lundi 22 juin 2009

Saintes : Pour que musée ne rime plus avec poussière !


Dans cette libre expression, Sylvie Barre, adjointe au maire de Saintes en charge de la culture, répond à Denis Rykner qui a consacré un article au musée du Présidial sur le site de la Tribune de l’Art, le 11 juin dernier.

« Baignée d’une lumière qui donne des couleurs ambrées à la pierre romane, Saintes est une ville de Charente-Maritime de 28 000 habitants. La Charente, si chère à Courbet, y serpente au cœur de la cité. Qu’il soit antique, roman ou plus contemporain, Saintes s’est engagée depuis 20 ans dans la protection et la valorisation de son patrimoine à travers la charte Ville d’art et d’histoire. Le maire actuel, Jean Rouger, ancien adjoint à la culture, puis Président de l’Atelier du Patrimoine de Saintonge et actuellement, vice-président de l’Association Nationale des Villes et Pays d’art et d’histoire, s’attache à faire vivre ou revivre ce patrimoine : le plus bel exemple est sans doute la restauration de l’Abbaye aux Dames qui a consacré ce haut lieu touristique à la musique grâce au dynamisme et à la renommée du Festival de Saintes, à l’origine Festival de Musique Ancienne.

A Saintes, pas moins de quatre musées municipaux sillonnent la ville dont deux musées Beaux-arts. Cette dispersion rend la richesse des collections difficile à percevoir. Depuis plus de 20 ans, les équipes municipales successives se posent la question du regroupement des collections Beaux-arts sur un seul site. Si le Musée du Présidial présente une façade typique du XVIIème siècle remarquable, ce bâtiment étroit, peu accessible et difficilement aménageable pour les personnes à mobilité réduite, est mal adapté à la fonction Musée qu’il abrite seulement depuis 1967 alors qu’il est propriété de la ville depuis 1922. Mal entretenu au cours des dernières années, son état sanitaire est inquiétant et nécessite de lourds investissements.

Malgré les efforts de l’équipe de Conservation pour faire vivre ce bel espace, la fréquentation du Présidial demeure faible : entre 2500 et 2800 visiteurs par an. Notre souhait d’ouvrir nos musées à tous les publics, d’en faire des lieux de vie, est entravé par des coûts de fonctionnement élevés, incompatibles avec un développement de la médiation.

Nous avons donc décidé de regrouper de manière cohérente et attractive les collections des Beaux-arts sur le site du Musée de l’Echevinage. C’est l’occasion pour l’équipe professionnelle des musées municipaux de lancer un grand chantier des collections : récolement, constat d’état, inventaire informatisé, traitement mais aussi réflexion et mise en valeur des thématiques fortes des collections. D’ores et déjà, le travail du Conservateur Gaby Scaon a permis, au travers d’un avant-projet, de dégager les grands axes du parcours de l’exposition permanente : paysage, portrait, peinture d’histoire (plus particulièrement l’image de l’Antiquité) sans oublier la céramique avec l’empreinte de Bernard Palissy. Cette exposition transitoire doit mettre en phase les deux collections Beaux-arts, prévoir un parcours original qui permettra de tester une muséographie inédite, d'envisager une transversalité entre les diverses collections (art, céramique, archéologie) et une médiation innovante sur le plan pédagogique. Quant à l’ancien bâtiment du Présidial, il restera propriété publique et pourrait même être utilisé comme lieu de réserves des musées saintais.

Ce travail préfigure un projet plus important d’extension du Musée de l’Echevinage ; cette première étape va permettre d’alimenter le Projet Scientifique et Culturel en cours de rédaction. Nous souhaitons que ce nouveau musée tire son originalité de la richesse de ses collections bien sûr, mais aussi et surtout d’une muséographie tournée vers les enfants à travers un parcours et une présentation ludiques et pédagogiques. Lieu de vie, de rencontre, d’échanges culturels, le musée doit sortir de son image poussiéreuse et conservatrice, le musée doit vivre ».

Sylvie Barre
adjointe déléguée à la culture

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