Frédéric Neveu interpelle Jean Rouger : « En six ans, vous avez fait exploser la fiscalité locale et la dette de la ville »
Voilà un conseil qui fleurait bon les élections municipales. En effet, dans quelques mois, les Saintais seront appelés à désigner leur prochain maire. Lundi soir, les élus en place ont planché sur le débat d’orientation budgétaire.
Jean Rouger, maire de Saintes |
Maintenir un haut niveau d’investissement
Jean Rouger le sait, sa place de maire est très convoitée. Lui-même, face à la conquérante Isabelle Pichard, n’entend pas baisser les bras. Il conduira sa propre liste même s’il n’a pas obtenu la bénédiction du Parti socialiste. Pour l’instant, il occupe le siège et c’est bien en premier magistrat qu’il a abordé le dernier débat d’orientation budgétaire de son exercice. « C’est aussi le budget prévisionnel de la nouvelle mandature, c’est pourquoi cette séance va intéresser du monde » dit-il en riant. Transfert de charges de l’État, contraintes, rien n’est simple puisqu’il faut obtenir des résultats à court terme : « après dix ans de politique libérale dans notre pays, il serait miraculeux de rétablir les comptes et les grands équilibres cette année ».
La ligne adoptée par l’actuelle municipalité est de maintenir un haut niveau d’investissement de l’ordre de 14 millions d’euros pour finaliser les projets en cours, la rénovation urbaine, les aménagements de la rive droite, des espaces urbains, le site Saint-Louis, la Guyarderie et la valorisation des patrimoines. Des engagements sont pris auprès du CCAS, des associations et de l’animation par le biais des subventions. Tout ça en contrôlant dépenses et recettes et en contenant l’évolution de la masse salariale (entre 2008 et 2014, le nombre de salariés est passé de 336 à 362). L’année 2014 verra le démarrage de la nouvelle gestion de l’eau et de l’assainissement à Saintes avec la création d’une régie municipale qui comptera sept agents. La politique en faveur de l’emploi des jeunes sera maintenue avec le recrutement de dix emplois aidés. Sans oublier bien sûr des actions pour le développement durable et les économies d’énergie.
Au nom de l’opposition, Frédéric Neveu réagit à cette présentation : « Je voudrais vous rappeler quelques réalités » lança-t-il à Jean Rouger. « Vous êtes le maire du ras-le-bol fiscal. Nous avons la taxe foncière la plus chère de France pour une ville de notre importance. En ne contenant pas la dette, vous obérez l’avenir des municipalités qui vous succéderont. Elle était de 21 millions d’euros en 2010 et désormais, elle atteint 31 millions, soit une augmentation de 50 %. Vous dites que vous maîtrisez les emplois, mais c’est à la CDA que le nombre de salariés s’envole, de même que son budget puisqu’il est en déficit de 600 000 euros. Où sont les mutualisations ? Quant au projet de la Guyarderie, nous devions toucher 3,9 millions d’euros de cession de terrains à la société Prestgimi. Je n’ai rien vu et de plus, cette somme, qui devait servir à construire les nouveaux terrains sportifs, a été dépensée ailleurs. La percevrons-nous cette année ? Que comptez-vous faire ? ». Et de conclure : « en six ans vous avez fait exploser la fiscalité locale, la dette de la ville, le personnel avec la CDA dont vous êtes président et je suis inquiet pour l’aménagement de la Guyarderie ».
L’attaque était de taille. Jean Rouger laissa ses lieutenants monter au front. Comme en 14 ! Thierry Leblan ne se fit pas prier : « j’ai l’impression de m’entendre parler à la fin du mandat de Bernadette Schmitt quand nous mettions en doute ses rentrées financières. Déjà, à notre arrivée en 2008, la dette de la ville était en expansion ». Suivirent quelques échanges aigre-doux où la majorité rappela que son héritage venait directement de la précédente équipe. Équipe qui ne portait pas ses couleurs.
Jean Rouger admit que les discussions liées au DOB étaient toujours difficiles : « nous avons fait le choix d’assumer notre époque. De nombreuses mairies sont frileuses en matière d’investissement. Nous, on a mis la main à la poche. C’est l’économie qui fait tourner la boutique. De ce fait, le secteur du bâtiment n’a pas trop souffert dans la région. Notre dette reste dans un volume maîtrisé. Nous avons réalisé l’aménagement de la place Bassompierre, préparer l’avenir du site Saint-Louis. À la Guyarderie, le dossier suit son cours. Le terrain situé au nord d’Yvon Chevalier sera consacré aux activités sportives. Le promoteur qui va acquérir les anciens terrains y fera des infrastructures commerciales ».
Un nombreux public était présent à cette réunion |
Frédéric Neveu revint à la charge : « Vous n’avez pas répondu à ma question. Votre budget est-il bouclé ou pas ? Il manque ces fameux 3,9 millions d’euros. À moins que la vente ne s’effectue entre les deux tours des élections municipales ! ». « Il faut du temps entre les négociations et les échanges. La vente de ce terrain finira bien par aboutir » précisa Jean Rouger.
Frédéric Neveu reste mobilisé : « Nous empêcherons la destruction des terrains de sport actuels quitte à vous attaquer devant le Tribunal administratif. Les gens ne sont pas dupes. Les commerces qui vont s’installer vont bouleverser tant la vie des riverains que pénaliser les commerçants du centre-ville. Avec les parkings, il y aura des voitures garées partout dans ce secteur ». On en saura plus lors du prochain conseil municipal…
A la veille des Municipales de 2014, les échanges deviennent plus ardus... |
• Les craintes des salariés de Saintronic
« On veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes »
Avant d’aborder l’examen du DOB, Jean Rouger a donné la parole au représentant du personnel de Saintronic, entreprise en phase de rachat. Au nom de ses collègues, Michel Fayen fit part des préoccupations actuelles : « Si les élus du comité d’entreprise ne contestent pas le fait que le groupe GMD puisse céder une partie des entreprises qui lui appartient, GMD doit apporter par contre aux 800 salariés que compte ce pôle, des garanties sur la capacité du repreneur à pérenniser ces sites. Malheureusement, au fur et à mesure de nos recherches sur le parcours du repreneur éventuel, d’énormes doutes nous sont apparus tant sur sa capacité financière que ses compétences, puisque la majorité des entreprises reprises par cette personne sont soit en redressement judiciaire, soit liquidées. Les élus du C.E. Saintronic ont remonté à leur direction générale leurs inquiétudes, confortées par les conclusions de l’expert-comptable désigné pour l’audit des comptes. Le 14 novembre dernier, nous avons rencontré M. Krief, repreneur potentiel et, malheureusement, l’exposé qu’il nous a fait ne nous a pas rassurés. Bien au contraire. Les documents remis en séance, comme le business plan, se sont révélés erronés et avaient pour seul but de faire prendre des vessies pour des lanternes aux salariés de Saintronic. La position des comités d’entreprise des sociétés du groupe est exactement la même que la nôtre. Les salariés de Saintronic tiennent à remercier les élus saintais pour leur soutien. Nous restons mobilisés pour empêcher le démantèlement d’une des plus grosses entreprises industrielles de Saintes et ainsi permettre à plus de 200 familles de pouvoir continuer à vivre sur ce bassin d’emploi ».
Pressentant « certaines manœuvres à caractère financier » qu’il réprouve, Jean Rouger assura les représentants du personnel que « cette affaire ne se traiterait pas en catimini ». Le ministre du Travail pourrait d’ailleurs en être averti. Cela veut-il dire que Michel Sapin se rendra à Saintes prochainement ?
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