Ce coup fin, c’est bien sûr la mairie de Saintes et la palme revient à la liste de Bruno Drapron qui s’est montrée meilleur stratège que les trois autres formations parties à la conquête de ce haut lieu de la vie saintaise placé sous la responsabilité de Jean-Philippe Machon depuis 2014. Une nouvelle page se tourne…
Dimanche soir, il n’y avait pas l’affluence des grands jours à l'espace Mendès France - Covid-19 oblige - mais l’ambiance était bien présente avec ses joies et ses désillusions. Joie pour la liste « L’action, le cœur en plus » qui réalise 31,76% des suffrages ; tristesse pour la team « Unis pour Saintes » (fusion des listes Dietz, Maudoux, Benchimol-Lauribe 28,70%), « Saintes 2026 belle, durable et vivante » conduite par Jean-Philippe Machon (23,37%) et « Saintes, écologique et solidaire », liste de gauche guidée par Rémy Catrou (16,14%).
Le proclamation des résultats, espace Mendès France |
Le sort en est jeté. Saintes aura prochainement un nouveau maire qui aura à cœur de faire avancer la cité confrontée aux retombées économiques du Covid-19. Un contexte inédit dont les conséquences peuvent être importantes.
Agé de 50 ans, Bruno Drapron - par ailleurs conseiller régional - est issu des rangs de l’UDI (centre droit) et déjà, en 2014, il avait manifesté son intérêt pour la mairie de Saintes. Il s’est finalement rangé aux côtés de Jean-Philippe Machon, sorti victorieux contre la socialiste Isabelle Pichard (elle-même ayant fait les frais de son différend avec Jean Rouger, maire sortant, PS comme elle).
Il est devenu adjoint aux sports avant de créer son propre groupe au sein du conseil, entraînant dans son sillage quelques élus en désaccord avec le premier magistrat. Jean-Philippe Machon s’est alors trouvé dans un cas de figure peu courant : une opposition classique et l’autre venant de ses propres rangs !
Bruno Drapron était prêt pour les Municipales 2020 : lors de la constitution de sa liste, il a pratiqué l’ouverture en sollicitant des élus de gauche (ex Pichard) dont Philippe Callaud et François Elhinger. Renée Benchimol-Lauribe, quant à elle, a préféré les Ecologistes, Josette Groleau et Serge Maupouet la liste de Rémy Catrou.
La campagne a été serrée et le premier tour, en plein Covid-19, a placé Jean-Philippe Machon en tête… mais sans réserve de voix. Trois mois et demi après le 15 mars, le second tour a souffert de la situation particulière que traverse le pays, confiné durant de longues semaines. Sur le terrain et malgré la mobilisation, l’organisation habituelle s’en est ressentie. Dimanche 28 juin, le taux de participation des électeurs a été révélateur : seulement 41,64% (soit 7762 votants sur 18638 inscrits). Plusieurs explications sont possibles : d’une part la crise sanitaire et d’autre part, le désintérêt grandissant des citoyens pour la classe politique. Saintes n’est pas isolée dans ce domaine !
Une opposition de 12 conseillers
Selon la tradition, c’est le maire sortant qui annonce les résultats officiels. Un exercice qui peut s’avérer compliqué en cas de défaite. Jean-Philippe Machon n’a rien laissé paraître. Il est arrivé sur l’estrade accompagné d’une myriade de photographes. Il a d’abord remercié les personnes qui l’ont aidé « durant ces six années de travail sans relâche. Nous avons relevé les finances de la ville et sommes fiers de ce que nous avons réalisé. Nous avons apporté des idées et un nouveau souffle à Saintes ». Réflexion qui entraîna des brouhahas dans la salle. Et de promettre une opposition bien présente au sein du prochain conseil municipal « face à un maire élu avec 12,91% des inscrits ». Les élus de l'opposition seront au nombre de 12 : 5 de la liste Dietz, 4 de la liste Machon, 3 de la liste Catrou.
La liste de Jean-Philippe Machon n'arrive qu'en troisième position. Il sera dans la future opposition à Bruno Drapron |
Enfin, il adressa un clin d’œil à Alain Bougeret, ancien conseiller général de Saintes, qui l'a encouragé dans son parcours. Lequel a du savourer ce moment pour des tas de raisons « historiques »…
Bruno Drapron, prochain maire de Saintes |
Après une campagne bouleversée par la crise sanitaire, la liste "L'action, le cœur en plus" laisse exploser sa joie ! |
Une évidence s’impose : depuis la fin de l’époque Baron en poste pendant 24 ans, aucun maire n’a pu entreprendre un second mandat.
Tous ont été défaits : Bernadette Schmitt (centre droit), élue en 2001, s’est inclinée devant Jean Rouger (PS) en 2008, lequel a cédé sa place en 2014 à Jean-Philippe Machon (centre droit). Les querelles qui ont agité la gauche (issues de la succession Baron), puis la droite, sont à l’origine de cette instabilité. Laquelle peut être préjudiciable à la ville puisque les municipalités n’ont pas le temps de concrétiser leurs projets. Ainsi Saintes est-elle victime de la "fragilité" de ses édiles ?…
Il ne reste plus qu'à souhaiter bonne chance, selon la formule consacrée, à Bruno Drapron et ses colistiers. Parviendront-ils à fédérer les différents courants afin de donner une assise solide à leur mandat ? L’avenir nous le dira.
Tristesse des listes qui se sont inclinées. Pour le maire sortant, la défaite est d'autant plus difficile qu'il comptait dans ses rangs le député LRM Jean-Philippe Ardouin |
• Elus de la majorité : Aux côtés de Bruno Drapron, Marie-Line Cheminade, Philippe Callaud, Evelyne Parisi, Ammar Berdaï, Véronique Torchut, Philippe Creachcadec, Charlotte Toussaint, Thierry Baron, Dominique Deren, Joël Terrien, Caroline Audouin, Charles Delcroix, Véronique Cambon, François Ehlinger, Véronique Abelin-Drapron, Laurent Daviet, Sophie Deborde, Günter Jedat, Delphine Guenon, Laurent Chantoury, Martine Buffet, Nicolas Cartier.
• Elus de l’opposition : Pierre Dietz, Renée Benchimol-Lauribe, Pierre Maudoux, Sabrina Chaborel, Didier Martin, Jean-Philippe Machon, Céline Viollet, Jean-Pierre Roudier, Liliane Arnaud, Rémy Catrou, Florence Bétizeau, Denys Piningre.
Port du masque aux Municipales 2020 : voilà des photos qui compteront dans les futures archives ! |
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