vendredi 14 novembre 2008

Le bal des fous


Sans le monde des fous, personne ne saurait que la normalité existe. Mais qu’est-ce que la normalité, sinon un truc de fous inventé par des hommes inquiets de disparaître avant même d’exister...

Imaginez un chapiteau sorti d’un conte d’Andersen qui s’est épris d’une roulotte au point que leur étrange union se transforme en théâtre. Bienvenue dans le bal des fous qui rugit comme le Quarantième et se pare des meilleures Chiffonnières ! Jeudi dernier à Jonzac, cette curieuse habitation a ouvert ses portes aux spectateurs au son du saxo et de l’accordéon.


Parcourez les mers du globe et entrez dans le ventre de Moby Dick ! L’invitation à ce premier voyage est alléchante. Sur la scène, dans une ambiance gaillarde de bord de mer, les marionnettes s’animent grâce à leurs anges comédiens. Dans le port, Les marins s’incarnent autour du sombre Capitain Achab. Ils courent après leurs chimères et voguent sur des océans de draps. Miraculé, Ismaël, le jeune mousse, témoigne de la lutte contre l’énorme baleine qui s’échoue au pied du public !
Le second tableau met en scène le Crocodile de Dostoïevski. Dans un cabinet de curiosités, le reptile vedette côtoie avec désinvolture la bête du Gévaudan, Mickey en cage et des macaques insolents. Les visiteurs ne savent pas ce qui les attend : l’un d’eux tombe dans la fosse et se fait “croquer”. En voilà un scoop pour une presse avide de sensations ! Alors qu’on imagine le pire, l’avalé trouve une nouvelle destinée au sein de l’animal. Objet de toutes les attentions, il devient le centre de débats animés jusqu’à ce qu’une nouvelle affaire ne détourne les caméras. Morale de l’histoire : méfie-toi des crocodiles qui parlent, ils sont habités !


Enfin, le pêcheur de Tolède de Tchekhov entre de plain pied dans l’intolérance religieuse : « Toute personne qui dénoncera la sorcière Maria Spalanzo gagnera immédiatement le salut de son âme ».
Augustin, le grand Inquisiteur, veille et le mari de Maria est placé face à une douloureuse situation : doit-il la dénoncer pour sauver sa propre vie ?
Ces pièces ont été vivement saluées par le public. Porteuses de messages, elles révèlent trois formes de folie: le pouvoir, l’illusion et la pensée unique. Elles sont d’ailleurs intimement liées : en effet, la pensée unique découle de la prise du pouvoir qui crée l’illusion et domine les masses. Par le théâtre, les comédiens marionnettistes dénoncent l’état des lieux de l’éternelle errance humaine. Mais quand la folie, devenue dérision, est jouée avec talent, il serait dommage de s’en priver. Bravo aux deux compagnies qui ont conduit le public dans un univers magique « Le soir à la veillée »...



Photo 1 : Un accueil original !

Photo 2 : Voici le chapiteau où se déroule le spectacle.

Photos 3 et 4 : Belle prestation poétique, musicale et sportive des comédiens ! Les marionnettes sont magnifiques de réalisme. Merci à Jeanine Belot et à son équipe pour le choix de ce spectacle original.

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