Jusqu'au 29 juillet, le couvent des Jacobins (près de la médiathèque) accueille l'exposition Pierre-Henri Simon, organisée par la famille de l'homme de lettres, dont le journaliste Christophe Lucet et le musicien Valentin Tournet. Lors de l'inauguration, a été salué le remarquable travail de présentation (sous forme de 25 tableaux) détaillant les multiples facettes de la personnalité de Pierre-Henri Simon. Grande figure intellectuelle du XXème siècle, membre de l'Académie Française, il fut entre autres l'un des fondateurs de l'Académie de Saintonge en 1957 et son président au début des années 70.
La famille de Pierre Henri Simon, à l'origine de cette exposition |
Vernissage de l'expo, Christophe Lucet, Bruno Drapron, Marie Dominique Montel |
Véronique Abelin et Brigitte Simon, fille de P.H. Simon |
Jean Louis Lucet a rendu hommage à son beau-père |
Au nom de l'Académie de Saintonge, Marie-Dominique Montel, directrice, a remercié l'élu ainsi que Véronique Abelin, conseillère départementale, de leur soutien et leur enthousiasme à favoriser la concrétisation de ce projet. Christophe Lucet, Valentin Tournet, Brigitte Simon, fille de Pierre-Henri Simon, et Jean-Louis Lucet, académicien de Saintonge honoraire, ont parlé en termes affectueux et émouvants de leur père, beau-père, grand-père et arrière-grand-père.
N'hésitez pas à visiter cette expo, à aller à la rencontre d'un homme engagé et sincère qui n'hésitait pas à prendre la plume pour transmettre et partager ses idées. Un être dont on peut écrire : il savait regarder l'actualité dans les yeux avec l'impérieux objectif de parier sur l'humain. Ne jamais baisser les bras, ne pas trahir l'espérance, croire surtout. Comme nous aurions aimé bavarder avec lui dans sa maison de Saint-Fort, un jour de printemps, quand l'estuaire serpente à l'horizon. Apprendre, échanger, imaginer un monde meilleur sans l'idéaliser, avec le souci constant de l'admettre pour mieux le comprendre...
Une "machine" prêtée la Région Nouvelle-Aquitaine qui fournit des informations sur P.H. Simon |
25 panneaux retracent les grands moments de la vie de P.H. Simon |
Brigitte Simon, Eric Depré de l'Académie de Saintonge |
• L'exposition est visible à Saintes au couvent des Jacobins jusqu'au 29 juillet (mardi, jeudi et vendredi de 13 h 30 à 18 h, mercredi de 10 h à 18 h, samedi de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h ). Elle sera ensuite à Jonzac, au cloître des Carmes, où sera donnée une conférence par Christophe Lucet dans le cadre de l'Université d'été.
Madeleine Perrin prépare l'expo en août à Jonzac avec Valentin Tournet et Christophe Lucet |
Les visiteurs se sont ensuite retrouvés autour d'un apéritif sous les arbres du jardin Martineau avec la famille de Pierre-Henri Simon, des représentants de l'Académie de Saintonge, des amis et une délégation jonzacaise conduite par Madeleine Perrin et Delphine Lévêque, chargées d'organiser l'exposition au cloître des Carmes de Jonzac en août prochain.
Marie-Dominique Montel, Hervé de Béchade et son épouse |
Penseur et écrivain humaniste intimement attaché à la terre de son enfance et à son village de Saint-Fort-sur-Gironde, à la fois lieu d’enracinement familial, source d’inspiration romanesque, espace imaginaire, personnel et poétique. Pierre-Henri Simon a fait carrière à Paris, en Belgique et en Suisse. Mais il est resté un homme de la Saintonge, ancré dans ses paysages. ses villes et bourgs, ses mentalités. Dans presque tous ses livres, s’exprime un attachement vigoureux à ces terres océanes.
Des palisses aux marais, des bois aux taillis où, enfant, il galopait, on y évoque volontiers la caille ou la bécasse débusquée au petit matin. Le passage des palombes ou encore ces compagnies de perdreaux que le chasseur fait « lever » sur les lisières. C'est de son grand-père botaniste, pharmacien de village et grand amateur de Vitgile qu’il tenait cet amour immodéré des aubes de chasse et de ces brumes odorantes où courent les chiens. De même célébra-t-il avec bonheur le jaillissement des forsythias ou des cytises dans les bosquets de la Seudre.
Les évènements des collectivités villageoises, les cousins, les dynasties de cognac, les maisons de campagne comme le Tasserand de son premier roman Les Valentin, sont autant de références familières à Ia mémoire d'un Saintongeais qui en aura, au moins, entendu parler par ses proches, Adulte, Simon analysera avec justesse la confrontation des milieux sociaux et les mœurs provinciales de la Charente de sa jeunesse.
La nostalgie des mutations :
La Saintonge offre un cadre aimable et stable qui ressuscite les émotions d’enfance. Elle apaise les conflits ou atténue leurs effets corrosifs, invite à la sérénité en indiquant aux personnages un chemin vers la paix de l’âme. Cette nature apaisante inspire à l'auteur de poétiques évocations et de subtiles allusions à la culture régionale. Elle est terre de bonheur, de mesure, d’harmonie et de foi, une terre romane. Sa douceur et son équilibre n’éteignent pas les passions - I’œuvre en témoigne - mais elle rappelle, par son incomparable lumière. notre vocation au bonheur.
De son observatoire régional, Simon rend compte des mutations de la France profonde, avec une perspicacité balzacienne. Volontiers nostalgique, il n’en est pas moins attentif au courant modernisateur qui transforme la province, L'importance grandissante de Royan comme station balnéaire, ville de plaisirs vers laquelle filent les autos, symbolise dans son œuvre ce changement des mœurs et des mentalités. De l’Affût à Figures à Cordouan, ce thème traverse ses romans.
Ses évocations de la Charente sont charnelles et gourmandes. Chez Simon, la célébration du pays n’est ni esthétique, ni mièvre, à l’instar de son voisin girondin François Mauriac lorsque celui-ci évoque les coteaux, les lilas et les vignes de Langon, les charmilles de Malagar ou l'atmosphère étouffante des pinèdes landaises, Il ne bascule pas dans un régionalisme attendri ou complaisant. Il n’est pas un écrivain de terroir. La Saintonge est pour lui un tremplin vers l'universel. Il en extrait le suc et la sève, mais n'enferme pas son lecteur dans le provincialisme.
« C’est vrai, je suis un écrivain enraciné et je ne renie pas les traditions reçues, car si je les ai dépassées, c’est en les élargissant et non en les contestant » dit-il dans son Discours pour une épée (1967). Un crédo qui rappelle le mot de l’auteur portugais Miguel Torga : « L’universel, c’est le local sans les murs ».
• Dans Sud-Ouest Dimanche, ce beau témoignage de l'historien Michel Winock : « La traversée du siècle par Pierre-Henri Simon aura été celle d'un intellectuel resté fidèle à ce que Jacques Maritain a appelé "l'humanisme intégral" »
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