mardi 2 septembre 2014

Université du PS :
Après les réfugiés politiques,
les réfugiés climatiques ?


A l’Université d’été de La Rochelle, les Socialistes ont planché sur le défi climatique, les enjeux de la transition énergétique et la conférence de Paris Climat 2015 qui se tiendra sur le site du Bourget du 30 novembre au 11 décembre. Une échéance cruciale puisqu’elle doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le réchauffement mondial en dessous de 2°C. 



Ce débat, qui réunissait Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, Jean Jouzel, climatologue et Laurence Tubiana, directrice de la chaire développement durable de Sciences Po Paris, gravitait autour de l’une des préoccupations majeures de l’humanité : le réchauffement climatique et la transition énergétique.


Vivante, la planète se rebelle ; elle secoue son échine et à chaque fois, des drames surviennent qui frappent les populations dans l’incapacité de réagir face à des éléments qui les bouleversent et les anéantissent parfois. Depuis des années, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme dont l’astrophysicien Hubert Reeves : il faut réduire les émissions de CO2 et chercher de nouvelles sources d’énergie. Le résultat est mince : les nouveaux matériaux sont rares, tel le lithium, et aucune solution miracle n’est apparue qui pourrait se substituer durablement aux énergies fossiles.
« Nous devons changer les mentalités, aller vers une économie sobre en carbone, privilégier les transports propres, la méthanisation » estime Laurence Tubiana.
Si l’Europe a conscience de ces priorités, il n’en est pas de même dans les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Certains connaissent une embellie économique dont on peut se réjouir, mais elle s’accompagne d’une plus grande consommation des habitants qui veulent naturellement améliorer leur qualité de vie (la Chine a programmé la construction de 150 centrales nucléaires dont certaines avec un surgénérateur). En conséquence, les réductions de gaz carbonique que l’on enregistrera d’un côté seront aussitôt gommées par les excès réalisés de l’autre…

Laurence Tubiana
En accueillant la conférence de Paris sur le climat en 2015, le gouvernement Hollande a un enjeu politique et géopolitique à relever : « si nous échouons, l’échec de notre quinquennat, ce sera ça ». Cette conférence devra marquer une étape décisive dans la négociation du futur accord international qui entrera en vigueur en 2020. Mais le défi n’est pas facile à relever. « De nombreux états pensent que les énergies renouvelables coûtent plus cher que le pétrole ou le nucléaire. Il faut ouvrir une large débat ».  Pour Claude Bartolone, l’écologie est un choix de société : « elle doit être dominante et ne pas se cantonner à être la cinquième roue du carrosse socialiste ». Et d‘ajouter : « certains croient que nous nous intéressons à l’écologie pour des raisons purement stratégiques et électoralistes. Nous devons être réalistes. Notre vieux monde est finissant et nous allons donner naissance à la sociale écologie ».

Sur l’état de la planète, les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis le 19 août dernier, c’est-à-dire en 8 mois, nous avons épuisé l’intégralité des ressources que la Terre peut produire sans compromettre leur renouvellement. Autre fait marquant : l’accélération très nette de la fonte des glaciers qui provoque une montée du niveau des océans. « L’environnement n’intéresse pas que les bobos parisiens ! Ces questions concernent aussi les logements modestes par exemple. On sait que des immeubles sont de véritables passoires énergétiques »

Le sujet est vaste et les pays ne sont pas forcément sur la même longueur d’ondes. Claude Bartolone attend beaucoup du sommet de 2015 : « la gauche n’a pas dans son ADN le social libéralisme. La sociale écologie, par contre, permettra à l’humanité d’évoluer. Evitons les débats qui relèvent du sexe des anges en nous attaquant aux vrais enjeux de société ».
Cette bonne volonté affichée ne manquera pas de se heurter aux intérêts des lobbies et au désir compréhensible de pays qui découvrent les joies de la société de consommation. En 2015, ce congrès international sur le climat sera un rendez-vous important. Reste à savoir si les nations prendront réellement conscience des dangers qui les menacent ou si une fois encore, elles repousseront le problème au lendemain. 


Claude Bartolone
• Avenir sombre : dans un avenir proche, nous verrons arriver des réfugiés climatiques, c’est à dire des personnes qui auront dû quitter leurs terres parce que les conditions de culture n’y sont plus assurées (en raison de la montée des eaux, de la sécheresse, etc). Les États-Unis vont bientôt devoir gérer leurs premiers réfugiés climatiques avec la disparition de villages entiers en Alaska. A l’échelle mondiale, près de 500 millions de personnes pourraient être obligées de migrer d’ici 2050. Face à l’urgence, les institutions internationales traînent malheureusement à définir un statut pour ces réfugiés.

• Il est dommage que Ségolène Royal, ministre de l’écologie, n’ait pas été présente à La Rochelle. Sa présence à ce débat aurait été intéressante.

• La France souhaite un accord applicable à tous, suffisamment ambitieux pour permettre d’atteindre l’objectif des deux degrés, et doté d’une force juridique contraignante. Pour les ministres français impliqués dans l’organisation et la présidence de cette conférence, « Paris Climat 2015 ne devra pas être une réunion pour essayer, mais une réunion pour décider. Il faut à la fois être offensif, collectif et positif ». L’accord de 2015 devra être applicable à tous, contraignant, visant à contenir le réchauffement à 2°C, mais en adoptant le principe de différenciation. « Toute une série d’étapes devra encore être franchie avant de parvenir à un accord universel et contraignant fin 2015 ». De plus, même le meilleur accord possible en 2015 devra être complété pour pouvoir entrer en vigueur en 2020 comme prévu. Avec cette conférence, la volonté française est de passer d’un partage du fardeau à un partage des solutions : la France travaille à un agenda des solutions afin de porter en amont de la conférence un discours plus positif. L’accord devra en effet mettre en œuvre un changement de paradigme, prenant en compte le défi climatique non comme un nécessaire « partage du fardeau » des émissions, mais également comme une opportunité de créations d’emplois et de richesses, d’invention de nouveaux modes de production et de consommation.

1 commentaire:

Jean-Paul Négrel a dit…

La méthanisation ? On oublie souvent que la combustion de ce gaz produit...du gaz carbonique !
Une Source d'énergie inépuisable et non polluante dont on parle peu : la géothermie profonde (forage à partir d'environ 5000 m). Cela fonctionne très bien à Soulz-sous-forêts (Alsace) seul site mondial où l'on produit d'ores et déjà de l'électricité. Inconvénients : recours à des produits acides anti-antartrage éventuellement polluants, effets microsismiques. Jonzac exploite depuis longtemps sa petite soeur géothermique (forage à 1700-1900 m). Hormis les sources habituelles (éolien, photovoltaïque, thermique solaire,énergie des marées), les hydroliennes fluviales immergées. A l'étude au Port de la Lune sur la Garonne.
Sujet tabou : l'explosion démographique mondiale, d'où demande énergétique accrue, épuisement des ressources, pollutions. (Voir ouvrages de René Dumont)