mercredi 11 juin 2014

Les rendez-vous de l’Etat : Claude Belot parle franchement
à Béatrice Abollivier


Après Rochefort, les services de l’Etat organisaient jeudi dernier à Jonzac une réunion destinée aux élus. Une initiative nouvelle dans chaque arrondissement de Charente-Maritime. Prochains rendez-vous à La Rochelle, Saint-Jean d’Angély et Saintes. 

C’est au centre aquatique des Antilles qu’avait lieu cette assemblée, organisée par la Préfecture. De nombreux maires avaient répondu à l’invitation de Béatrice Abollivier. Histoire de se mettre dans le bain, autrement dit dans l’actualité, chaque participant reçut un dossier détaillé « l’Etat à vos côtés ». Différents thèmes y sont abordés, de l’organisation des services à la fiscalité, des directions départementales à la sécurité, de la cohésion sociale à l’éducation nationale.

Claude Belot accueille la délégation rochelaise
Claude Belot, sénateur maire de Jonzac, accueillit la délégation rochelaise avec son humour habituel : « les gens qui viennent ici, dans le grand Sud, sont surpris qu’on y parle le français ! ». Eh oui, entre la préfecture et Saint-Aiguilin, 176 kilomètres vous contemplent (pour les pyramides, il faudra attendre !). A une époque, celle des diligences, être sous-préfet de Jonzac présentait des avantages : les messages mettaient un certain temps avant de parvenir à leur destinataire. Avec internet, les mails et les portables, tout le monde est connecté. Malgré l’excellence des transmissions, la gestion d’une commune est soumise à des subtilités que peuvent ignorer les nouveaux édiles. D’où la nécessité de leur apporter les informations nécessaires par une communication « ciblée ».
 Lors des dernières élections municipales, 8000 élus sont sortis des urnes. Ils sont attachés à leurs communes respectives, « la maison-mère, lieu où s’incarne la République ».


Il fut bien sûr question de la sous-préfecture de Jonzac. Elle recevra prochainement un nouveau sous-préfet, Jean-Philippe Aurignac ayant été nommé à Périgueux. Outre l’accueil du public, ses missions concernent les collectivités locales, la sécurité civile, la prévention de la délinquance, l’aménagement et l’organisation du territoire, le développement des entreprises (suivi de la LGV par exemple), la santé, le logement, et un créneau spécifique lié au port d’armes.

Béatrice Abollivier insista sur le domaine de l’emploi qui reste préoccupant dans le pays. En Poitou-Charentes, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A s'élève à 82209 fin mars 2014. Parmi les départements de la région, la Charente-Maritime présente un taux de chômage élevé (10,6%). Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégories A, B et C s'y établit à 50677 fin avril (+ 3,2% sur un an). Les plus de 50 ans sont majoritairement concernés avec une augmentation de 7%.
 Elle incita les collectivités à recruter par le biais des contrats uniques d’insertion (l’Etat assure 95% du SMIG, ce taux doit baisser à partir de juillet) et des emplois d’avenir qui s’adressent à des jeunes sans diplôme. Elle félicita la CDCHS qui a favorisé cette politique (elle compte 180 personnes en chantier d’insertion) ainsi que les associations, largement impliquées.

 Serrer la vis ? 

« Depuis un an, le taux de chômage a baissé en Haute-Saintonge. Les élus et les entreprises sont sensibles à ce problème. La situation de l’emploi est dramatique en France. En 2000, il n’y avait que 20.000 demandeurs d’emploi en Charente-Maritime » souligna Claude Belot. Se mobiliser est nécessaire mais il existerait, semble-t-il, une incompréhension entre le Pôle emploi et la Maison de l’emploi, outil créé par la CDCHS dont est responsable Jean-Michel Rapiteau. « Certaines administrations de l’Etat n’ont pas le droit de se conduire comme elles le font. Nous affichons un maximum de bonne volonté et nous ne recevons pas le partenariat qui nous permettrait d’obtenir une réussite plus grande » expliqua l’élu.
Béatrice Abollivier reconnut que la Maison de l’Emploi de Jonzac était performante : « toutes n’ont pas la même valeur. Des problèmes relationnels peuvent exister en certains endroits, mais ils ne doivent pas altérer le bon fonctionnement des structures locales ».

Béatrice Abollivier, préfète, répond aux questions de Claude Belot. A ses côtés, Michel Tournaire, secrétaire général de la préfecture, Bruno Cruchant, directeur de cabinet du préfet, des représentants des services fiscaux, Dominique Bussereau, Jean-Philippe Aurignac.
Une autre difficulté se pose avec les réserves, enveloppes financières attribuées aux parlementaires qui doivent, pour les débloquer, recevoir le feu vert du Ministère de l’Intérieur. Or, d’après le sénateur-maire de Jonzac, le document arriverait de plus en plus tardivement : « d’un mois, nous sommes passés de six à dix mois. Autrefois, on tenait compte des situations d’urgence. On n’attendait pas l’arrêté de subvention ». Conséquence : députés et sénateurs, attribuant aux communes des sommes venant de ces réserves, ne peuvent assurer leur versement aussi promptement qu’ils le souhaiteraient. La commune, dans l'incapacité d'honorer les factures des entreprises, doit alors se débrouiller seule (fonds propres, emprunt) en attendant que la réserve « promise » soit disponible. « Tout cela est scandaleux, voire malhonnête » estime Claude Belot.
Idem pour les travaux que commandent les collectivités : il est rappelé aux élus qu’ils doivent disposer des arrêtés de subventions avant d’ouvrir les chantiers. Une façon de rappeler aux décideurs locaux qu’il y a une marche à suivre…
Béatrice Abollivier essaya de détendre l’atmosphère : « quand on peut assouplir, on le fait. Derrière tout ça, il y a la Cour des Comptes. Le principe est simple : la subvention doit être signifiée pour que le dossier soit mis en paiement ». Rien n’y fit, Claude Belot resta sur ses positions : « avant, il fallait un mois pour libérer les fonds ; maintenant, ils le sont à la Saint-Glinglin ».

Un débat a clôturé la réunion
« Ici, nous sommes habituellement rebelles » avait dit Claude Belot en ouvrant des débats. Les représentants de l’Etat s’en sont effectivement aperçus. Et encore, le coût (important) de la réforme des rythmes scolaires fut à peine abordé…

•  Service civique : Il s’adresse aux jeunes entre 16 et 25 ans. Ils peuvent être affectés au service des collectivités.

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