samedi 1 novembre 2008

La crise au Conseil Général



Lundi, la crise financière était au centre des débats du Conseil général, la gauche ne manquant pas d’attaquer Dominique Bussereau sur les conséquences fâcheuses du libéralisme prôné, jusqu’à une époque récente, par Nicolas Sarkozy. Chômage, réduction des crédits, inquiétudes des Français, baisse du pouvoir d’achat, pauvreté croissante : les Socialistes avaient des arguments qu’ils voulaient faire entendre... aussi fortement qu’à l’Assemblée nationale. À La Rochelle où il se croyait à l’abri des salves de politique générale, le président a vécu ces assauts avec un brin d’agacement. Le climat devrait encore se durcir avec l’approche des Régionales
de mars 2010. En effet, la présidence des quatre départements du Poitou-Charentes intéresse forcément l’UMP qui s’est inclinée devant Ségolène Royal en 2004.
Pour l’instant, chacun prêche pour sa paroisse !

En abordant d’entrée la question des Transports scolaires, Dominique Bussereau a pris le taureau par les cornes. On le sait, la rentrée a été difficile pour de nombreux élèves qui ne savaient plus à quel car se vouer. Pourquoi avoir choisi une nouvelle entreprise, Kéolis, plutôt qu’Aunis Saintonge Véolia qui faisait correctement son travail ? Le président du Conseil général s’est expliqué une nouvelle fois sur le sujet lundi matin. Après un appel d’offres départemental, la délégation a été confiée à Kéolis qui s’est imposée sur ses collègues : « Le service scolaire est compliqué à organiser. L’objectif de Kéolis est d’optimiser les trajets scolaires et de favoriser les déplacements des habitants en autobus. Malheureusement, la rentrée n’a pas répondu à nos attentes, Kéolis n’ayant pas respecté ses engagements. Des injonctions vives lui ont été adressées et des améliorations ont eu lieu ». Il valait mieux tant le mécontentement des parents grandissait.
Aujourd’hui, la quasi totalité des demandes a été traitée et une réunion avec les Fédérations de Parents d’élèves est prévue le 14 novembre prochain. Par ailleurs, le transport destiné aux particuliers reste à peaufiner car sur 472 communes, seules 17 seraient opérationnelles.
En tant que Secrétaire d’État aux Transports, Dominique Bussereau ne peut guère se permettre d’avoir des couacs dans ce domaine : Kéolis (qui sous-traite d’ailleurs certaines liaisons) doit être à la hauteur de ses engagements.
C’est également le vœu de Jean-Yves Quéré, conseiller général de Saintes. Il dresse un point sur la situation digne « d’un militant syndical » : « Kéolis a réduit son nombre de cars et de kilomètres. Conséquence, certaines familles sont dans l’obligation de conduire leurs enfants en voiture. C’est un vrai lâchage de la part du Département ».
« Ce n’est pas un lâchage, c’est une délégation de service public » rétorque vivement Dominique Bussereau qui souhaite que les choses rentrent dans l’ordre.

Parmi les problématiques soulevées par Jacky Quesson, conseiller général de Saint-Genis, les établissements de Saintes ne pratiqueraient pas les mêmes horaires d’entrée et de sortie. Un car ne pouvant pas travailler à la carte, une harmonisation serait nécessaire.
D’autres cas difficiles devraient retenir l’attention des élus : certains jeunes habitant le Sud Saintonge se lèvent à 6 heures du matin pour se rendre au lycée de Jonzac. On imagine aisément leur fatigue dans la journée, d’autant qu’ils rentrent tard chez eux. Être pénalisé dans ses études pour des raisons géographiques est injuste. Reste la solution de l’internat...

Clérac : base de travaux du futur TGV

Puisqu’il est question de déplacement, Dominique Bussereau détaille le dossier ferroviaire avec la modernisation de liaison Niort - Saint Jean d’Angély -Saintes dont une partie sera électrifiée. Une convention sera passée avec Réseau Ferré de France. En effet, pendant les travaux du TGV Aquitaine, les trains seront détournés sur cet axe et l’agrandissement des tunnels actuels sera nécessaire.
L’arrivée du TGV entraînera la réalisation de 300 kilomètres de voies nouvelles entre Tours et Bordeaux. « Cette ligne du siècle » ouvrira des perspectives sur le Massif central, Toulouse, la côte méditerranéenne, l’Espagne. Le coût des travaux est estimé à 8 milliards d’euros (25 % État, 25 % collectivités). De nombreuses Régions sont déjà engagées dont l’Aquitaine, le Limousin, Midi-Pyrénées. La région Poitou Charentes sera également sollicitée (la liaison Royan - Poitiers - Niort est une pomme de discorde au sein de la Région qui est attachée au maintien d’une correspondance vers Paris à Angoulême. L’implantation du nouveau tracé Poitiers - Bordeaux du TGV pourrait encore changer la donne. En effet, si ce tracé passe entre Angoulême et Jarnac, la gare TGV se rapprochera de Royan - Saintes, mais si la ligne se situe à l’Est d’Angoulême, le contraire sera vrai).
Bref, la Saintonge est concernée par ce vaste chantier du TGV. En effet, une base de travaux sera implantée à Clérac en ce qui concerne le tronçon Angoulême/Bordeaux. La voie Clérac/Saint Mariens sera remise en état. Une centaine d’emplois devrait être créée. Quand les travaux du TGV seront terminés, Clérac pourrait utiliser ces équipements pour accueillir une activité industrielle.

Bulle spéculative à bâbord

Bien qu’il estime « La Charente-Maritime moins fragile face à la crise que d’autres départements en raison de son industrie diversifiée », Dominique Bussereau reste prudent : « Je ne dis pas qu’on ne va pas souffrir »...


On saura très vite si les marges financières du Conseil général seront réduites en 2009 (avec la baisse des droits de mutation par exemple). Toutefois, le président ne veut pas baisser les bras : « Il faut continuer à aller de l’avant pour améliorer les infrastructures départementales ». Dans les rangs de l’opposition, l’élu rochelais, Marc Parnaudau, lève les yeux au ciel.
Bernard Lalande, chef de file des Socialistes, tire la première salve : « Nous assistons actuellement à l’effondrement d’un système avec le dégonflement de la plus grosse bulle spéculative de tous les temps ». Les collectivités sont dans le pétrin : la DGF est en baisse, elles ont du mal à emprunter... sans parler des coups portés au service public, les menaces de fermeture qui pèsent sur certaines sous préfectures, les gendarmeries, etc. Bref, le conseiller général de Montendre pense qu’il faut tout faire pour soutenir les Charentais Maritimes car « La création de richesses n’a de sens que si elle est réelle ». Une excellente réflexion qu’il va s’empresser de mettre en application dans la cité des Pins…
Le radical Gilles Gautronneau est également méfiant quant à la situation du Département : « Je reste sur mes gardes » lance t-il à Dominique Bussereau. En clair, que réserve le Gouvernement ? La modernisation du système, avec la clarification des compétences de chaque “strate” pourrait-elle être une atteinte aux lois de décentralisation ? Et de prôner « La réflexion plutôt que la précipitation ». Les élus de gauche abondent dans le même sens rappelant au passage le manque de logements sociaux (Marylise Fleuret Pagnoux).

Menace postale à tribord

Que reste-t-il du facteur portant le courrier six jours sur sept, quel que soit le temps ? Les choses changent et bientôt, il y aura peut-être un point central dans chaque commune où la population ira chercher sa correspondance. Bref, la privation de la Poste va t-elle sonner le glas du bon vieux service public ? Michel Doublet prend la mouche et, d’un beau timbre, déclare : « À mon sens, je ne connais pas de fermeture de bureaux et ces derniers ne sont pas à la charge de la collectivité ». Selon un sondage, 87 % des usagers seraient satisfaits et dans les lieux où existent des difficultés, l’avis de la Commission départementale est sollicité.
David Baudon, conseiller général de la Jarrie, n’est pas de cet avis : « Les maires ne sont les exécuteurs testamentaires de la poste » dit-il en expliquant pourquoi il est critique envers "les méthodes discourtoises et perfides" utilisées par la Direction départementale de La Poste. « Il y a des menaces de suppression sur mon canton. Cinq communes sont concernées et je n’ai même pas été averti ! Ce sont les maires qui m’ont contacté ». Par ailleurs, lorsque les horaires d’ouverture d’un bureau sont irréalistes, il est normal que la clientèle y soit peu nombreuse : «Ensuite, on vous annonce que le bureau va fermer par manque de fréquentation. Des réunions de concertation devraient être organisées».
Nouvelle réaction de Michel Doublet : « Il n’y a pas de fermeture sans que j’émette un avis et je ne suis pas au courant des fermetures que vous mentionnez ». Chacun campe sur ses positions.
Pour sa part, Dominique Bussereau pense que les usagers doivent jouer le jeu en utilisant les bureaux situés sur leur commune. C’est encore la meilleure façon de les maintenir ouverts…

Infos en plus :

• Réduire le nombre de structures administratives

La France est en pleine évolution. La modernisation de l’État présentée par le nouveau préfet, Henri Masse, préfigure les changements qui s’annoncent. Parmi eux, le nombre des directions départementales sera sérieusement réduit. Les services seront donc regroupés sur un minimum de sites et l’Équipement, qui naviguait entre sept implantations, n’en aura plus qu’une ! Le but de cette “opération” est l’efficacité - la culture du résultat est d’ailleurs mentionnée - et si cette réorganisation coïncide avec une diminution importante des dépenses publiques, la partie sera gagnée. À une autre époque, on parlait de «dégraisser le mammouth» : cette formule, qui concernait l’Éducation Nationale, pourrait être reprise aujourd’hui.
À l’avenir, les deux directions départementales chapeauteront d’une part les territoires, la protection de la population, la cohésion sociale, la sécurité intérieure et d’autre part l’agriculture, l’environnement et l’équipement auxquels s’ajouteront les Services fiscaux et l’Inspection académique. En Charente Maritime, des groupes de travail ont été constitués. Le projet sera présenté au préfet de Région le 15 novembre. La mise en place de ces nouvelles dispositions à l’échelon national devrait intervenir en janvier 2010. Il reste plus d’un an pour aplanir les difficultés (et il y en a)...


• Mise en place du RSA

Répondant à Isabelle Pichard, conseillère générale de Saintes, qui s’inquiétait de l’accroissement de la paupérisation, Dominique Bussereau déclara que le RSA allait être généralisé en 2009. Ce retour à l’emploi concerne les Rmistes désireux de retrouver une vie active. Toutefois, sur les 9000 allocataires, certains resteront loin de l’emploi, « une situation qui résulte de la politique menée depuis trente ans qui ne prenait pas en compte le volet réinsertion. Les gens sont cassés. On ne peut en être fier, ni les uns, ni les autres » souligne Claude Belot. L’ensemble des territoires de Charente-Maritime est mobilisé autour du RSA (Revenu de Solidarité Active).

Photo 1 : Dans l'hémicycle, on reconnaît Claude Belot, Bernard Louis-Joseph et Bernard Lalande, respectivement conseillers généraux de Jonzac, Mirambeau et Montendre.

Photo 2 : Dominique Bussereau, président du Conseil Général et Secrétaire d'État aux Transports

Photo 3 : MM. Quesson et Dourthe, conseillers généraux de Saint-Genis et de Saintes.

Photo 4 : Le nouveau logo de la Charente-Maritime

Photo 5 : Les élus en session.

Photo 6 : Claude Belot, dont c'était la dernière session. Il a été conseiller général de Charente-Maritime pendant 38 ans.

Photo 7 : Clin d'œil au passé avec cette photo d'archives où l'on voit Dominique Bussereau à ses débuts aux côtés de Claude Augier, alors conseiller général de Montendre, François Blaizot qui fut président du conseil général et le regretté François Bady, sous-préfet de Jonzac, disparu trop tôt...

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