Achat d’un 4 x 4 BMW par la mairie de Saintes : « Une voiture normale, Scenic ou Mégane, serait suffisante aux déplacements de J.P. Machon » estime un adjoint

En crise, les élus de la majorité se réuniront en fin de journée

Au départ, il y a l’acquisition par la mairie de Saintes de l’ancien véhicule de fonction du premier magistrat actuel, Jean-Philippe Machon, lorsqu’il travaillait pour le groupe Nexans. Il l’aime bien, manifestement, puisqu’il a tenu à le conserver en le faisant racheter par la collectivité. On peut le comprendre. Il s’agit d’un modèle élégant, un 4 x 4 BMW X3 qui coûte entre 42000 et 61000 euros neuf selon les équipements. 

Jean-Philippe Machon, maire de Saintes

Plutôt que d’opérer sur ses deniers personnels (et se faire rembourser des frais de déplacement par la suite), il a choisi d’impliquer directement la mairie, donc l’argent des contribuables. C’est là que le bât blesse. L’ensemble entouré d’une sorte d'omerta puisque le conseil municipal n’a reçu aucune information. 

Cette situation place certains adjoints dans une position délicate : « Depuis que l’affaire a été étalée au grand jour dans la presse, jusqu’au Figaro, on se fait engueuler. Les gens nous interpellent dans la rue alors que nous n’y sommes pour rien » déplore l’un d’eux. Et d’ajouter : « les services avaient alerté Jean-Philippe Machon sur le caractère illégal de cet achat. En effet, au dessus de 15000 euros (la voiture en coûte 25000), on ne peut pas procéder de gré à gré. La mise en concurrence est nécessaire ». Dans le cas précis, la somme étant plus importante de 10000 euros, respecter les règles du code des marchés publics était une sage précaution. 

« Il a engagé seul la responsabilité de la ville » souligne Frédéric Neveu. L’adjoint aux finances est déconcerté : « je suis chargé des comptes et je n’avais pas été averti. Comment être crédible en de telles circonstances ? Quant aux services, ils ont fait leur travail en alertant le maire sur la marche à suivre. Ils ont rédigé des notes. Il est passé outre ». Pire, les mauvaises langues prétendent que Jean-Philippe Machon aurait demandé auxdits services de rester bouche cousue. Ce que dément l’intéressé : les services auraient dû être plus réactifs au contraire, lui évitant ainsi l’embarras dans lequel il se trouve.

Frédéric Neveu, adjoint aux finances

Frédéric Neveu est d’autant plus « gêné » que si le dialogue avait été ouvert, lui et ses collègues auraient pu faire changer d’avis le maire  : « Nous lui aurions conseillé d’acheter le véhicule à titre personnel. Il pouvait le faire ! Il est vrai que le parc auto de la ville est vieillissant et qu’il doit être renouvelé. Il me semble qu’une voiture normale, Scenic ou Mégane, serait suffisante aux déplacements du maire de Saintes ». Ce 4 x 4 serait l’un des plus chers après la Porsche Cheyenne ! Le sujet est d’autant plus sensible que le maire vient de demander aux associations de faire des économies, qu’il a rogné sur les subventions des centres sociaux… tout en augmentant ses indemnités de fonction à la CDA de 30%. A l’époque, cette décision avait surpris des membres de l’équipe qui l’avaient dit publiquement, « mais ils n’allaient pas créer un clash alors qu’ils venaient juste d’être élus ». Un édile regrette également que le maire n’ait pas tenu ses engagements quant à son départ à la retraite professionnel : « il avait annoncé, voire promis, que ce serait le 1er janvier 2014 et il n’a été effectif que le 1er janvier 2015 »… 

Et maintenant ? Les élus de la majorité se retrouveront dans l’après-midi pour envisager la marche à suivre. Tous espèrent que Jean-Philippe Machon (qui a contacté les uns, mais pas les autres) sera présent pour s’expliquer. Cette réunion, bien entendu, n’est pas ouverte à la presse, mais on peut déjà en imaginer le ton.

Jean-Philippe Machon pourra compter sur des soutiens : pour eux, le maire a agi par méconnaissance et serait prêt à faire amende honorable. Plusieurs adjoints souhaitent qu’il présente des excuses publiques tant au conseil municipal - majorité et opposition - qu’aux habitants. « Aujourd’hui, Jean-Philippe Machon n’a pas d’autre choix que de tirer les conséquences de ses actes » remarque Frédéric Neveu.

Trois hypothèses se dessinent : soit la démission du maire si aucun terrain d’entente n’est trouvé ; soit la démission des adjoints « désolidarisés » s’il reste en place. On peut aussi imaginer que le climat va se détendre, les choses rentrant calmement dans l’ordre. « Ce n’est qu’une tempête dans un verre d’eau. Qui veut la peau de Machon ? » écrit un blogueur tandis qu’un autre ironise « sur le prix élevé du carrosse ! ». 

Attendre et voir…