Centre des congrès et rocade de Jonzac : ou comment Claude Belot a réussi un coup de maître en captant 30 millions d’euros de subventions

Centre des congrès : c'est parti !

Ça y est, les travaux du futur centre des congrès de Jonzac ont démarré avec plus d’un an de retard sur les promesses électorales. Ce détail n’est pas important, l’essentiel étant que cette structure puisse enfin voir le jour. Toutefois, si l’on en croit les déclarations de Claude Belot, il faudra attendre non pas 2016… mais 2017 pour l’inauguration. Le montant global de l’opération est estimé à 15 560 000 € HT. « Ça peut paraître important .  Nous raisonnons comme avec les Antilles, en terme de qualité. Il faut avoir une ambition pour cette construction qui sera dotée des dernières technologies. Cela en fera un lieu de rencontre qui pourrait être international  » souligne le président de la CDCHS. Le chantier s’étalera sur deux ans. Le budget de fonctionnement du site est estimé à 350.000 euros.
Suivra la construction d'un hôtel, style Sofitel, l'hébergement étant indispensable à l'accueil des congressistes. Reste à savoir dans quelles conditions il sera réalisé et si l’investisseur n’exigera pas des « engagements » de la part de la CDCHS quant au taux de remplissage. Des fonds suisses sont régulièrement cités quant aux groupes intéressés par cette implantation. Claude Belot souhaite que le centre soit géré directement par la CDCHS (mauvais souvenir de Gesclub ?) : «  Si je suis en état de le faire, je vous proposerai de gérer ce centre en gestion publique. Je prends pour exemple les Antilles qui sont une réussite. Je souhaite également mutualiser les moyens en personnel  ».
Côté financement, le Département, la Région et l’Etat apportent leur soutien. La ville de Jonzac, pour sa part, a fourni le terrain et payé le rond-point. Elle se chargera de l’assainissement et de la chaufferie (plus de 2 millions d’euros au total).

Une idée du centre des congrès (cabinet d'architectes Tetrarc - Nantes) 

Dans un premier temps, les pelleteuses s'activent

• Plans du cabinet Tetrarc. Le centre comprendra entre autres un auditorium de 550 places.

Architecture futuriste !

• 12 minutes entre Jonzac Airport et Bordeaux : ce n’est plus un avion, c’est la fusée Ariane ! Lu dans l’article détaillé de l’hebdomadaire La Haute Saintonge cette semaine : « si on est vraiment pressé, on prend l‘avion à Jonzac Airport et 12 minutes plus tard, on est sur le tarmac de Mérignac » y déclare Claude Belot. En fait, les pilotes comptent généralement 30 minutes pour effectuer ce déplacement jusqu’en Gironde… dans le meilleur des cas.

• Emplois : Claude Belot annonce la couleur quant aux contrats qui seront proposés aux salariés du futur centre des congrès : « je n’ai pas dit que je prendrai des gens en CDI ». Pour le poste de responsable, il aurait déjà une idée. Proche de son cercle ?

• Compréhensif, le Conseil départemental 

envers son ancien président !

Alors que la subvention allouée pour ce type d’aménagement est de 20 % du montant global des travaux, le Département applique l’ancien taux de 33,33 % au futur centre des congrès de Jonzac. Explications.

En juillet  2007, une subvention de 3 140 720 € a été attribuée par le Conseil général à la commune de Jonzac pour l’aménagement du complexe culturel du Val de Seugne destiné à accueillir des congrès, séminaires et spectacles, soit 33,33 % d’une dépense subventionnable de 9 422 160 €. 200 000 € lui sont versés pour l’acquisition des terrains et la réalisation d’études pré-opérationnelles. Claude Belot informe le Département du transfert de la maîtrise d’ouvrage de la commune de Jonzac à la Communauté des Communes de la Haute Saintonge.

Depuis 2007, l’évolution du projet (intégration environnementale, polyvalence des espaces, augmentation des surfaces et des équipements scénographiques) a sérieusement gonflé l’enveloppe initiale. De 10  millions, le montant de l’investissement est passé à 15 075 000 € HT. Le surcoût se situe aux postes suivants : Acquisitions foncières 275 000 € ; études pré-opérationnelles (on passe de 147 160 € à 177 610 €) ; salle multifonctions/agora (de 3 100 000 € à 4 800 000 €) ; salles de séminaires (de 305 000 € à 1 534 200 €) ; auditorium (de 1 315 000 € à 2 700 000 €) ; VRD, branchements, portails, aménagements paysagers périphériques, stationnements périphériques (de 210 000 € à 1 430 000 €) ; mobilier salles, auditorium, équipements scéniques, sono, lumière 1 533 060 € ; aléas imprévus (actualisation des prix travaux, variation des indices, réglementation des personnes à mobilité réduite 2007 et réglementation thermique) 440 190 €. Sous-total : de 7 550 160 € à 12 890 060 €. Honoraires (maîtrise d’œuvre, contrôle technique, contrôle sécurité, assurance dommage-ouvrage), mandataire, frais divers (géomètre, études de sols) : de 1 360 000 € à 2 184 940 € : aménagements paysagers, cheminements vers les Antilles et le centre-ville, espaces ludiques 512 000 €. Soit un total à la hausse qui grimpe de 9 422 160 € à 15 075 000 €.

La Communauté des Communes de la Haute Saintonge a sollicité du Conseil général un ajustement de la subvention sur cette nouvelle somme, tout en maintenant le taux d’intervention de 33,33 %, soit une aide globale de 5024498 € (dont 200 000 € déjà versés). Les autres participations du FNADT (1,8 M€), du ministère de l’Intérieur (200 000 €) et de la Région (1,35 M€) restent inchangées. S’y ajoute l’autofinancement de la CDCHS (un peu plus de la moitié).

En décembre 2013, le Conseil général a décidé de maintenir le taux de subvention à 33,33 % et de répartir son aide en six versements sur six ans selon les modalités suivantes : premier versement effectué dès lors que 17 % des dépenses sont justifiées et ainsi de suite par tranche de 17 % avec le solde la sixième année. Des élus ont regretté que le Département, qui venait d’adopter le nouveau taux de 20 %, ne se tiennent pas à sa ligne de conduite. Ils ont estimé « anormal » que certains dossiers puissent encore bénéficier de l’ancien taux alors que d’autres n’étaient pas logés à la même enseigne. « Est-ce parce Claude Belot est l’ancien président du Conseil général ? Ou bien a-t-il été extrêmement persuasif ? » : voici bien la question et l’on revient au vieil adage : mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et malade !!!  Un heureux toutefois : dans la foulée, l’assemblée a voté 33,33 % de subventions pour la salle de spectacles du Château d’Oléron. Elle est pas belle, la vie ?

• Rocade Sud-Est de Jonzac : 

Un investissement à quelque 20 millions d’euros pour relier la route de Montendre
au centre des congrès, Antilles et casino

Les automobilistes qui quittent Jonzac pour prendre la route d’Ozillac ne peuvent pas rater le chantier de la nouvelle rocade. 20 millions d’euros au total, des voies aussi larges que celles que vous pouvez voir à la sortie des grandes agglomérations. Et tout cela à Jonzac, ville de moins de 4000 habitants. Le Département n’a pas lésiné sur les moyens pour relier la route de Montendre (elle-même proche de l’échangeur de l’autoroute A 10 situé à Mirambeau) à la zone du Val de Seugne où se trouvent le complexe aquatique des Antilles, le casino, la résidence Maeva, le centre des congrès et un futur hôtel indispensable pour accueillir les congressistes. 

C’est ça, le miracle Belot, créer dans une petite sous-préfecture des structures importantes grâce, en particulier, à toutes les communes que fédère la Communauté de communes. Laquelle est présidée depuis de lustres par Claude Belot, grand ordonnateur de la pluie et du beau temps. Jusqu’à une époque, les maires ne se hasardaient guère à contester les décisions du « patron ». Cependant, depuis la réunion d’Orignolles (début 2015) où ont été signés les nouveaux contrats qui unissent la CDCHS et la Région Poitou-Charentes, certains délégués prennent la parole afin de créer un débat démocratique. Le traitement des ordures ménagères, en particulier, a suscité des commentaires, sujet soulevé dans le passé par Gilbert Festal, alors maire de Chevanceaux. Quand, de guerre lasse, il démissionna de ses fonctions à la CDCHS, ses collègues ne furent pas très nombreux à le soutenir. Que voulez-vous, là encore, mieux vaut être riche et bien portant… à défaut d’être bien sortant ! 

Et puis, il faut admettre que Claude Belot travaille dans le sens de l’histoire en dotant le territoire rural de Haute Saintonge d’outils qui lui permettent de sortir la tête hors de l’eau. Bien sûr, ces « outils » sont prioritairement situés à Jonzac, mais des réalisations existent aussi à Archiac, Vitrezay, la Genétouze ou Montlieu la Garde. 

Les hommes de poigne ont en commun d'éviter les états d'âme. Leur objectif est d’avancer en conservant cette garde rapprochée qui abonde dans leur sens, souvent par intérêt, mais aussi par crainte ou respect et pourquoi pas par sentimentalité ? Rappelez-vous combien François de Grossouvre, qui finit tristement, a adulé François Mitterrand ! 

Pour en revenir à Jonzac, Claude Belot n’a pas vraiment à s’inquiéter. Les électeurs l’ont largement réélu en mars 2014 sur ses réalisations et son esprit d’entreprise. Un signe qui ne trompe pas !

Bientôt, le viaduc orphelin (11 millions HT) aura enfin rendez-vous avec sa rocade