Jean-Marie Bourry, membre de Nature 17, communique cet article sur les pesticides,
problématique générale et aussi départementale, paru dans le numéro
125 de la revue "La Cistude" de décembre
2015 et dans Nature 17.
Actuellement, 80000 tonnes de pesticides sont annuellement utilisés en France, en progression de 16 % sur les cinq dernières années. Directement déversés sur 35 % de notre territoire, ils se propagent sur son intégralité, avec un impact dramatique.
Au fil des mois, ils se dégradent en nouveaux produits, parfois plus polluants et plus stables que les substances actives initiales.
Ainsi, 25 % à 90 % des pesticides ne se déposent pas sur les aires traitées ; Dès lors, 96 % des cours d’eau français sont contaminés et nos rivières transportent de véritables cocktails chimiques. 229 pesticides différents ont été détectés dans les eaux de surface et 61% des eaux souterraines contiennent des résidus de pesticides. Plusieurs dizaines de captages d’eau potable doivent être abandonnés chaque année en France et les pesticides sont omniprésents dans nos aliments. L’analyse de la nourriture quotidienne d’un enfant de 10 ans révèle la présence de 81 substances chimiques différentes, dont 42 classées cancérigènes possibles ou probables, 37 perturbateurs endocriniens... et 36 pesticides différents !
Nocifs pour la biodiversité...
Les pesticides ciblent une infime fraction d’espèces vivantes, tandis qu’ils affectent la totalité de la biosphère et constituent la principale cause de son effondrement.
Une exposition à long terme aux pesticides se traduit diversement selon les espèces : diminution du sens de l’odorat, perte de mémoire, fécondité réduite ou stérilité, mortalité accrue des jeunes, altération des comportements liés à la survie, plus grande sensibilité aux maladies, etc. Avec des conséquences sur toute la chaîne alimentaire.
En 15 ans, les papillons de prairie ont régressé de 50 %. Les colonies d’abeilles connaissent une mortalité moyenne de 30 %, avec des pics à 100 % dans les zones plus exposées. De plus elles perdent leur sens de l’orientation et sont victimes d’une sorte de «maladie d’Alzheimer». L’indice « Planète Vivante » mesurant l’évolution de 3 038 espèces constate une régression de 52 % de ces populations animales. En France 26 % des espèces sont gravement menacées. Entre 1980 et 2013, les oiseaux des milieux agricoles ont régressé de 48 % et les terres de grande culture n’hébergent plus de vers de terre dont le rôle est pourtant crucial pour la fertilité du sol.
... et la santé publique
« La seule dose acceptable est la dose zéro», insiste Jean-Marc Bonmatin, du CNRS. L’impact neurologique et cancérigène sur l’homme est aujourd’hui une certitude scientifique.
Chez l’enfant, Les pesticides sont responsables de perturbations endocriniennes pendant la phase fœtale qui peuvent causer des dommages irrémédiables sur le développement du cerveau. Un lien est également établi avec le développement de cas de leucémie aiguë.
Chez l’adulte, d’autres pathologies ont été observées, notamment une baisse des performances intellectuelles, l’anxiété, la dépression, la baisse de la fécondité masculine et féminine, les fausses couches, les naissances prématurées et les malformations. Selon le corps médical, les personnes particulièrement exposées aux pesticides encourent un risque accru de contracter divers cancers dont les cancers de la peau, de la prostate, des poumons, foie, rein ou cerveau.
Le 20 mars 2015, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), classait comme cancérogènes « probables » ou « possibles » 5 pesticides, dont le glyphosate.
Or, les études menées pour les autorisations de mise sur le marché, ne prennent en compte ni le long terme, ni les interactions avec les centaines d’autres molécules chimiques ingérées dans le monde réel.
Une situation particulièrement grave en Charente-Maritime
La Charente-Maritime subit une pollution plus importante que la plupart des autres départements en raison de sa vocation viticole et de l’implantation de grandes cultures. La vigne en France représente 2,1 % des surfaces cultivées, mais 20 % du total des pesticides employés mais dans le cognaçais, la viticulture pèse pour 10 % des surfaces cultivées.
Aussi, une étude menée en 2011 par le CHU de Poitiers a montré une surreprésentation des maladies de Parkinson (+29 %) et des cancers du sang de type lymphomes (+19 %) dans le vignoble charentais.
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