Paban maintiendra-t-elle ses structures à Saintes ? Voilà bien la question. M. Petit, maire adjoint de Thénac, correspondant défense et historien, suit de près ce dossier. Dernièrement, il a accompagné la délégation qui s’est rendue au Ministère de la Défense. Sur Thénac, 18 enfants de militaires sont scolarisés à l’école. On imagine aisément quelles seront les retombées d’un redéploiement sur Rochefort puisqu’il s’agirait de fusionner les bases de Saintes et de Rochefort. L’élu répond à nos questions.
M. Petit, vous appartenez à la délégation qui a rencontré l’un des proches collaborateurs d’Hervé Morin la semaine dernière. Que retirez-vous de cette entrevue ?
Précisons d’abord qu’Alain Marc est le chef du cabinet civil, donc le seul haut fonctionnaire du ministère de la Défense habilité à s’exprimer sur ce sujet en dehors du ministre. Il était en outre entouré de collaborateurs. Le 17 juin, la réflexion était encore interne à l’armée, qui n’avait pas encore achevé sa réflexion sur les modalités concrètes de la réforme des armées.
Il a précisé cependant que l’armée de l’air avait proposé le maintien du site de Saintes, mais que les arbitrages interarmes au niveau de l’état-major des armées avaient été défavorables. L’état de cette réflexion penche plutôt en faveur d’un « transfert complet » du site de Saintes sur celui de Rochefort. Lors de la discussion, le numéro deux du ministère a d’ailleurs défendu cette thèse. Selon lui, Saintes reste cependant parmi les cas discutés, contrairement à La Rochelle.
Avez-vous eu des informations supplémentaires quant à l’avenir de la Base de Paban cette semaine ?
Le chef du cabinet civil a accepté que je fournisse un argumentaire complémentaire à celui de Patrick Simon, maire de Les Gonds, en mai, ce que j’ai dû réaliser le week-end dernier. Réaliser ce nouvel argumentaire m’a paru pertinent car j’ai pu constater deux faiblesses dans leur analyse : la fragilité de la position du « tout Rochefort » et le fait qu’ils n’aient pas intégré dans leur réflexion la relation à trois : Saintes, Rochefort ... et Cognac, donc la centralité et l’intérêt de Saintes dans cette relation pouvant entrer dans la notion de base de défense. L’échéance suppose que les arbitrages définitifs internes à l’armée s’achèvent dès la fin de cette semaine... Ensuite, le président de la République tranchera ; l’annonce de cette décision sera faite par le ministre de la Défense, probablement le 3 juillet.
Un regroupement avec Rochefort vous semble-t-il réaliste ?
Non ! Rochefort n’est nullement en mesure de recevoir la totalité des personnels et du matériel de Saintes. Le site de Rochefort - Saint-Agnant a certes l’espace nécessaire, mais non les bâtiments ; ce qu’admettaient d’ailleurs nos interlocuteurs. Il me paraît difficile de ne pas y engager un programme de travaux inférieur à 18 millions d’euros dans cette hypothèse.
L’utilisation d’un aéroport civil appelé à se développer est aussi sources de dépenses et négative pour la sécurité
Si l’école vient à fermer, cette décision aura un impact sur votre commune qui accueille des familles de militaires. Pouvez-vous déjà estimer ces retombées ?
Si fermeture il y a, elle ne pourra être possible que dans une échéance de 2 à 6 ans. Cela signifie qu’elle serait étalée dans le temps.
La croissance de la population de notre commune en serait fortement atteinte. Nous comptons une quarantaine de militaires sur la commune, d’environ 37 ans de moyenne d’âge, avec 18 enfants scolarisés en maternelle et primaire. Ce nombre peut d’ailleurs entraîner la fermeture d’une classe à l’école de Thénac. Sur le plan social, bien des familles risquent d’être déchirées, en particulier dans le cas où le conjoint travaille dans le bassin saintais.
Sur le plan financier, l’apport correspondant en dotations d’état (D.G.F., D.N.P. et D.S.R.) peut être évalué à 83000 euros pour un budget de fonctionnement de 1210000 euros, soit une perte directe de 7 % du budget total à envisager, sans compter les autres retombées fiscales. Les effets en chaîne sont en effet très difficiles à évaluer, y compris sur Saintes ; comment intégrer la disparition éventuelle de 12,4 millions d’euros d’apport économique ? Quels effets sur toute la vie locale ? L’impact de la disparition de 1200 emplois (420 cadres, mais aussi les jeunes en formation, eux-mêmes rémunérés) sur le bassin saintais ne serait évidemment pas le même que 1000 sur le bassin de La Rochelle.
Le président Sarkozy a parlé de compensations financières aux communes amputées : permettront-elles de faire face ?
Hervé Morin a annoncé cette semaine un montant de 20 millions d’euros pour l’ensemble de la France. Faut-il rappeler que l’impact annuel de l’EETAA représente déjà 2/3 de cette somme pour un seul site ? Ramenée à notre échelle, cela ne représente vraiment rien...
Selon vous, et si Paban ferme - ce que personne ne souhaite - quel avenir pourrait avoir cette vaste structure ?
Aucun projet n’est actuellement prévu. Les rumeurs d’un échange avec l’école de gendarmerie de Rochefort ne repose actuellement sur aucun fondement ; il n’en a jamais été question lors de la discussion au ministère. Un échange éventuel peut être envisagé à un autre stade, celui des arbitrages politiques, mais une éventuelle école de gendarmerie ne saurait de toute façon pas compenser la perte du départ de l’EETAA.
En outre, les différences de normes de construction rendraient nécessaires des travaux lourds pour une administration civile. Le cadre se prêterait à une formation universitaire de type I.U.T. par exemple, mais la tendance n’est pas actuellement aux créations de nouvelles formations.
Photo : Bernard Petit.
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