jeudi 20 septembre 2018

Saintes/Saint-Eutrope sort ses habits de lumière

Christian Gensbeitel : « Dans un an, nous serons en mesure d’offrir un nouvel éclairage sur Saint-Eutrope grâce à une maquette virtuelle » 

La crypte et le tombeau de Saint-Eutrope (© Nicole Bertin)
Une architecture romane à découvrir
A Saint-Eutrope, les journées du patrimoine ont été l’occasion de présenter les résultats de la prospection archéologique de mai dernier (réalisée par l’Inrap). 

Parmi les éléments ignorés à ce jour, les chercheurs ont constaté la présence d’une nécropole mérovingienne côté nord ainsi qu’entre le mur de soutènement et l’emplacement de la nef. Le chevet a été édifié sur un cimetière tandis que la crypte repose sur du rocher. En conséquence, si une construction précédait la crypte, tout a entièrement disparu.

Un nombreux public pour écouter la présentation de Christian Gensbeitel samedi soir (extérieurs et intérieur, crypte et église haute)

La prospection géoradar a confirmé de probables bâtiments (traces d’un cloître ?) sur la partie droite (actuelle chapelle Chavagne) et vers le bras de transept (côté prieuré). Compte-tenu de ces nouvelles informations, une maquette virtuelle, à partir du relevé 3D de la basilique, sera élaborée afin de mieux comprendre la topographie et les liaisons entre les différents espaces. Comment le prieuré, qui accueillait les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, fonctionnait-il ? Comment s’opérait la relation entre les structures ? Ce travail sera l’occasion d’offrir une réactualisation de Saint-Eutrope en prenant en compte les nouvelles données archéologiques, mais aussi les documents (plans, gravures, etc) qui montrent la nef telle qu’elle était avant que l’entrée ne soit détruite au début du XIX e siècle pour des raisons de vétusté. Les spécialistes disposent de dessins et tableaux qui représentent Saint-Eutrope avant cette "amputation"  ainsi que du témoignage de Claude Masse, géographe de Louis XIV.
De nombreuses questions subsistent : « Pour l’instant, par exemple, nous n’avons pas situé l’accès qui permettait de se rendre de la nef à la crypte. S’agissait-il d’un système d’escaliers, de paliers ? » souligne Christian Gensbeitel, maître de conférences à l’université Montaigne Bordeaux III et responsable du projet collectif de recherches.

Le porche était roman, l’ensemble ayant été retouché au XVe. La crypte l’a été également puisque les premiers piliers ont été épaissis à cette même époque, au moment de la construction du clocher gothique. Si l’ensemble des chapiteaux de la crypte datent du XIe siècle, certains semblent avoir été remaniés au XIIIe. Lors d’une campagne de travaux ?

Où était l’emplacement de la première crypte abritant le tombeau de Saint-Eutrope ? Mystère…

Les lumières de la crypte (© Nicole Bertin)

Le tombeau de Saint-Eutrope, quant à lui, a été déposé dans la crypte que nous connaissons en 1096. Il reposait jusqu’alors dans une autre lieu cultuel dont on ne connaît pas l’emplacement. L’historienne Cécile Treffort effectue actuellement la traduction du texte relatif à la translation des reliques. Un certain Benoît, maître d’œuvre, aurait conduit le chantier. Y est évoquée une église construite par l’évêque Saint-Pallais. Mentionnée par Grégoire de Tours, elle aurait été rebâtie par Léonce le Jeune (né à Saintes au début du VIe siècle). Etait-ce dans cet édifice que se situait la crypte primitive et les reliques de Saint-Eutrope ? « Il faut rester prudent » admet Christian Gensbeitel.

Des visages surgissent des chapiteaux
A noter la prestation d'Evelyne Moser, conteuse et musicienne de talent
Fin 2019, qui correspondra à la fin du PCR (projet collectif de recherches), une maquette virtuelle sera donc présentée au public. Elle s’accompagnera du bilan des recherches scientifiques menées sur le site. Le processus d’études devrait se poursuivre par des travaux réalisés par la mairie en partenariat avec la Conservation des Monuments Historiques et les architectes Christophe Amiot (MH) et Elsa Ricaud du cabinet Sunmetron. « Dans un an, nous serons en mesure d’offrir un nouvel éclairage sur le site de Saint-Eutrope » conclut Christian Gensbeitel.

Le clocher gothique
L'église, illuminée elle aussi


• Sanctus, concert de l’ensemble Diabolus in Musica

Voix célestes pour terminer cette soirée en la basilique...

Bravo aux organisateurs de cette rencontre, Muriel Perrin et Christian Gensbeitel, sans oublier Evelyne Moser et tous ceux qui ont contribué à la réussite des Journées du Patrimoine 2018
L'info en plus

• L’édifice souffre de problèmes d’humidité, la crypte en particulier. Si l’on draine au dessous du niveau du sol de la crypte, le prix des travaux risque d’être fort élevé pour la Ville. D’autres solutions existent sans doute…

• On dit qu'après 596, Saint-Pallais, évêque, construisit une basilique sur la tombe de Saint Eutrope et développa dans sa cité le culte des saints. On ignore où était cet édifice.

• Sous la nef, ont été repérés, en dessous du niveau médiéval, des parties antiques et du haut Moyen-âge comprenant également des sarcophages.

• Le cimetière mérovingien abrite des tombes (à fouiller) qui sont empilées les unes sur les autres le long du chevet.

• Le cimetière de Saint-Eutrope, qui devait être quasi saturé, a été utilisé jusqu’au XIXe siècle.

Entrons dans l'univers des bâtisseurs

© Nicole Bertin

Aucun commentaire: