jeudi 19 janvier 2017

Accusé de pratiquer la méthode Coué et de dissimuler les comptes de son cabinet, Jean-Philippe Machon déplore « le manque d’imagination et de maturité dans la gestion communale » de l’opposition

Boostée à la vitamine C, l’opposition à Jean-Philippe Machon a sorti l’artillerie mercredi au conseil municipal lors du débat d’orientation budgétaire. Critiques, insinuations sur les comptes du fameux cabinet du maire ont fortement irrité le premier magistrat…


Ce soir-là, Jean-Philippe Machon est grippé. Il l’était déjà lundi lors des vœux du Centre hospitalier où une toux sèche révélait les symptômes évidents de cette maladie hivernale. « Je vais me soigner car après-demain, c’est le débat d’orientation budgétaire » avait-il glissé à ceux qui s’inquiétaient de son état.
Mercredi à 18 h, il est effectivement opérationnel, ne voulant pas manquer ce rendez-vous incontournable pour la vie de la cité. La présentation des comptes de la ville est importante ainsi que les perspectives qui permettront à Saintes de tirer son épingle du jeu.
Le budget, détaillé par Frédéric Neveu, subit la rigueur ambiante : les dotations de l’Etat sont en nette diminution et Saintes ne voulant pas accroître la fiscalité locale (quand Jean Rouger avait augmenté la taxe foncière de 17% en 2009), les marges de manœuvre s’en trouvent réduites. Toutefois, la municipalité a de l’ambition : elle a parfaitement compris que ses atouts historiques constituaient une manne quant à la fréquentation touristique. Abbaye-aux-Dames, cathédrale Saint-Pierre, église Saint-Eutrope et sa mystérieuse crypte, valorisation du site Saint-Louis, ancien oppidum gallo-romain, vallon des arènes et son amphithéâtre digne de la grande Médiolanum Santonum, capitale des premiers siècles de notre ère, voilà un circuit à valoriser. S’y ajoute, sur les bords de la Charente, l’arc de Germanicus qui fêtera ses 2000 ans cette année !

En conséquence, la culture occupe 18% des investissements. Serge Maupouet, membre de l’opposition, constate qu’en 2015, ce pourcentage était de 19% : un point en moins. Suit alors une charge d’artillerie contre le maire accablé de tous les maux. Si François Elhinger a « rêvé » en écoutant les projets décrits par le premier magistrat, il n’y voit que la méthode Coué : « Vous dites "il faut, nous devons", il manque le y’a qu’à. Je n’ai pas ressenti le vrai souffle pour réveiller cette ville endormie qu’est Saintes. Que faites-vous pour les jeunes, les personnes âgées, l’environnement, le développement durable ? Tout ce que vous avez entrepris, c’est du Ripolin ! Comment maintenir la population à Saintes dans ces conditions ? J’ai trois enfants qui n’envisagent pas de s’y installer ».

Les fameux comptes du cabinet du maire

Rebelote avec Philippe Callaud : « votre rôle est d’assurer les meilleurs services aux citoyens au moindre coût. Vous ne cessez d’accuser l’Etat de réduire ses dotations. Depuis trois ans, c’est toujours la même chose. Faites comme certains maires de droite, dont Benoist Apparu, adaptez-vous et réagissez ! Le nouveau souffle, annoncé pendant les élections municipales, reste à provoquer d’autant que vous pourriez bénéficier des taux d’intérêt qui sont bas actuellement. Mais vous préférez baisser les dépenses d’équipement. Vous avez une solution, c’est d’œuvrer dans la transparence »…
C’est alors que reviennent sur le devant de la scène « les fameux comptes du cabinet du maire » que l’opposition n’a jamais réussi à se procurer : « depuis votre élection, nous les demandons afin que les choses soient claires. Pourquoi les cachez-vous ? Quand vous travailliez encore dans la région parisienne, auriez-vous utiliser des fonds de la commune pour vos déplacements ? Nous le supposons ! Vous pouvez toujours me poursuivre en diffamation. Nous sommes des élus au même titre que vous et nous avons le droit de savoir ».
Un blanc s’installe dans les rangs. Pour peu de temps, le maire réagissant, furieux : « La Chambre Régionale des comptes réalise actuellement un audit. S’il y a quoi que ce soit, elle ne manquera pas de le remarquer » rétorque-t-il. Et d’ajouter : « on s’écarte complètement du débat d’orientation budgétaire. Ne dites pas que vous n’obtenez pas d’informations, vous avez eu des rendez-vous avec Loïc Pelloud ».
Philippe Callaud n’en a pas fini : «  vous parlez de réaliser des économies. Où en est la mutualisation des personnels avec la CDA que vous aviez engagée ? Vous avez fait exactement le contraire depuis deux ans en embauchant de nouveaux collaborateurs ». Sur les investissements, le porte-parole des Radicaux de gauche souligne que c’est lui qui avait suggéré à Michel Baron l’idée de la médiathèque François Mitterrand : « La ville se meurt, le Technicentre de la SNCF est en souffrance, Saintronic est vide, le Crédit agricole est parti et Alain Rousset, président de la Région, a récemment déclaré que Saintes et Fumel étaient les deux secteurs en difficulté de la Nouvelle-Aquitaine ». 

Les grandes orientations de la ville de Saintes en investissement
Jean-Philippe Machon : « Qu’ont fait les maires de Saintes pour créer des richesses » ?

Frédéric Neveu monte au créneau : « Que nous ayons réduit les dépenses d’investissement était une obligation. Sinon, aujourd’hui, la ville serait sous tutelle du Préfet ». Jean-Philippe Machon abonde dans son sens : « les maires des précédentes mandatures ont-ils créé des outils pouvant apporter des recettes à la ville ? Non. Ont-ils créé des activités générant des richesses ? Non. Nous travaillons à cette recherche, comme le font des villes comme Jonzac qui est à l’origine d’une station thermale, d’un casino et bientôt d’un centre des congrès ». Effectivement, Saintes est mieux placée géographiquement que Jonzac pour se doter d’infrastructures de vaste taille.
Quant à la mutualisation des personnels avec la Communauté d’Agglomération, il se souvient que Philippe Callaud ne l’a guère soutenu. « Vous auriez pu me suivre » lui dit-il. Philippe Callaud prend acte. Sur ce chapitre, la Gauche n’a pas beaucoup aidé l’ex-président à conserver son siège !

Suivent des critiques de la majorité sur le manque de pertinence de la municipalité précédente, prête à brader le bâtiment vétuste situé en bas de Bellevue (alors que l’actuelle mairie a obtenu d’Esso une somme intéressante, d’où un gain pour la collectivité) ; l’achat de la Trocante (local bourré d’amiante) acquis pour un montant « non justifié » de 600.000 euros où sera installé le futur centre archéologique ; les tâtonnements au sujet de l’aménagement du rond-point des pompiers. L’équipe Machon, quant à elle, entend réaliser dans les années à venir cinq ou six projets qui amélioreront les conditions de vie des habitants. Laurence Henry n’en est pas persuadée, elle qui se définit comme « une femme d’affaires veillant à ce qu’il y ait des retours sur investissement ». A son avis, Jean-Philippe Machon pratique une gestion de « bon pépère » en cachant soigneusement les comptes de son cabinet (encore lui !!!).

L'opposition à Jean-Philippe Machon s'est abstenue sur le DOB
Jean-Philippe Machon, qui lutte contre les assauts de la grippe, retrouve un regain d’énergie face à l’adversité : « l’an dernier, on m’avait fait remarquer que la présentation du DOB n’était pas assez étoffée, que je n’expliquais pas assez mes objectifs. Cette année, j’ai donc été plus précis et détaillé dans mes commentaires. J’espérais de l’opposition qu’elle fasse des propositions alternatives. Au lieu de cela, j’ai eu droit à des attaques de politique politicienne et des insinuations désagréables à mon sujet démontrant un niveau d’imagination peu élevé et un manque de maturité dans la gestion communale. Nulle part dans vos propos, n’apparaissent des propositions constructives concernant l’avenir de Saintes ». Josette Groleau hoche la tête : « il fallait nous le dire de présenter des projets ! ». La prochaine fois, donc…

• Au sujet du départ du Crédit Agricole : M. Roudier évoque une histoire vieille de vingt ans qui est intéressante. En effet, il rappelle que le Crédit Agricole devait s’installer sur le fief Mont Louis (où est la MSA), sur des terrains de 6 ha réservés à cet effet. Il n’aurait pas pu s’implanter comme il le souhaitait. « Pourquoi ? » s’interroge l’élu. Conséquence, le siège est désormais dans la périphérie rochelaise.

Comme ses collègues, Josette Groleau a reçu trois documents successifs du DOB, ce qui semble l’avoir "décoiffée". S’engage alors un échange sur la disparition de la tarification sur la dernière version, qui se traduit par cette déclaration : « on va dérouiller si tous les tarifs augmentent à Saintes ». Frédéric Neveu a beau lui rappeler que les économies se feront sur les dépenses, elle n’en démord pas, d’autant que certains tarifs ont été majorés, à Saintes comme ailleurs…

• Attention à la fiscalité locale : Jean-Philippe Machon a constaté que la fiscalité locale (taxes foncières, d’habitation) était moins élevée dans certaines communes proches de Saintes, les rendant plus attractives pour s’y installer. Voilà qui pose problème quand ces mêmes habitants utilisent les services saintais, les cours du Conservatoire par exemple.
L’objectif étant de conserver la population sur la ville centre qui investit et entretient les structures, il envisage de favoriser les familles domiciliées à Saintes. Ainsi, il pourrait y avoir plusieurs tarifs selon les lieux de résidence. Serge Maupouet remarque qu’en 2017, ce système n’a pas été mis en place au Conservatoire…

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