Jusqu’au 23 mars, le cloître des Carmes de Jonzac accueille un voyage aux sources, entre ciel et terre, façonné par une artiste charentaise à la belle sensibilité.
Ses yeux bleus s’animent quand elle parle de l'art. Elle a tant de choses à dire sur sa manière de travailler, d’ouvrir les portes du temps et de glisser des billets d'où au cœur de la toile.
Ses toiles ? Elle ne les veut pas statiques, c’est pourquoi elle leur invente des formes qui se soulèvent au vent léger. Son support bois entoilé est difficile à obtenir : « Il s’agit d’encoller la matière qui va recevoir la peinture à l'huile ». Malgré la complexité, le résultat est là ! La surface vierge se peuple doucement de motifs, de reliefs qu’elle-même n’avait pas imaginés initialement. « Il y a trois étapes dans la création : l’ébauche, le corrigé et ce moment particulier où apparaît une autre dimension. On a l’impression de partir vers la grande bibliothèque de l’univers » explique-t-elle.
Ses tableaux sont–ils oniriques ? Elle n’aime pas ce qualificatif. « Il y a beaucoup de vécu à l'intérieur, c’est pourquoi ils n’appartiennent pas aux rêves. Je peins ce que l’on ne peut pas voir, des couleurs en mouvement ». C’est pourquoi les visiteurs sont souvent attirés par une œuvre précise, celle qui suscite leur émotion.
Le travail de Chantal Dislaire-Alexandre se situe entre la peinture et la sculpture, c’est pourquoi elle nomme son cheminement « peintures structurelles ».
Aucune ne se ressemble. Le regard s’attarde sur la roue éclectique qui permet de choisir, selon son humeur, l’harmonie, la cascade, les bateaux ou la corbeille de fruits. Dans un autre décor, se trouve une échelle qui grimpe le long d’un mur en Afrique du Nord. « Chaque détail est un souvenir. L’enfant qui travaille à la sauvette, l’ambiance, l’homme qui marche ». En tendant l’oreille, on entendrait presque les bruits de la rue.
Ses compositions ont une particularité, elles sont uniques ! Chantal aurait-elle trouvé son inspiration dans son enfance passée à Jonzac où son père tenait la quincaillerie du marché ? Par la suite, sa famille s’est installée à Angoulême. Elle s’est mariée, a eu trois enfants, une fille violoniste, un fils musicien, un autre informaticien. Elle a vécu en Bretagne où elle a enseigné le dessin aux enfants et la voici revenue en terre charentaise, à Ruelle.
Proche des autres, elle rappelle les vertus du monde artistique, un croquis étant parfois plus parlant qu’un témoignage. Chantal Dislaire-Alexandre a cela d’étonnant qu’elle traverse les miroirs de la mémoire avec une infinie tendresse. Jamais seule, toujours en tendant la main. C’est là que réside sa force.
Nicole Bertin
• Exposition jusqu’au 23 mars inclus du mercredi au dimanche de 15 h à 18 h. Entrée libre.
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