Victime d’un covid long, le député Raphaël Gérard a passé plusieurs mois à se rétablir d’une greffe du cœur. La semaine dernière, il est revenu à Jonzac, fief de la 4ème circonscription avec Royan. Un secteur qu’il n’a jamais quitté puisqu’il est resté connecté grâce aux moyens de communication et à ses collaborateurs dont Evelyne Delaunay, sa suppléante. Dans l’interview qui suit, le parlementaire évoque cette période éprouvante où, aux évidentes questions d’actualité, se sont ajoutées celles que se pose toute personne exposée à des épreuves de santé. Cette situation a sensibilisé le président de la Communauté de communes de Haute Saintonge, Claude Belot, qui n’a pas hésité à lui apporter son soutien en juin 2022 lors de la campagne des Législatives. Une campagne inédite en l'absence du candidat sortant où les forces vives du territoire se sont mobilisées en sa faveur. Nous avons rencontré Raphaël Gérard à sa permanence. Il a répondu à nos questions dont celle portant sur la réforme des retraites, une manifestation de mécontentement devant avoir lieu jeudi prochain…
Raphaël Gérard et sa suppléante Evelyne Delaunay présentent leurs vœux 2023. Un nouveau collaborateur Manar Elouafi assurera la permanence de Jonzac (43 rue Sadi Carnot) à partir de février (© N.B) |
• La première question est simple : comment allez-vous ?
Je vais mieux depuis mon opération et je suis heureux de revenir enfin sur le terrain, tout en continuant avec mon équipe, Evelyne Delaunay, ma suppléante, et Thomas Norbert, mon collaborateur parisien, à travailler durant mon hospitalisation et ma convalescence. Se retrouver au contact des citoyens et des acteurs de ce territoire me ravit et me donne de l’énergie !
• Que diriez-vous aux personnes qui ont critiqué votre absence durant la campagne des Législatives de juin 2022 ?
Une greffe du cœur n’est pas une opération banale. J’ai trouvé un peu déplacé d’être attaqué ainsi. Personnellement, je n’ai pas l’habitude d’étaler ma vie privée mais dans le cas présent, j’ai fait en sorte d’être transparent vis à vis des électeurs et je n’ai pas fait mystère de mon état de santé. J’ai dit clairement ce qui m’arrivait. Depuis mon lit de réanimation, j’ai suivi la campagne électorale, ce qui était assez surréaliste. Je communiquais régulièrement avec ma suppléante Evelyne pour donner mes positions ou valider tel ou tel sujet. Nombreux ont compris la situation, ce qui explique que j’ai eu des soutiens solides dont Claude Belot, Bernard Lalande, Jeanne Blanc, des acteurs du monde économique. Leurs messages m’ont beaucoup touché. Je voyais les gens se mobiliser pour cette campagne comme si c’était la leur. J’y vois le fruit des cinq années de mon premier mandat où l’on a appris, les uns et les autres, à se connaître, à travailler ensemble sur les enjeux du territoire, malgré des lignes politiques parfois différentes.
• Vous avez remporté la Législative, mais les résultats ont été serrés face au Rassemblement National. Une alerte pour vous ?
En effet, Royan et quelques villes de la côte ont fait la différence. La montée du Rassemblement national sur la circonscription fait partie de mes axes de travail pour les mois à venir. Le vote réfractaire qu’on met en avant ne suffit pas, il y a quelque chose de plus profond qu’il faut comprendre pour le désamorcer, d’autant que j’ai passé beaucoup de temps dans les communes du Sud Saintonge où j’ai travaillé avec les maires. Le candidat RN à la législative de 2022 vit dans l'Île d’Oléron : je ne suis pas sûr qu’il soit souvent venu à Cercoux ou Bussac-Forêt par exemple ! Quoi qu’il en soit, le vote RN a été important. Il s’agit désormais d’en comprendre les vraies raisons et d’apporter les bonnes réponses. Je ne pense pas qu'ici, ce soit lié à un problème d’immigration, peut-être à un sentiment d’abandon, d’isolement. Durant le mouvement des Gilets jaunes, j’ai participé à des réunions. On voyait bien que les inquiétudes des uns et des autres étaient individuelles. Faire du cas par cas est difficile pour les services de l’Etat en dehors des dispositifs généraux qui existent. Comment identifier et parvenir à répondre aux attentes de cette population ? C’est un vrai enjeu. Je salue les nombreuses initiatives des élus du Sud qui vont à la rencontre des citoyens.
• Votre point de vue sur la réforme des retraites et la mobilisation de jeudi prochain ?
Se mobiliser fait partie de la démocratie. Toutefois il existe différentes manières d’exprimer son mécontentement, on n’est pas obligé de tout casser !
A mon sens, la vraie réforme était le système de retraite universelle par points adoptée en 2020 via le 49/3 à l’Assemblée Nationale, juste avant l’émergence du covid. Tout s’est arrêté en raison de la crise sanitaire, Jean Castex ayant d'autres priorités. J’étais pour une réforme où l’on serait revenu sur l’ensemble des régimes particuliers de retraite. Pleines actuellement, certaines de ces caisses risquent d’être vides dans dix ans en raison des tranches d’âge qui vont partir en même temps et du nombre réduit d’actifs dans ces professions.
Personnellement, j'étais et je reste opposé à un simple mouvement du curseur sur l’âge de départ, même si le Gouvernement a opté pour 64 ans au lieu de 65. Ensuite, il y a le nombre de trimestres cotisés qui sera plus important. En ce qui concerne la pénibilité, sujet largement évoqué, des mesures ont été prises et le Gouvernement reste ouvert à la négociation. Je vais suivre les débats avec attention avec l’idée de maintenir un équilibre et une petite frustration car je vois déjà un prochain projet de loi, dans cinq ou dix ans, pour corriger ce qui a été fait parce que nous n’aurons pas été assez loin. Dans le cas présent, on fait une sorte de condensé des différentes réformes en reculant l’âge de la retraite, en augmentant le nombre de trimestres, en travaillant sur la pénibilité. Ces avancées sont positives, mais insuffisantes à mon avis car le système n’est pas réformé en profondeur. En 2017, durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était engagé à faire une vraie réforme des retraites, courageuse et ambitieuse…
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