samedi 13 juin 2009

Marchés romanesques de Saintes
Sous le signe d’Angelo et Madeleine !


Ils s’aiment bien, Angelo Rinaldi et Madeleine Chapsal. C’est pourquoi l’académicien a accepté de venir à Saintes animer les marchés romanesques. Un moment littéraire organisé par le club Soroptimist.


Au commencement, il y a Madeleine Chapsal et la ville de Saintes, célèbre pour son arc de triomphe et ses arènes gallo-romaines. Certes, direz-vous, il ne suffit pas d’être une ville d’art et d’histoire pour voguer sur les flots de la notoriété.
Du temps de Mitterrand, l’Abbaye aux Dames avait connu belle affluence le jour de son inauguration. La musique s’installa en ce lieu pour y souffler, chaque été, un festival renommé. Plus tard, Christian Poncelet, alors président du Sénat, s’émut devant les épais chapiteaux de Saint-Eutrope. Crypte unique semblable à une forêt de pierre.
Inspirée par son foulard bleu, l’écrivain Madeleine Chapsal se dit que le marché Saint-Pierre, blotti au pied de l’édifice séculaire, avait un rôle à jouer sur l’échiquier.
Pourquoi ne pas y conjuguer produits du terroir et littérature ? Que s’y côtoient les nourritures du corps et de l’âme en conviant des auteurs, fin prêts à dédicacer leurs ouvrages ? Cette initiative pouvait être qualifiée de “délocalisation“, les livres quittant les rayons habituels des librairies pour un environnement nouveau. L’idée suivit son cours et les premières expériences furent concluantes.

Organisée par le club Soroptimist, l’édition 2009 avait pour tête d’affiche Angelo Rinaldi de l’Académie Française. L’habit vert quand l’Europe affiche une préférence pour cette couleur, la coïncidence est amusante.
Samedi, Angelo Rinaldi n’arborait pas la tenue de l’Institut. Il avait préféré un costume sobre qui rimait avec l’air du temps. Refroidi par des ondées répétées, le public est arrivé en fin de matinée, quand le ciel s’est dégagé.


Entre deux éclaircies, Angelo Rinaldi en a profité pour se promener. Les lecteurs l’attendant patiemment, il a rejoint son stand, déclarant gentiment aux photographes qu’il ne souhaitait pas être immortalisé. Terrible pour un “ immortel“ ! « Oh, M. Rinaldi, s’il vous plaît ! ». La réponse s’est perdue dans la fumée d’une cigarette. Madeleine a souri, désignant l’énorme pavé que représente le dernier livre de son ami : « Service de presse, un choix de chroniques littéraires de l’Express ».


« C’est très bon » dit Madeleine

La préface a été écrite par Jean-François Revel qui décrit joliment la vie d’un grand critique : « navigateur solitaire, qui change d’embarcation chaque semaine et qui, de plus, n’a pas de radeau à bord, le fait littéraire étant toujours unique ».
La période s’étale de 1976 à 1998. En 1988, Max Gallo reçoit la palme : « Gallo se révèle un écrivain. Depuis le temps qu’il grimpe en danseuse le col des best-sellers, on désespérait un temps qu’il le devînt ». Gallo comparé à un coureur cycliste vaut déjà son pesant d’or, comme sa plume qui s’est envolée pour Jules Vallès !
Angelo Rinaldi a un coup de cœur pour Sir Harold Acton, anglais d’Italie (la patrie) né en 1904. Il estimait devoir sa longévité à « une horreur du sport contractée à Harward, à trois paquets de cigarettes fumés par jour et à l’argent que lui avait légué sa grand-mère américaine ». Cet esthète, célèbre pour ses “Mémoires“, s’est éteint en 1994, trois ans après le reportage de l’Express.


La dernière critique d’Angelo Rinaldi est consacrée aux “Particules élémentaires“ de Michel Houellebecq. Son héros s’est perdu dans l’Espace du Possible, lieu de “contact“ situé à Meschers, près de Royan (le site a changé de nom, d’ailleurs). Rinaldi n’est pas un ange pour cet écrivain qu’il égratigne en une chute digne de la cassure d’un fémur. La première critique, quant à elle, remonte à 1976 : il s’agissait de la "topologie d’une cité fantôme" de Robbe-Grillet.
L’ensemble comprend 192 articles « choisis en hommage à une sorte d’œnologue des lettres » souligne Christophe Mercier.

Ces vingt-six ans d’une vie d’écriture constituent un aperçu de l’esprit vif et fin d’Angelo Rinaldi, homme soucieux de toutes les littératures. Paul Morand, Sollers, Bernanos, Cocteau, Gombrowicz, Mauriac, Camus, Aragon... C’est là que réside le joker qu’il a toujours gardé en main, fait de curiosité, d’audace et de regards aiguisés glissés dans le cabinet des secrets.

Angelo Rinaldi était bien entouré aux marchés romanesques. A ses côtés, se trouvaient Madeleine Chapsal qui persiste et signe dans l’étude sentimentale, Danièle Evenou, sympathique pervenche reconvertie, Nicolas Tabary, dessinateur qui ne veut pas devenir le calife, René Guitton, la charmante Catherine Servan Schreiber dont le premier roman est “Louise et Juliette“ paru chez Lattès et Maïté Laboudigue qui a orné chaque album de dessins superbes. S’ajoutaient des auteurs de chez nous, Jean-Claude Luca-zeau, Jacques Dassié, François Julien Labruyère, Norbert Aumont, Philippe Deblaise, Jean Bernard Papi ou Nathalie Gendreau.

L’après-midi, tout ce beau monde a planché sur le sujet suivant : L’écriture est-elle une thérapie ? Sûrement, car elle permet d’accoucher non seulement des mots, mais d’histoires qu’on porte gravées en soi. Il suffit de les déployer, comme les ailes du papillon sortant de sa chrysalide. C’est dur, un vol en pleine lumière. Contrairement aux mathématiques, l’écriture ne repose sur aucune formule. Mais elle a ses critiques, c’est précisément ce qui lui donne du style ! Sur ce chapitre, Angelo Rinaldi a beaucoup à nous apprendre.



• l'info en plus

D’ascendance italienne, Angelo Rinaldi a vécu en Corse avant de devenir journaliste (Nice Matin et Paris Jour). Il s’est ensuite imposé comme critique littéraire, travaillant successivement à l’Express, le Point, le Nouvel Observateur. Il a été directeur littéraire du Figaro et responsable du Figaro littéraire jusqu’à sa retraite. Son talent est unanimement reconnu.
Il a reçu le Prix littéraire Prince Pierre de Monaco pour l’ensemble de son œuvre et a été élu en 2001 à l’Académie française. En avril 2007, il a été nommé chevalier de la Légion d’honneur. Angelo Rinaldi apporte son soutien au NPA, mouvement politique fondé en févier dernier.


Photo 1 : Angelo Rinaldi était l’invité d’honneur des marchés romanesques.

Photo 2 : Madeleine Chapsal avec Catherine Servan Schreiber.

Photo 3 : Danièle Evenou et René Guitton.

Photo 4 : Madeleine Chapsal possède une maison de famille à Saintes

Photo 5 : Des rencontres sympathiques !

Photo 6 : Le calife, vous connaissez ?

Photo 7 : Maïté Laboudigue a orné chaque album de dessins superbes.

Photo 8 : Xavier de Roux (le frère de l'écrivain), François Julien Labruyère et Jacqus Dassié

Photo 9 : Romanesque effusion...

Photo 10 : Jean-Claude Lucazeau.

Photo 11 : Jacques Dassié en paparazzi.



2 commentaires:

jean-chrsitophe a dit…

Vive ANGELO RINALDI bien sûr...

jean-christophe a dit…

Vive ANGELO RINALDI bien sûr !