samedi 28 février 2015

Réaux, Moings
et St-Maurice de Tavernole s’unissent
Nom de mariage Réaux sur Trèfle
Les craintes d’une habitante de Moings :
« j’espère que nous n’allez pas
nous enterrer »

Elles sont comme les trois Mousquetaires, tenues par le même serment. En choisissant de s’unir à partir du 1er janvier 2016, Saint-Maurice de Tavernole, Moings et Réaux montrent l’exemple qui est de réduire le nombre de communes. Cette nouvelle commune s’appellera Réaux sur Trèfle. Moment historique le 7 février de l’an de grâce 2015, une réunion d’information s’est tenue à la salle municipale de Réaux à laquelle était conviée la population. 


Samuel Mariau au micro aux côtés de Guy Brotteau et Patrick Berthelot

Depuis un temps certain, les gouvernements successifs tentent de réduire le nombre de communes. 36000 calquées sur les anciennes paroisses, ce chiffre se passe de commentaires. On pensait y arriver en créant les communautés de communes, mais le résultat a été bien décevant. Non seulement la fiscalité locale s’est envolée, mais les communes, très attachées à leur clocher, ont résisté. Des regroupements oui… à condition que les territoires des uns et des autres soient conservés ! On peut comprendre ce souci d’identité qui s’appuie sur l’héritage du passé. Et puis le maire est l’élu de proximité préféré des Français !

La situation s’est dégradée et certaines petites communes ont rencontré des difficultés à présenter une liste complète aux élections municipales. La raison est en partie liée à la parité hommes/femmes. Cette situation, Moings l’a connue, puis Saint-Maurice de Tavernole en mars 2014. « Ce n’est pas évident de travailler dans ces conditions. En conséquence, les trois communes ont décidé de se rapprocher fin 2012 » explique Patrick Berthelot, maire de Moings. Des exemples de fusion existent déjà dans la région, Saint-Georges de Cubillac et Antignac qui ont formé Saint-Georges Antignac, les communes de Vallet et Chardes associées à Montendre ou Tugéras et Saint-Maurice de Laurançanne.
Lorsque les partenaires ont été convaincus du bien-fondé de leur démarche, début 2014, ils se sont adressés aux services fiscaux pour examiner la marche à suivre. « En février, nous avons organisé des réunions pour expliquer ce que nous voulions faire. Le scrutin municipal ayant lieu quelques semaines après, nous allions rapidement savoir si les habitants cautionnaient notre choix ou pas » explique Guy Brotteau. Manifestement, les urnes furent stables : l’idée d’un regroupement ne gênait pas les électeurs.


Lors du congrès des maires à Paris, les élus en profitèrent pour se renseigner sur les modalités d’une telle union : « qu’ils soient de droite ou de gauche, tous nous ont dit que le nombre de communes devait obligatoirement être moins important dans les années à venir. 36000 en France sur un total européen de 72000 ! Notre volonté s’inscrivait dans l’air du temps ! ».
Fin 2014, les trois conseils municipaux ont opté pour la préparation d’une charte. Des documents ont été remis à la population à titre de consultation. « Nous en avons envoyé 400. 50 nous sont revenus, seuls trois avis étaient négatifs ». Parmi les questions posées, « quel nom donneriez-vous à la nouvelle commune ? ».
Sur ce chapitre, les habitants ont fait preuve d’imagination. Il fut alors décidé d’organiser une réunion publique où serait dévoilé le nom de baptême de la nouvelle commune… en ménageant un suspense digne des Césars !

Une seule mairie à Réaux

Samuel Mariau, l’un des plus jeunes maires de la Haute-Saintonge, est satisfait de ce « mariage » : Saint Maurice travaille avec Moings depuis 1959 par le biais d’un syndicat. « Désormais, les trois communes, qui possèdent une continuité géographique, œuvreront ensemble. Nous pourrons améliorer les services et renforcer la représentation ».


La grande question que se posent les habitants est simple : quels sont les changements qui interviendront dans leur quotidien ? En ce qui concerne le RPI, rien ne bouge. Le personnel employé par les syndicats sera transféré vers la commune nouvelle, de même qu’elle chapeautera les bâtiments communaux, les équipes sportives, l’action sociale. Les associations continuent à vivre leur vie… sauf que leur siège social sera situé dans la commune nouvelle qui poursuivra les actions engagées (carte communale, PLU), la politique d’aménagement du territoire et la voirie.
La nouvelle mairie, dont les locaux seront aménagés, sera située à Réaux au 7 de la rue de Haute Saintonge. Elle sera ouverte du lundi au vendredi. « Resteront Maryline à temps plein et Virginie à mi-temps, notre secrétaire de mairie devant prendre sa retraite le 31 décembre » explique P. Berthelot.


Le rapprochement deviendra effectif le 1er janvier 2016. De 2016 à 2020, le conseil municipal comptera un maire et 29 membres (issus des trois communes) afin de ne pas diminuer la représentation brutalement. De 2020 à 2026, ce chiffre sera ramené à 15. Il fut ensuite question des ressources financières. Les communes sont prévenues : elles devront faire preuve d’imagination et gérer au plus près. C’est la nouvelle commune qui fixera les taux des principales taxes. A noter qu’aucune des trois communes n’a souscrit d’emprunt « toxique » ! 



Et le nom de baptême est…

Après avoir apporté des détails sur la fiscalité et autres modifications liées à l’avènement de cette nouvelle commune, vint l’heure d’annoncer son nom de baptême (dont le nombre de lettres ne pouvait excéder 23). Auparavant, les trois conseils avaient voté à bulletins secrets pour le désigner parmi 50 propositions. Nombreuses sont originales : Réaux Val de Trèfle, Réaux les trois clochers, Les trois clochers sur Trèfle, Saint Vincent sur Trèfle, Tréflac, Trifiola, La Trinité en Saintonge, Reosaintmoings. Les édiles ont tranché sagement : ce sera Réaux sur Trèfle parce que ce cours d’eau traverse les trois communes. « Ça coulait de source » plaisante P. Berthelot !
Quant à Guy Brotteau, il était opposé à Réaux les trois clochers : « on aurait rapidement plaisanté à notre sujet si nous avions fait ce choix. Clocher, cloche, il n’y a qu’un pas » souligne-t-il avec humour !


Dans la salle, les gens saluent la naissance « d’une grande et belle famille ». D’autres, par contre, sont inquiets quant à l’avenir des manifestations et plus généralement des associations dans chaque ancienne commune : « vous n’allez pas nous enterrer tout de même ! ».
« Pourquoi voulez-vous que les associations disparaissent ? Elles continueront à proposer des activités, y compris la sardinade de Moings en juin ! » rétorquent les maires qui se veulent rassurants. Des interrogations fusent.
Les ACCA pourront-elles composer un plus large périmètre ? « Ce sujet est indépendant de la commune, il est du ressort de la préfecture ». Et les cartes grises pour la vente des véhicules, l’adresse ne sera plus valable ? « On collera une pastille ».
Un participant monte au créneau : « pourquoi dresser un tableau idyllique puisque que vous allez perdre des ressources ? Il faut se battre pour conserver les dotations ». Le maire de Moings rappelle que sa commune et celle de Saint-Maurice ont eu du mal à composer des listes aux municipales : en conséquence, ce choix va dans le sens de l’histoire.
Son voisin aurait souhaité un referendum et craint que « les deux plus petites communes ne deviennent des cités dortoirs commandées par celle d’à côté ». Entendez Réaux la souveraine !
Et puis pourquoi, dans le choix du nouveau nom, avoir conservé Réaux plutôt que Moings ou Saint-Maurice ? La réponse est claire : « La renommée de Réaux est plus importante que celle des deux autres ». Dont acte. Disons qu’elle est située sur l’axe Jonzac/Archiac/Cognac.


Bref, les bans sont publiés et même si une partie de la parenté a soulevé des remarques - ce qui est naturel - Réaux sur Trèfle verra le jour l’an prochain. « Nous ne sommes pas loin de Jonzac. Après tout, on pourrait continuer à se regrouper ! » propose un habitant. Et pourquoi pas ?

• Le Gouvernement aide aux rapprochements : jusqu’en 2018, les dotations resteront les mêmes alors qu’elles auraient dû être inférieures. Cela permettra d’équilibrer la fiscalité locale sur la nouvelle commune (Moings devrait subir une petite augmentation ; Réaux et Saint-Maurice une légère baisse). La nouvelle commune n’a pas choisi le « lissage » sur douze ans qui aurait pu être envisagé.

Les trois communes réunies
• En ce qui concerne les adresses postales, à partir du 1er janvier 2016, on pourra laisser le nom de l’ancienne commune, mais le 17500 devra être accompagné de Réaux sur Trèfle. Une seule rue, celles des Moulins, existe en commun sur Saint-Maurice et Réaux ; l’un des noms sera changé. • L’actuelle mairie de Moings pourrait accueillir des logements locatifs.

• Le premier achat réalisé par les trois communes a été un corbillard. Cette fois-ci, pas question de mettre les pieds devant !!!

• Référendum : un participant aurait souhaité une large consultation des habitants. Les trois maires estiment qu’elle a eu lieu par via la distribution de documents dans les boites à lettres. Et d’ajouter « pourquoi ne pas avoir abordé le sujet au moment des Municipales ?». L'intéressé pense qu'un référendum aurait permis de s'exprimer librement et aurait touché tous les habitants.

Les participants expriment soit leur satisfaction, soit leurs craintes...

Jean-Claude Renaud, la mémoire de Réaux !
• Evidemment, il y a des habitants qui ne sont pas très heureux de voir disparaître le nom de leurs communes respectives. Ils ont du vague à l’âme. Cette attitude est compréhensible parce qu’elle est liée à des souvenirs et finalement à leurs racines.

• La nouvelle commune fera plus de 800 habitants (Moings 176, Réaux 520, Saint-Maurice 132).

• Grande rencontre de joueurs de palets dimanche 21 février dans la salle municipale de Moings. Communes participantes : Saint-Pardon en Gironde, Cercoux, Saint-Georges de Coteaux et bien sur Moings. St Georges des Coteaux a remporté cet inter-clubs. Nouvelle rencontre en septembre.

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