mercredi 26 mars 2025

Jonzac/Conseil municipal : Hélène Dubus-Héraud demande « des éclaircissements » au maire, Christophe Cabri

Après avoir siégé dans la majorité, se retrouver dans les rangs de l'opposition est un apprentissage qui peut s'avérer difficile. Trois conseillères municipales de Jonzac vivent cette situation. Cette scission crée forcément des failles au sein de l'ancienne équipe et l'état d'opposition - nommons-le ainsi - requiert une nouvelle adaptation. Donc une remise en cause. Des échanges entre le maire et son "courant adverse" ont eu lieu lors du conseil municipal lundi dernier.

Barbara Lachamp, Hélène Dubus Héraud, Marie-Christine Nouguès siègent
désormais dans les rangs de l'opposition avec Christophe Gadrat

Il y a un an, un évènement inattendu frappe le conseil municipal de Jonzac. Une brouille, dont il faut chercher les causes dans les arcanes du pouvoir, entraîne l'émergence d'une opposition. 

Pour mémoire, lors des élections de 2020, une seule formation est en lice, conduite par Christophe Cabri. Tous ses membres sont élus, y compris les derniers noms qui servent généralement à boucler la liste. Ensemble, vont-ils œuvrer pour la Ville jusqu'au bout de leur mandat ? Que nenni ! « L'ennui naquit de l'uniformité » prétend l'adage. Des voix, critiquant les actions du maire, se font bientôt entendre. Un candidat surprise, partant aux prochaines municipales, apparaît sur la scène. Il s'agit de l'ancien DGS de la Communauté de communes de Haute-Saintonge, Jean-François Mougard, proche collaborateur de Claude Belot. Trois élues du courant "cabrisien" sont alors sensibles à son appel et le disent. Se sentant « trahi » par ses alliées d'hier, le premier magistrat réagit et tranche : Marie-Christine Nouguès et Hélène Dubus-Héraud perdent leurs délégations. Quant à Barbara Lachamp, elle se voit dans l'obligation de démissionner de ses fonctions d'adjointe. « Je ne pouvais pas faire autrement. Garder ces élues à mes côtés et leur laisser des responsabilités pendant deux ans alors qu'elles se présenteront sur une autre liste en 2026 me semblait préjudiciable au maintien de l'entente au sein du groupe » explique Christophe Cabri. 

Depuis, le climat s'est dégradé et les tensions sont visibles. Ayant perdu ses fonctions officielles, n'étant plus au cœur du mouvement dominant, l'opposition se forge une nouvelle cuirasse. Ses marges de manœuvre sont réduites. Désormais, plus d'invitation aux réunions de majorité où l'essentiel de l'information circule. « Entrer dans l'opposition après avoir été dans la majorité, c'est passer de la lumière à l'ombre. Les choses changent. Du jour au lendemain, vous n'êtes plus dans le cercle des décideurs et il faut s'y préparer » explique un édile ayant connu ce contexte. Ce changement a une vertu : il mobilise l'énergie et développe l'esprit critique.

Stationnement et susceptibilités

Parmi les questions diverses posées lors du dernier conseil municipal, les principales critiques ont concerné la zone bleue en premier lieu. Le stationnement réglementé fait couler de l'encre. Ainsi, les habitants du centre ville sans garage doivent laisser leur véhicule loin de leur domicile dans la journée sous peine d'une amende. Ils ont demandé un macaron, idée repoussée pour le maire : « je ferai un point en juin sur le stationnement. Si la zone bleue donne satisfaction au plus grand nombre, on la maintient ; si les commerçants et autres usagers sont mécontents, on la supprime. Les arrêts 10 minutes sont sans doute insuffisants, on pourrait allonger leur durée à 30 minutes  ». Il rappelle au passage que Barbara Lachamp, qui a soulevé le sujet, a participé aux réunions préparatoires avec le collectif. 

« Je ne suis pas contre la zone bleue, mais il est important que la population logeant dans le centre ait une place de parking gratuite » rétorque-t-elle. « Idem pour les personnes âgées ou handicapées. Je n'ai jamais vu la place du marché aussi déserte » ajoute Marie-Christine Nouguès. A suivre !

Christophe Cabri, maire
Suit l'intervention d'Hélène Dubus-Héraud qui demande « des éclaircissements » au maire à la suite d'un article paru récemment dans Sud-Ouest. Surprise de l'intéressé : « Quels  éclaircissements ? » . En fait, elle cherche à savoir si les propos suivants sont de lui : « Christophe Cabri a réagi en mettant au ban Hélène Dubus-Héraud et Marie-Christine Nougues accusées d'avoir manqué de loyauté. Barbara Lachamp a pris les devants en démissionnant. Le maire Horizons et vice-président au Conseil départemental, ancien chef de publicité à «Sud Ouest » et « Charente libre », serait désormais tenté de voir dans cet épisode un mal pour un bien. Il lui a permis d'écarter les ennemis de l'intérieur, ressouder l'équipe autour de sa personne et confirmer son élan émancipateur ».

« Est-ce vous qui avez dit à notre sujet "mise au ban, ennemis de l'intérieur" ? Nous nous sentons humiliées. Nous ne sommes les ennemis de personne et surtout pas des Jonzacais ! Nous restons élues et travaillons pour la Ville » remarque Hélène Dubus-Héraud. Christophe Cabri est pantois, rappelant que la liberté de la presse est précieuse. « Je ne suis pas rédacteur à Sud-Ouest ! Ce n'est pas l'interviewé qui rédige. Si vous voulez des précisions, le plus simple, c'est de contacter le journaliste, il a dû enregistrer l'entretien. Personnellement, je vais vous dire ce qui m'a choqué, c'est de voir trois personnes de mon exécutif rejoindre une future équipe aux Municipales. C'est une rupture de confiance et j'en suis attristé ».  

Claude Belot - premier adjoint - apporte son point de vue : « J'ai été candidat à de nombreuses élections et une fois le scrutin passé, j'ai toujours essayé de rassembler les équipes. J'ai connu des moments difficiles, mais il faut rechercher un consensus, dans le respect. Beaucoup ici ne savent pas ce qu'est un combat politique, c'est puissant. Et quand on gagne, on fédère, c'est ce qui fait un grand homme ». Christophe Cabri réagit : « En tout cas, je ne me considère pas comme un grand homme ! En 2026, j'espère qu'il y aura une liste en face. Je regrette ce qui s'est passé entre nous, au sein de la majorité le 10 avril dernier, ce n'était pas mon souhait ». Et d'ajouter : « L'an dernier, nous avons tous lu l'interview de Jean-François Mougard, paru dans Sud-Ouest sous la plume de Sébastien Lahalle. En gros, il est dit que la gestion de Cabri est mauvaise, qu'il a cramé la ville et qu'il va augmenter les impôts. Je réponds à J.F. Mougard que la Ville a aujourd'hui une capacité de remboursement de 3,5 ans et qu'elle dispose de 2,5 millions d'euros sur le compte. Sans compter les nombreux projets à concrétiser ». 

La campagne électorale ne fait que commencer et il y a tout lieu de penser qu'elle devrait s'emballer à partir de la rentrée. « Ça va décoiffer dans thieu champ " diraient les patoisants.

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