Il y a 50 ans que l’orgue de la cathédrale Saint Pierre a connu sa première restauration, sous l’impulsion de Marie-France Rouchette. Installé au XVIIe siècle, cet instrument surplombant la nef est une pièce maîtresse du patrimoine saintais, “l’un des plus beaux d’Europe“, selon les spécialistes.
Du clavier initial comprenant sept registres, il dispose aujourd’hui de 2570 tuyaux. Depuis 1997, l’organiste qui veille à ses destinées est Cédric Burgelin.
Dimanche, il a offert au public un magnifique concert.
Cédric Burgelin a travaillé avec les plus grands maîtres de l’orgue : Gaston Litaize, Michel Chapuis, Michel Bouvard et Olivier Latry, organiste titulaire de Notre Dame de Paris.
Quand l’orgue s’anime en la cathédrale Saint Pierre, le visiteur est impressionné. Levant le regard, il aperçoit une composition architecturale immense. Un assemblage étrange de tuyaux monte vers le ciel, qu’accompagnent des sculptures. Un ange chante les louanges du Créateur, le roi David joue de la harpe, des cornes d’abondance rappellent l’opulence du XVIIIe siècle. Magnifié par le souffle, l’air s‘emplit de vibrations qui conduisent sur des chemins où l’esprit, enfin libéré de ses chaînes, peut vagabonder dans les méandres du temps.
Le musicien qui accompagne cet instrument remarquable de complexité est Cédric Burgelin. Dimanche dernier, il fêtait ses dix ans de complicité avec ce “compagnon“ hors du commun. Un large public avait répondu présent aux côtés de Monseigneur Housset, évêque de La Rochelle et Saintes, de l’abbé Jean-Pierre Samoride, doyen de Saintes, vicaire général, du père Émile Braud, curé de Jonzac, de Jacques Baclet, Anne-Marie Molinié et Linette Billié, adjointe chargée de la communication.
Âgé de quarante ans, Cédric Burgelin est l’un des plus jeunes organistes de France. Sa personnalité est originale.
À l’occasion de cet anniversaire, il salua la venue au monde de ses quatre enfants, Corian, Clélie, Célio et Solveig, par des morceaux finement interprétés : “berceuse et variations“ de Brahms, “clair de lune“ de Louis Vierne, “l’enfant s’endort“ de Schumann… sans oublier un “Épilogue“ offert à son maître Gaston Litaize. En seconde partie, Bach, Vivaldi en duo avec Mme Fillioux, Widor, Léon Boellmann figuraient au programme.
À l’abbé Jean Pierre Samoride, il dédia le “Veni Creator“ de M. Durufle. En ce dimanche de Pentecôte, l’assistance est tombée sous le charme, consciente de vivre un moment inoubliable avec “l’âme au bout des doigts“.
Dans un discours émouvant, l’abbé Samoride rendit hommage à Cédric Burgelin « plus artiste que carriériste » : toute la communauté souhaite le garder longtemps à Saintes !
Avec le soutien de la fondation Carla Bruni Sarkozy
Organiste de la cathédrale Saint Pierre, conseiller technique et artistique de la ville de Jonzac, Cédric Burgelin enseigne les subtilités de l’orgue aux élèves du Conservatoire de Saintes.
Avec l’association Patrimoine et Culture en Saintonge qui a reçu le soutien de la fondation Carla Bruni Sarkozy, il donne de nombreux concerts dans la région et s’implique auprès des scolaires. La municipalité de Jonzac lui a confié la rénovation de l’orgue de l’église Saint Gervais ainsi que la mise en place d’un programme de sensibilisation des jeunes au piano, au clavecin et à l’orgue.
« Un orgue, selon lui, c’est une belle mécanique dont il faut régulièrement faire le diagnostic » soulignent ses amis Jacques Baclet et Anne Marie Molinié.
La Charente-Maritime compte cinquante-deux orgues, donc vingt-six de prestige. Cédric Burgelin a proposé au Conseil général de faire régulièrement un audit de ces instruments, tout en initiant les enfants (primaires et collèges) aux trois claviers.
Autour de l’orgue de Saint Pierre, un réseau d’actions culturelles et musicales se met en place. Soucieux de partager son savoir, Cédric Burgelin démontre que l’orgue, par la variété de ses sons, embellit la vie. Loin d’être inaccessible, il est proche de chacun d’entre nous. Il ne camoufle pas, par du bruit, la solitude des hommes en leur donnant à entendre ce qu’ils croient être de la musique, comme l’écrit Jacques Attali en évoquant d’autres modes d’expression. Il sublime l’espace : le vent souffle où il veut, et tu entends la voix, mais tu ne sais ni d‘où il vient, ni où il va…
• À découvrir sur internet : les orgues de Charente-Maritime et Cédric Burgelin sur le site de la Fondation Carla Bruni Sarkozy.
• L’orgue de Saintes dispose de 36 instruments, celui de Jonzac de 14. Dans l’orgue, l’émission sonore est assurée par des tuyaux qui reçoivent, à leur base, l’air sous pression (le vent) venant du sommier. Le plus souvent, les tuyaux ont une position verticale ; ils peuvent aussi être disposés horizontalement (disposition en éventail dite “en chamade“ souvent usitée en Espagne).
Chaque tuyau émet un seul son de hauteur et de timbre déterminés. La hauteur du son émis par un tuyau dépend essentiellement de sa longueur et le timbre dépend de plusieurs paramètres qui sont sa forme, sa matière et le mode de production du son (anche ou bouche, respectivement comparables à la clarinette et à la flûte).
Installé sur une tribune dominant la nef, l’orgue de Saintes a été installé dans la cathédrale en 1626. Œuvre du poitevin Jehan Ourry, il a fait l’objet “d’améliorations“ au XVIIIe siècle. Les dimensions du buffet sont de plus de 3 mètres de hauteur sur 6,20 m de largeur et 1,60 m de profondeur. L’orgue se caractérise par un décor rocaille comprenant une statue du roi David jouant de la harpe. Le buffet a été classé monument historique en 1943 et l’orgue en lui-même l’est depuis 1973. Sa première grande restauration remonte à 1960. Elle s’est poursuivie en 1975 avec Alain Pacquier, président du Festival de Musique Ancienne. L’inauguration a eu lieu en 1995. Les organistes qui ont précédé Cédric Burgelin sont Marie France Rouchette et Thierry Semenoux.
• Son maître, Gaston Litaize
La passion pour l’orgue de Cédric Burgelin remonte à sa prime jeunesse. Sa famille, qui vit à La Rochelle, est musicienne. Il danse avec sa sœur « quand son père joue du piano ». À son tour, il étudie cet instrument avant de choisir l’orgue. « Mon père m’a alors acheté un orgue à un seul jeu que nous avons installé dans une grande pièce » se souvient-il.
Adolescent, il hésite quant à la voie à emprunter : « j’ai même voulu être pasteur » dit-il. Il opte pour le métier d’éducateur et s’inscrit en psychologie. C’est sans compter sur le hasard, l’orgue n’étant jamais éloigné de son existence !
Lors d’un concours organisé à La Rochelle où il obtient la médaille d’or, un membre du jury, Gaston Litaize, lui parle d’avenir. Séduit par la qualité de sa prestation, il lui demande de l’accompagner à Paris.
Le jeune homme accepte de rejoindre le Conservatoire National Supérieur. Les journées y sont bien remplies et la sélection est sévère. Cédric Burgelin y trouve un épanouissement qui le conduit à la réussite. Il remporte deux premiers prix, orgue et basse continue, à l’unanimité du jury, ainsi que le diplôme de formation supérieure, mention très bien.
Le voici organiste, mais il a la nostalgie de La Rochelle : « J’ai pris contact avec les écoles de Charente-Maritime, y compris les plus modestes. Il se trouve que Claude Révolte, alors directeur de l’École de Musique de Haute Saintonge, m’a recruté et j’ai créé à Jonzac un cours d’orgue ».
Par la suite, il devient titulaire des orgues de Saint-Pierre et chargé de cours. Depuis, il poursuit sa lancée, donnant de nombreux concerts en France et à l’étranger (Mexique, Hollande, Allemagne, Russie, etc). Il se produit régulièrement en soliste ainsi que dans diverses formations comme l’ensemble de musique ancienne “Arcante“ ou le trio “Rhapsodies“ (orgue, cymbalum et flûte de pan) avec lesquels il a enregistré un C.D. Son répertoire ne se cantonne pas à la musique religieuse. « Contrairement au chef d’orchestre qui dirige un ensemble, l’organiste a le choix des instruments en direct. Je suis libre et il m’arrive de changer des notes » avoue-t-il. Il aime la difficulté et la nouveauté. Après avoir osé - et avec quel talent - les musiques de film, pourquoi pas le jazz ?
Parmi ses compositeurs préférés, figurent en bonne place Louis Vierne et Pierre Cochereau.
• Retrouvailles jonzacaises
L’abbé Samoride est originaire de Jonzac où il a grandi. Comme son grand-père, son père y était huissier, rue Sadi Carnot. Il se souvient très bien de cette ville et de certaines familles dont Marcelle et Pierre Lévêque, leurs enfants Jean-Claude et Bernard. Mme Mouche, qui participait au concert, était émue. Elle-même tenait, avec son époux, la boutique de fleurs, non loin du fameux salon de coiffure de Pierre Dumas !
L’abbé Samoride évoque ses souvenirs d’enfance avec un brin de nostalgie : « La rue Sadi Carnot était très animée à l’époque, avec la Poste et de nombreux commerces ». Il est entré dans les ordres dans les années 1970. Très apprécié de ses paroissiens, il est aujourd’hui doyen de Saintes et vicaire général, dans le cercle rapproché de Mgr Housset.
• Manifestations culturelles gratuites organisées afin de tisser un lien social et culturel en Saintonge
• 25 juin à 20 h 30 : Dans le cadre des “Estivales“ de la Communauté de Communes de la Haute Saintonge, concert piano et trompette avec André Telman et Cédric Burgelin à Expiremont.
• 2 juillet à 20 h 30 : Salle des fêtes de Souméras, récital de piano romantique sur un magnifique Steinway à queue. Au piano : Cédric Burgelin (Chopin/Liszt).
• 17 juillet à 20 h 30 : Église de Saint Quantin de Rançannes : concert/conférence. Avec Anne Balinoff, conférencière, et Cédric Burgelin au clavecin. Le thème de la conférence portera sur la vie du docteur Guillotin (médecin saintais inventeur de la guillotine). Elle sera entrecoupée de morceaux de clavecin (répertoire baroque).
• 24 juillet à 20 h 30 : Église de Saint-Aigulin, grand concert inaugural dans le cadre de la restauration de l’orgue. Venez nombreux !
Photos Nicole Bertin
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