Cet audacieux « triumvirat » - digne de l'antique Mediolanum - est le fruit d’une réflexion commune conduite durant le confinement.
Sur le bateau solaire le Palissy, Pierre Dietz, Pierre Maudoux et Renée Benchimol-Lauribe |
Unis pour Saintes
La ville de Saintes n’échappe à cette nouvelle donne. Ainsi, mardi 2 juin, sur le bateau à propulsion 100% solaire « le Palissy » cher à l’armateur Pascal Duc, Pierre Dietz, Pierre Maudoux et Renée Benchimol-Lauribe, qui conduisaient chacun une formation le 15 mars dernier, ont annoncé leur fusion en une seule liste « Unis pour Saintes ».
Pour mémoire, rappelons les résultats du premier tour (où le taux de participation, en raison du Covid-19, n’a été que de 39,58% ) : Jean-Philippe Machon, maire sortant (DVD) liste « Saintes 2026, belle, durable, vivante » avait obtenu 21,59% des suffrages, suivi de son ex-adjoint aux sports Bruno Drapron (UDI) liste « L’action, le coeur en plus » 20,51% ; Rémy Catrou (LFI) liste « Saintes écologique et solidaire » 19,12% ; Pierre Dietz (DVG) ex-adjoint de Jean Rouger liste « Saintes en confiance » 17,59% ; Pierre Maudoux (MoDem) liste « Pour et avec les Saintais » 11,81% et Renée Benchimol-Lauribe, actuelle conseillère municipale de l’opposition (EELV) liste « Saintes Vert l'avenir, demain notre ville » 9,34%. Seule cette dernière n’était pas en capacité de se maintenir.
Compte-tenu de l’épidémie, le second tour était ajourné et des tractations ont alors eu lieu en coulisses. Pierre Dietz dit avoir reçu des appels du pied de Jean-Philippe Machon et « son retrait pur et simple de la course n’aurait pas déplu à Bruno Drapron ». Pierre Maudoux a également été « courtisé » tandis que Renée Benchimol-Lauribe n’a pas trouvé d’entente avec la gauche conduite par Rémy Catrou. Ce qui les sépare ? « Rémy Catrou veut faire gagner la Gauche ; notre équipe recherche l’intérêt des Saintais et du territoire » remarque-t-elle.
Au final, devinez ce qu’il advint ? Pierre Dietz, Pierre Maudoux et Renée Benchimol-Lauribe se sont retrouvés sur de nombreux points de leurs programmes respectifs (plus d’une centaine) pour envisager une alliance, de sorte qu'arithmétiquement ils "pèsent" désormais plus de 38%. Le confinement leur a offert le temps nécessaire pour entreprendre des démarches communes reposant sur des piliers solides : « cette période nous a permis de nous découvrir, de mieux nous connaître, de s’apprécier ». Pas de hâte, en conséquence, mais un engagement mûrement réfléchi qui a entraîné un "remaniement" puisque des 105 noms figurant sur les trois listes, ce nombre a été ramené à 35. La répartition s’est faite selon une règle de trois au prorata des scores obtenus par chacun au premier tour.
Un tel choix est toujours douloureux : si l'ensemble des colistiers a bien compris et approuvé la démarche, d’autres ont été moins enthousiastes. D’où quelques tensions. « Dans l’ensemble, chacun a réalisé le bien-fondé de la fusion et nombreux sont à nos côtés pour travailler, une bonne centaine » souligne Pierre Dietz.
Présentation mardi matin place Bassompierre |
Les trois têtes de la liste s’accordent sur la volonté de s’unir pour rallier une majorité de Saintais, d’enrichir mutuellement leurs projets, de parler d’une seule voix et de pratiquer une autre politique que celle de Jean-Philippe Machon et ses adjoints. Elles entendent partager les responsabilités au sein du conseil municipal, associer les habitants aux prises importantes de décisions et redonner confiance aux agents territoriaux : « la ville sera le moteur du territoire » assure Pierre Dietz qui insiste sur le dynamisme économique et commercial, la solidarité, le tourisme, la vie associative, l’environnement, le logement. Parmi les priorités, figurent la qualité de vie, les transports, l’aménagement de la ville, l’installation de sociétés innovantes, le soutien logistique pour l’accueil des enfants dans des activités liées au sport, la santé, la culture, la citoyenneté dès l’été et la prochaine rentrée scolaire. « Saintes devra porter une politique forte et ambitieuse, l’écologie en sera le ciment. Les nouvelles générations se tournent vers des départements comme le nôtre, le télétravail ayant montré qu’il était possible de vivre d’une autre façon hors des grands centres » disent-ils.
En fédérateur et capitaine de la « team », Pierre Dietz ne tarit d’éloges sur Pierre Maudoux « un homme percutant, attentif aux autres et réfléchissant vite » et Renée Benchimol-Lauribe « une femme intelligente, soucieuse de l’avenir de sa ville ». Leur "alliance" est une démarche inédite sur Saintes, « du jamais vu aux élections municipales depuis 50 ans ».
Pierre Dietz et Pierre Maudoux |
Concernant la crise du Covid, que pensent-ils de l'action de la Municipalité, la distribution des masques par exemple ? Pour Pierre Dietz, « le maire sortant a cherché à tirer parti de la situation » (dont l’envoi d’une lettre aux habitants accompagnant les masques). Renée Benchimol-Lauribe critique son attitude : « Nous sommes en déconfinement. Il persiste à ne pas convoquer physiquement le conseil municipal alors qu'il suffirait de respecter les gestes barrières et les distanciations plutôt que de proposer l’audioconférence qui ne fonctionne pas bien techniquement. Et si la salle du Conseil n’est pas assez spacieuse, pourquoi ne pas utiliser l’espace Mendès France ? ». Quant à Pierre Maudoux, il a jugé « inutile, voire toxique, la désinfection du centre ville » et s’interroge sur la qualité des masques distribués.
Bref, la liste « Unis pour Saintes » présentera prochainement son programme où il sera question de projets, mais aussi de thèmes qui ont fait polémique : la Palu, le site Saint-Louis, l’amphithéâtre : « si nous sommes élus, l’été sera studieux. Tous les dossiers seront réexaminés par les équipes compétentes que nous comptons dans nos rangs. Une bonne gestion est importante et nous entendons travailler collectivement. Si des études ont déjà été faites, pas besoin de les reprendre à zéro ! Les dépenses que nous engagerons serviront à financer des projets profitables aux Saintais. Fini l’expression "mon budget", l’appropriation d’un budget par un élu, c’est terminé ! » insiste Pierre Dietz qui conduira la liste suivi de Renée Benchimol-Lauribe et Pierre Maudoux.
Reste à savoir comment va se dérouler le second tour. Pour l’instant, les candidats ignorent s’ils pourront se rendre sur les marchés pour distribuer des tracts ou faire du porte à porte…
• Quid de la présidence de la CDA ?
Le trio estime qu’il est trop tôt pour aborder la distribution des postes : « les prochaines étapes sont le second tour et l’installation du maire. Chaque chose en son temps ». La CDA compte 64 élus dont 25 issus de la ville centre. Qu’un élu saintais prenne les rênes de l’intercommunalité est d’une grande logique, mais dans ce domaine, il n’y a pas de science exacte.
Lors de la dernière "édition", Jean-Philippe Machon, pourtant élu président, a été rapidement « renversé » par une opposition venant tant de la gauche que de la droite. C’est ainsi que Jean-Claude Classique, qui n’avait rien demandé, s’est retrouvé à la tête de la CDA.
A suivre !
• Arrivée à bicyclette de Pierre Maudoux (la mine bronzée) tandis que Pierre Dietz et Renée Benchimol-Lauribe préfèrent la marche à pied !
• Triumvirat : Alliance de trois personnalités (politiques ou militaires) qui s'unissent pour diriger.
• Les trois listes ont atteint près de 39% de suffrages au premier tour, soit la majorité relative. En s’unissant, elles conjuguent leurs forces respectives pour affronter le second tour.
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