mercredi 20 octobre 2021

Marie NDiaye, Grand Prix 2021 de l’Académie de Saintonge pour son ouvrage "Royan, la professeure de français"

C'est dimanche à Royan qu'avait lieu la remise des prix de l'Académie de Saintonge 2021 sous la direction de Marie-Dominique Montel. Le grand prix a été attribué à Marie NDiaye pour son roman "Royan, la professeure de français" paru aux éditions Gallimard. La comédienne Nicole Garcia a incarné le personnage au théâtre. Son dernier ouvrage, La vengeance m'appartient, dont l'intrigue se déroule dans le Sud-Ouest, a été publié récemment.

Marie NDiaye et Bernard Mounier
Bernard Mounier a présenté cette femme de talent, attachante, auteure de nombreux romans dont "Les trois femmes puissantes" qu'elle met en scène dans un livre paru en 2009, Norah, Fanta, Khady Demba. « La force de son écriture tient à son apparente douceur, aux lentes circonvolutions qui entraînent le lecteur sous le glacis d'une prose impeccable et raffinée, dans les méandres d'une conscience livrée à la pure violence des sentiments » remarque la critique.  

Rapport présenté par Bernard Mounier : « Marie NDiaye est une femme de lettres française, ayant remporté le prix Fémina en 2001 pour Rosie Carpe, le prix Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes, et le prix Marguerite Yourcenar en 2020 pour l’ensemble de son œuvre. Son dernier ouvrage, Royan - La professeure de français, est un monologue, écrit pour Nicole Garcia, laquelle l’a créé lors du dernier Festival d’Avignon.

C’est l’histoire de Gabrielle, une professeure revenant chez elle après avoir donné ses cours. Elle sait que l’attendent, devant sa porte, le père et la mère de l’une de ses élèves, laquelle s’est suicidée en se jetant d’une fenêtre du lycée. Elle reste muette devant la douleur des parents, alors que tournent dans sa tête les évidences cruelles de sa propre culpabilité en cette affaire. Les remuantes pensées de la professeure nous sont contées au présent, en une langue simple et châtiée à la fois, comme pour nous faire réfléchir sur notre part de responsabilité en semblable circonstance.

Le lecteur se voit pris dans la peau de Gabrielle et il s’entend dire « Ah ! je crois que, sans le savoir, j’ai fait un malheur sur la terre ». A moins que de répéter, avec Gabrielle marchant, je cite, « avenue de la Falaise, de la Grande-Plage, de la Grande-Conche, des Goélands, des Tamaris, du Val Joyeux : moi je suis innocente à Royan, je suis innocente, innocente à Royan partout et pour toujours »... 

Marie NDiaye déclare : « j’aime travailler dans l’ambivalence, parce qu’il me semble qu’elle nous fait réfléchir davantage ».

Pour ce texte dramatique exceptionnel, et en hommage à l’ensemble de son œuvre, l’Académie est heureuse de décerner son Grand Prix à Marie NDiaye ».

• Pour Marie NDiaye, « le travail sur l'esthétique, la musicalité, puis la psychologie des personnages est indispensable à un grand roman. Je cherche la musique des phrases, l’harmonie souterraine qui se dégage d’un livre d’imagination et qui fait que l’on a l’impression qu’il n’aurait pas pu être écrit autrement ».

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