• Point de vue
C'est triste, ce désamour de l'Europe qui a été l'espoir de ma génération. Nous sortions de la guerre et nous espérions sortir de la barbarie idéologique qui déchirait le monde depuis le début du siècle.
Les puissances européennes, leurs ambitions, leurs divisions et leur concurrence avaient été la cause de tout cela. Et pourtant, l'Allemagne détruite était coupée en deux ; les pays issus de l'empire d'Autriche étaient occupés par la Russie qui avait créé l'Union Soviétique.
La guerre froide avait succédé à la guerre et nous voulions la paix et nous voulions retrouver la prospérité. Nous ne voulions pas de la banlieue de l'Histoire. Alors, nous avons entrepris de construire l'Union européenne dans la liberté. Le libéralisme économique a été inscrit dans le traité de Rome. Le droit européen de la concurrence a pris une place qu'il n'aurait pas du avoir puisqu'il est devenu un outil politique aux mains de l'exécutif européen, la Commission qui n'avait pas de légitimité démocratique.
La France a imposé la Politique agricole commune (PAC) avec le succès que l'on sait, mais avec les aigreurs créées par la réglementation qui en a découlé. Et puis il y a eu le traité de Maastrich. Nous avons été nombreux à tirer la sonnette d'alarme. L'intégration économique, qui avait toute la saveur d'une économie libertaire et la monnaie unique, ne pouvaient se concevoir sans une organisation politique et démocratique, de type confédérale.
Or, le niveau de développement des peuples européens, l'acceuil de ceux sortant de l'Union Soviétique, la réunification de l'Allemagne retrouvant son statut de grande puissance, rendaient extrêmement difficile la création de cet ensemble.
Giscard D'Estaing n'a pas réussi à faire adopter la Constitution européenne qui fut pourtant un travail remarquable. La crise financière de 2008, due au libertarisme économique et monétaire américain, a encore fragilisé l'édifice dont les élites restent séduites par la théorie du chaos, si bien enseignée à la Cité de Londres comme à Wall Street de New York et dans toutes les grandes business schools de la planète.
Les peuples sont désenchantés. Le projet européen semble privé de souffle. Il reste pourtant le gardien des valeurs de notre civilisation, de l'humanisme fondateur des libertés si attaqué dans le monde. Pour rester forte, cette civilisation doit se reconnaître et s'unir. Beaucoup pensent que c'est effectif et qu'un gouvernement commun est superfétatoire, encombrant et inutile. Nous avons pourtant besoin d'une organisation démocratique pour porter, construire et préserver le projet commun de notre civilisation. Elire un parlement, qui a de vrais pouvoirs, n'est pas une mauvaise idée. Alors faisons-le ! Allons voter de préférence pour ceux qui croient ce projet indispensable.
Xavier de Roux
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