippe Machon a été bref et persuasif. Suffisamment pour montrer que les problèmes avec son camp étaient résolus. En apparence en tout cas. Il n’en a pas dit plus, ne souhaitant pas s’étendre devant la presse. Laquelle est restée sur sa faim. Les rares adjoints alpagués ont abondé dans son sens. Liliane Arnaud, par exemple, a simplement déclaré que les éclaircissements apportés par le maire avaient permis d’apaiser les tensions.

Liliane Arnaud, discrète
Que faut-il en conclure ? La casse et les démissions ont été évitées. Les adjoints, virulents quelque temps auparavant, sont apparemment rentrés dans le rang. Des instances supérieures leur auraient-elles conseillé de retrouver la sérénité ? Il n’est pas interdit de le penser. En effet, Saintes est dans le bastion de la majorité départementale, que préside Dominique Bussereau, et toute agitation serait préjudiciable. 
L’explication de presque trois heures entre les membres du conseil aura sans doute un effet bénéfique : poser les problèmes (on reproche à Jean-Philippe Machon de faire cavalier seul) permettra de décontracter les relations. A moins que cette histoire ne laisse des séquelles. Seul l’avenir nous le dira !
La Gauche, quant à elle, est insatisfaite de la suite des événements. Elle envisage dès demain de déposer un recours devant la Cour des Comptes. Avaaz.org (pétitions citoyennes) demande d’ailleurs la démission du maire de Saintes. Ce soir, 159 signatures avaient été recueillies.

Mobilisation devant l'hôtel de ville

Pierre Maudoux devant la caméra
Julien Papineau et Pierre Maudoux, candidat aux municipales de 2014

Jean-Philippe Machon repart (en tant que passager) dans le 4 x 4 BMW, l'objet de toute cette histoire...
Des manifestants sont restés pour connaître la décision du maire. Il est presque 21 h...
Reportage/photos Nicole Bertin

1 commentaire:

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