Mercredi 23 août, sous un soleil déjà chaud, Mgr François Jacolin a ouvert ce pèlerinage, se réjouissant de vivre en ce lieu sa première célébration publique depuis sa nomination comme administrateur apostolique du diocèse de La Rochelle. Il a accueilli Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers
Marche vers l'Ile Madame (© Diocèse de La Rochelle) |
Une messe a été célébrée en présence d’une soixantaine de prêtres, venus de Charente-Maritime ou d’autres diocèses. Mgr Jacolin a présidé la célébration et Mgr Wintzer, dans son homélie, a invité les fidèles à la réconciliation et au pardon : « Ce qui nous rassemble, c’est la mémoire de ces prêtres, c’est la foi qui a guidé leur vie et pour laquelle ils ont été arrêtés, déportés, tués. Mais ceci ne peut nous faire oublier qu’au-delà des motifs pour lesquels on arrête, on déporte, il y a quelque chose de plus universel, de plus général : cette capacité qu’ont des êtres humains à ne pas se traiter comme tel. Les persécutions de la Révolution étaient une destruction. Une guerre civile ne peut se résoudre que d’une seule manière : la réconciliation. Les prêtres morts ici voulurent la réconciliation. L’expérience personnelle, pour beaucoup, et l’histoire montrent que le pardon ne se commande pas, qu’on ne peut pas imposer le pardon. Mais on peut au moins le désirer, le croire possible. Le pardon est un don de Dieu ».
Après un pique-nique, les pèlerins ont suivi un enseignement de Mgr Wintzer. Il est revenu sur la lettre Gaudete et exsultate du Pape François. C’est une invitation à la sainteté, non pas une sainteté extraordinaire qui ferait de nous des supers-héros, mais une sainteté du "coin de la rue", de la vie quotidienne, à laquelle nous sommes tous appelés.
Marche vers l’Île Madame et la Croix des galets
En début d'après-midi, les pèlerins se sont rassemblés à l’entre de la Passe aux Boeufs, le chemin émergé à marée basse qui mène vers l’Île Madame. En priant le chapelet, et sous un fort soleil, ils ont avancé à travers l’estran et rejoint la Croix des galets, qui marque l’emplacement ou furent retrouvés des sépultures de prêtres déportés. Chacun a pu déposer sur la croix le galet qu’il avait porté pendant la traversée.
Mgr François Jacolin (© Diocèse de La Rochelle) |
Un destin tragique (source Wikipedia)
« Ces hommes étaient rayés du livre de la République. On m'avait dit de les faire mourir sans bruit » écrivait à la fin du XVIIIe siècle le Capitaine Laly, du ponton les Deux Associés.
Pendant la Révolution, les prêtres réfractaires refusant de signer la Constitution civile du clergé sont si nombreux que tous ne peuvent être guillotinés. En 1792, l’Assemblée constituante décide de les déporter via les ports de Nantes, Bordeaux et Rochefort. À Rochefort, où le stationnement est long, le transfert des prisonniers (829 au total) s'effectue sur des navires négriers (réduits à l'état de pontons) qui ne partiront jamais en Guyane : les Deux-Associés (commandé par le capitaine Laly), le Washington (capitaine Gibert) ainsi que sur un navire ancien, le Bonhomme Richard.
D'avril 1794 à 1795, la plupart des prêtres retenus (547) décèdent du typhus, maladie due à l'insalubrité extrême, et aux mauvais traitements (il leur est interdit de prier). 254 d’entre eux sont enterrés sur l'île Madame (alors appelée île Citoyenne), et 226 sur l'île d'Aix (ossuaire des prêtres déportés).
• 64 prêtres ou religieux déportés ont été béatifiés par Jean-Paul II le 1er octobre 1995.
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