samedi 7 mars 2020

Municipales/Saintes : Renée Benchimol Lauribe, Rémy Catrou, Pierre Dietz, Bruno Drapron, Jean-Philippe Machon et Pierre Maudoux répondent aux questions des chefs d’entreprise

Invités par l’Interclubs Pro Saintes, les six têtes de liste aux élections municipales ont répondu à trois questions, plus une conclusion, quant à la façon dont il seront appelés, s’ils sont élus, à soutenir et contribuer au développement économique de la région. Les positions divergent, mais une évidence s’impose : la compétence économique dépend de la Communauté d’Agglomération (CDA) et non pas de la municipalité de Saintes, c’est donc par elle en priorité que les nouvelles synergies seront impulsées. D’où l’intérêt que le futur maire de Saintes soit aussi président de la CDA…

Invitées par l'Interclubs Pro Saintais (qui comprend sept clubs d'entreprises), 
les six têtes de liste se préparent au grand oral
A gauche, Henry Brémond, président du Club PSE (Pro Saintes Expansion) 
aux côtés des autres organisateurs
Décidément, l’époque est aux grands oraux, plus captivants que le coronavirus qui écarte désormais poignées de mains et autres embrassades des manifestations. Mercredi dernier, l’Abbaye aux Dames recevait les six têtes de liste aux élections municipales invitées par l’Interclubs Pro Saintais qui réunit sept clubs d’entreprises, soit un beau panel de décideurs.
Au centre des débats, l’économie bien sûr qui constitue « le nerf de la guerre » puisque qu’elle contribue - quand elle est prospère - à dynamiser les bassins de vie où elle attire de nouveaux habitants. Le livre blanc élaboré par la CCI de Rochefort et Saintonge et la Chambre des Métiers, "100 propositions pour développer l'économie locale", offre des pistes intéressantes dans ce domaine (dont un guichet unique pour accueillir et orienter les chefs d'entreprises et porteurs de projet).
Les participants connaissaient leur sujet et ont donc été convaincants, chacun avec leurs personnalités et sensibilités. En leur donnant successivement la parole en un temps imparti, les organisateurs avaient veillé aux éventuelles foires d’empoigne qui ont forcément un effet négatif sur l’assistance (à l’exception de ceux qui aiment compter les points ) !

La soirée encadrée par Cédric Bienvenu, président de City Shop
• Le regard que portent les candidats sur l’activité économique du territoire 

• Premier à intervenir, Bruno Drapron (L’action, le cœur en plus) souligne la difficulté relationnelle qui existe entre la CDA et la ville de Saintes, ce qui n’empêche pas le secteur de compter de belles entreprises se souciant peu des querelles politiciennes. Son souhait serait que la CDA de Saintes puisse œuvrer avec les intercommunalités de Cognac et Royan « sinon on va rester petits, on ne progressera pas ». Et d’ajouter : « la CDA a travaillé pour les futures implantations en constituant une réserve foncière ». Toutefois, il reste du travail à accomplir.

• Rémy Catrou (Saintes écologique et solidaire) : Le bilan est préoccupant avec des pertes d’emplois, le départ du siège du Crédit agricole vers Lagord, la fin de Saintronic, la suppression d’emplois à la Coop Atlantique, la perte d‘attractivité de la ville, la baisse du nombre de fonctionnaires : « 18 à la Trésorerie de Saintes, 40 au Centre hospitalier, les écoles Pelletan et Saint-Exupéry fermées, la disparition de postes dans l’enseignement secondaire ».


• Pierre Dietz (Saintes en Confiance) : Plus optimiste, il salue l’énergie des hommes et des femmes qui créent des emplois. Il regrette que la CDA, qui assure la compétence économie, ne soit que de fonctionnement et non pas de projets. Dans un rapport, la Chambre régionale des Comptes souligne d’ailleurs ses faibles dépenses en équipements et l’absence de stratégie en investissements et développement du territoire. Dans ces conditions, les chefs d’entreprises, qui ont versé quelque 9,6 millions d’euros de taxes à la CDA en 2019, seraient en droit d’attendre une meilleure réactivité de la part de cette collectivité.

• Pierre Maudoux (Pour et avec les Saintais) : « Je suis chef d’entreprise moi-même, je sais ce qu’ils vivent au quotidien et les difficultés qu’ils peuvent rencontrer ». Malgré le départ du siège du Crédit Agricole « qu’on aurait pu éviter », le territoire est riche et il résiste avec la cité entrepreneuriale, une filière industrielle solide, de belles PME dont l’une dans l’aéronautique et Lyspackaging à Chaniers, l’hôpital qui est le plus gros employeur de la ville, les secteurs de l’immobilier, l’artisanat, la justice, l’architecture, les banques, le ferrocampus, etc. « Le tourisme reste, quant à lui, nonchalant ».


• Renée Lauribe Benchimol (Saintes Vert l'avenir) : Pharmacien, elle aussi connaît bien le monde de l’entreprise « avec ses difficultés et des collaborateurs qui ne sont pas toujours au top de leur efficacité ». Le nombre de chômeurs sur le secteur est 7695 dont 57% de femmes. En face, seulement 874 offres d’emplois à pourvoir. L’important serait de faire coïncider l’offre et la demande ! L’activité tertiaire représente 66% du territoire de la CDA. Porte-parole de la liste verte, elle souhaite un débat participatif entre élus, CDA, CCI, CMA et les acteurs  du monde économique.

• Jean-Philippe Machon (Saintes 2026, Belle, Durable, Vivante) : Le maire sortant estime que l’activité économique est dynamique et en croissance, le chômage étant de 8%. Les voyants sont au vert : « Plus de 600 emplois ont été créés qui viennent pallier les pertes. Dans le domaine des animations et du tourisme, nous avons reçu 75000 visiteurs à Saintes en 2019. Le plus difficile est derrière nous ». Le potentiel existant est-il sous-exploité ? « Saintes peut tirer avantage de sa proximité avec Bordeaux. Pour cela, des trains reliant Saintes à Bordeaux en moins d’une heure sont indispensables ».


• Les engagements, les axes prioritaires avec quels moyens, pour quels résultats ?

• Bruno Drapron détaille des mesures en faveur de l’attractivité du territoire dont la constitution d’une vraie réserve foncière (au moins 80 ha), la création d’une agence de l’activité économique sise à la cité entrepreneuriale et financée par la TLPE (taxe locale sur les enseignes et publicités extérieures), les actions Cœur de Ville, la réhabilitation du hall Mendès France, que le maire de Saintes soit aussi président de la CDA (ce qui n’est pas le cas actuellement). « Il faut un réseau et que le prochain président de la CDA renforce les services de l’Agglo. Nous devons aider les entreprises à se développer avec la création d’un poste, en particulier, de "chercheur de primes" chargé des subventions pouvant être obtenues ».  S’y ajoute la dynamisation du centre ville et du tourisme.


• Rémy Catrou : Il s’agit de donner un élan à l’emploi sur Saintes, combattre le chômage et la précarité avec une politique de soutien aux entreprises, aux salariés et sans emplois, de rendre les entreprises écologiquement responsables, d’organiser des filières d’alimentation 100% bio, de mener une politique cohérente en matière de commerce, de tourisme et de transport en le rendant gratuit le week-end par exemple. En perspective, un grand musée sur le site Saint-Louis, un nouveau plan des mobilités et une volonté politique affirmée avec, pour adjoint au maire dans ce domaine, Serge Maupouet. L’objectif est également de développer les solidarités par différentes actions (dont le club de financement citoyen Cigales).

• Pierre Dietz : Il souhaite créer une agence de développement économique et regrouper différents services présents à la cité entrepreneuriale : « la CCI et le service économique ne travaillent pas toujours de façon complémentaire. L’objectif est d‘avoir une action ciblée au service de l’emploi ». L’élu et son équipe s’engagent à avoir un contact étroit avec les entreprises, à en attirer de nouvelles, à dédier une "personne ressource" à la recherche de financements (y compris européens). L’objectif est de réunir régulièrement, autour d’une même table, la CCI, un collège de chefs d’entreprise, des élus, le service économique de la CDA et, pourquoi pas, des universitaires dont l’avis est toujours le bienvenu. « Nous devons avoir des stratégies, des tactiques pour concevoir un outil performant favorable au développement ». La mise en place d’un agenda économique est à étudier.


• Pierre Maudoux : Les efforts porteront sur l’attractivité de Saintes pour en faire une ville-pilote dans le développement durable. Au programme, mettre fin aux friches industrielles en les aménageant, éviter que des entreprises concurrentes ne viennent s’installer sur un même site (exemple récent à l’Ormeau de Pied), améliorer la voirie, l’éclairage, le stationnement, proposer de la restauration sur les zones, maintenir une stabilité fiscale (augmentation surprise de la cotisation foncière des entreprises en 2017), installer la fibre optique, proposer un prix du foncier acceptable, faire venir un data center : « les entreprises locales peuvent se regrouper avec des unités extérieures ». Et de conclure en apportant son soutien aux commerçants du centre ville et aux avocats en grève depuis janvier en raison de la loi sur la réforme des retraites.

• Renée Benchimol Lauribe : Elle veut s’appuyer sur toutes les forces vives du territoire en misant sur une motivation collective : « construisons ensemble afin que chacun puisse profiter des solutions qui seront prises ». L’objectif est d’encourager les entreprises vertueuses, respectueuses de l’environnement. « Le moment est venu d’élaborer un nouveau projet avec les Saintais qui aura des retombées positives pour tout le monde ». Pour cela, un schéma directeur sera à établir.


• Jean-Philippe Machon : De grands axes se dégagent : soutien à l’innovation, développement de l’enseignement supérieur, attractivité du commerce de proximité en centre ville, essor du tourisme. L’offre foncière de la CDA doit comprendre des terrains à moins de 25 euros le m2. Deux filières économiques se distinguent actuellement : le ferroviaire avec les technologies du futur et les bioplastiques (entreprise Lyspackaging, Axevert, Tervev). Une autre, relative à l’eau, pourrait être développée avec le Lycée Agricole. Le Ferrocampus, lieu de formation et d’innovation dédié aux métiers et technologies du ferroviaire, sera « une opportunité unique avec la création d’emplois industriels ».
En centre ville, il faut lutter « contre les logements vacants et les loyers trop élevés ». Et de rappeler que durant sa mandature, 600 emplois ont vu le jour et « 1000 dans la perspective 2020/2026 ». En ligne de mire également, augmenter le nombre de touristes.

• L’adaptation du territoire aux enjeux économiques du Département et de la Région

• Bruno Drapon est favorable au développement de réseaux pour attirer des entreprises nouvelles : « le président de la CDA doit être un VRP, de même que son vice-président ».

• Rémy Catrou : Liste 100% à gauche comme il aime le rappeler, Rémy Catrou est favorable au développement écoresponsable et solidaire. Parmi les objectifs, la création d’un centre des congrès, préempter les locaux vides, une formation d’enseignement supérieur concernant l’écologie et le patrimoine, faire de Saintes « une terre zéro chômeurs de longue durée ».

Le public réuni à l'Abbaye aux dames
• Pierre Dietz : souhaite créer des partenariats entre la CDA de Saintes et les CDC de Saint-Porchaire et de Gémozac en impulsant ambition et dynamique : « le territoire a besoin d‘être fort autour d'un leader. La CDA doit aider les maires à concrétiser leurs projets ».

Pierre Dietz et Pierre Maudoux
• Pierre Maudoux : préconise une stratégie territoriale avec un rapprochement avec la CDA de Cognac. En matière de tourisme, des partenariats sont à établir avec Royan, La Rochelle, etc.

• Renée Benchimol Lauribe : Il s‘agit de donner une identité au territoire dont les richesses sont parfois méconnues : « nous avons un patrimoine exceptionnel qui n’est pas mis en valeur. Saintes est une ville d‘art et d‘histoire. Qu’elle tire pleinement parti de ce label ! ». Elle soutient une stratégie de développement concerté.

Chaque tête de liste avait ses supporters !
Au centre, Stéphane Trifiletti, conseiller régional EELV
• Jean-Philippe Machon : Il existe un projet de territoire fait par la CDA auquel la ville de Saintes a participé. Des liens existent avec Charentes Tourisme, la Région Nouvelle-Aquitaine pour le Ferrocampus (20 millions d’investissement), Bordeaux métropole, l’université Bordeaux/Montaigne, la Fondation du Patrimoine, la Banque des territoires, Action logement, SNCF Développement. Lui aussi regrette que la CDA ne soit que de fonctionnement et non pas d’investissement : « si un centre des congrès est construit un jour à Saintes, ce sera forcément la CDA qui portera le dossier ».

En conclusion :

• Bruno Drapron : « Travailler en réseau avec les CDA de Cognac et Royan »

Il revient sur le financement du Ferrocampus : « je suis le seul ici à siéger en commission permanente de la Région Nouvelle-Aquitaine qui a investi un million d'euros pour la faisabilité et la préfiguration de ce ferrocampus. Les 20 millions d’euros annoncés sont liés à des autorisations de programme et nous ignorons si ce projet sera poursuivi au cas où le président de la Région venait à changer en 2021 ».
Au sujet du rapprochement avec les intercommunalités de Gémozac et de Saint-Porchaire, « il prendra du temps. Nous proposons, comme je l’ai dit, d’établir un réseau avec les CDA de Cognac et Royan ». Pour l’action Cœur de Ville, il suggère d’accélérer la présentation des projets. Enfin, il évoque un campus connecté qui permettrait aux étudiants de suivre leurs cours sans avoir à se déplacer obligatoirement à la faculté.

• Rémy Catrou : « Chefs d’entreprise, vous pourrez travailler avec une mairie de gauche »

« Notre philosophie est de servir l’intérêt général… et non pas de se servir soi-même ». Parmi ses objectifs « soutenir l’hôpital de Saintes qui affiche un déficit de 14 millions d’euros dont 1,4 compensés par l’ARS. 40 postes ont été supprimés en psychiatrie, le pôle mère et enfant et la chirurgie. Nous devons maintenir son statut d’hôpital référence au CH ».
Et d’ajouter : « travailler avec une mairie 100% à gauche peut entraîner des réticences de la part du monde économique.Vous n’avez pas à avoir de craintes, nous trouverons ensemble des solutions collectives. Des commissions extra-municipales seront créées, avec le but pour la nouvelle municipalité d’être un phare de la démocratie ».

• Pierre Dietz : « Il y a 67 ha de terrains publics et privés qui attendent des entrepreneurs »

« Vous m’avez appris l’histoire de l’économie locale » dit-il aux chefs d’entreprise. La CDA doit tirer l’économie vers le haut : « Lors de cette campagne,  j’ai rencontré le président du Conseil départemental Dominique Bussereau, qui m’a présenté les enjeux ferroviaires, et Claude Belot, président de la CDC de Haute-Saintonge regroupant 129 communes. Pour lui, la priorité est de travailler en dehors des clivages politiques. Le regard qu’il porte sur notre territoire est intéressant. Il estime que Saintes, qui a voulu être indépendante et autonome, est maintenant isolée. La ville centre et la CDA doivent travailler à nouveau ensemble et pourquoi ne pas rejoindre la SEM Energie Midi Atlantique comme l’ont fait la CARA de Royan, les CDC de Haute Saintonge, Blaye et Barbezieux ? Il ne doit plus y avoir de conflit. Il faut un patron, un homme déterminé à avancer pour fédérer les énergies. Et puis le réalisme est de rigueur. Comment peut-on annoncer qu’on va créer 1000 emplois supplémentaires en six ans ? Cela n’a pas de sens ».

• Pierre Maudoux : « Pas besoin de patron du territoire, chacun connaît son boulot ! »

Répondant à Pierre Dietz sur la présence « d’un patron » pour mener la barque, Pierre Maudoux se veut « humble pour écouter les autres, chacun connaissant son boulot ». Il estime qu’actuellement, les chefs d’entreprise ne sont pas soutenus par les élus tandis que se posent des problèmes de recrutement de main d’œuvre qualifiée, des carences en personnel médical. Il faudrait également restaurer l’offre culturelle et touristique, valoriser les vestiges gallo-romains et travailler au classement de Saintes, ancienne capitale de la Gaule Aquitaine, au patrimoine mondial de l’Unesco. Et de rappeler qu’il est attentif aux dossiers de la Palu, du site Saint-Louis où il verrait bien un musée, aux jumelages, au développement durable et à l’avenir des jeunes dans la cité.

• Renée Lauribe Benchimol : « Dans notre équipe, on ne dit pas "je" mais "nous" »

Dans un discours humaniste, la candidate des Verts souhaite que la ville réalise davantage de projets utiles dans un environnement qui reste vivable. Agir en faisant preuve d’idées innovantes et ne pas formuler des promesses qui ne seront pas tenues. « Dans notre équipe, on ne dit pas "je", mais "nous". C’est pourquoi, si nous sommes élus, nous porterons des projets bénéfiques pour la collectivité ». Elle mise sur l'intelligence humaine et les co-constructions avec les acteurs du territoire dans des démarches participatives : « le modèle inverse de celui où un grand patron décide pour tout le monde sans l'avis des autres »...

• Jean-Philippe Machon : « ce n’est pas Saintes qui est isolée, c’est la CDA »

Ayant travaillé plusieurs décennies dans le monde l’entreprise - « toute ma vie pendant 35 ans » - le maire sortant estime qu’il est nécessaire de bien connaître ses dossiers. Lui aussi échange avec le président de la CDCHS, Claude Belot (décidément très cité ce soir-là !). « Ce n’est pas Saintes qui est isolée, mais la CDA, c’est pourquoi la situation doit évoluer. J’ai la même impatience que vous. Mon équipe et moi-même sommes opérationnels » dit-il. Il rappelle que la conception des projets n’est pas un long fleuve tranquille, soit « 10% d’inspiration et 90% de transpiration » : « On transpire beaucoup pour concrétiser les dossiers et le développement économique est notre priorité ». Durant son mandat, des entreprises se sont installées sur Saintes. Son objectif est favoriser la création de nouveaux emplois.

Organisateurs et candidats
Le débat a donc été riche et bien "orchestré" par les organisateurs et Frédéric Saint-Paul, responsable de l’Abbaye aux Dames. La suite le 15 mars dans les urnes !

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