samedi 14 juin 2008

Deux noms qui vont très bien ensemble !


Bernard Mounier, qui vient d’organiser à la Rochelle les manifestations du 400e anniversaire de la fondation de Québec, revient de Québec précisément, où le grand livre de Champlain a été officiellement remis aux autorités. Un moment très émouvant... Il répond à nos questions.



Bernard Mounier, vous arrivez de Québec où l’exposition du Grand Livre de Champlain a été inaugurée. Quel a été le moment fort de cette manifestation ?

Ce fut l’instant où Michaëlle Jean, Gouverneure Générale du Canada, et son mari Jean-Daniel Lafond ont dévoilé le Grand Livre aux dignitaires québécois et canadiens, en présence notamment de Max Groslouis, grand chef de la nation huronne-wendat. Le Livre est exposé dans la Redoute de la citadelle, et il s’agit de la plus ancienne construction française dans cette citadelle anglaise. La Redoute a été restaurée pour l’occasion et, ce fait, donne une valeur ajoutée considérable à la venue du Grand Livre à Québec.

Aujourd’hui, comment Cham-plain est-il célébré à Québec ? Aux yeux des habitants, est-il un géographe né en Saintonge qui a apporté sa pierre à l’édifice ou un grand pionnier fondateur ?

On peut parler d’une certaine "glorification" du personnage de Champlain, tant il est célébré non seulement comme le fondateur né à Brouage et père de la Nouvelle France, mais comme le symbole d’un peuple aspirant à exister aujourd’hui comme « nation », la nation québécoise.

Dugua de Mons est-il reconnu à ses côtés ?

Dugua, protestant natif de Royan et commanditaire des expéditions de Champlain et en particulier celle qui devait donner lieu à la fondation de Québec en 1608, a été pratiquement gommé - parce que protestant - de l’histoire officielle du Québec écrite par les Jésuites. Ces temps sont révolus. Dugua a désormais son buste, dominant le Saint Laurent, grâce à l’acharnement de certains historiens québécois, dont Jean-Yves Grenon, ancien ambassadeur du Canada ayant des attaches dans notre région. Le comité Dugua de Mons de Royan a joué également un rôle fondamental pour cette reconnaissance tardive ô combien nécessaire. Le voilier N°1 de la Grande Traversée de l’Atlantique, le Tarapaca de Jean-Paul Vignon, a été baptisé “Dugua de Mons“ pour la durée de la croisière et sa voile en porte l’effigie.

Après ces cérémonies, quels sont les liens à développer entre Québec et la Charente-Maritime? Les historiens soulignent que Champlain n’est venu qu’une seule fois à la Rochelle (pour des raisons de commodité car Dugua de Mons était gouverneur de Pons) et que la maison de Champlain, à Brouage, pourrait être plus active. Votre sentiment à ce sujet ?

La Charente-Maritime est maintenant dotée d’un nouvel établissement qui porte haut et fort l’histoire reliant la Nouvelle France et les ancien-nes provinces de Saintonge et d’Aunis : la tour de la Chaîne est, depuis le 8 mai, ouverte au public et devenue centre d’interprétation de l’émigration au XVIIe siècle depuis le port de La Rochelle. Avec le Musée du Nouveau Monde et la Maison Champlain à Brouage, existe maintenant un maillage dynamique, duquel doit naître une synergie au service d’une meilleure connaissance de notre histoire commune avec le peuple québécois et, au-delà, avec les communautés d’origine française dans les autres provinces du Canada et en Amérique du Nord.
L’intérêt public et l’élan populaire suscités par les fêtes du 8 mai 2008 à La Rochelle, montre le chemin. Il faut reprendre à notre compte la devise du Québec : « Je me souviens »...



Photo 1 : Bernard Mounier aux côtés de Michaëlle Jean, gouverneure générale et Jean-François Fountaine, vice-président du Conseil Régional.

Photo 2 : Inauguration du Grand Livre de Champlain.

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