samedi 24 mai 2008

L’indépendance du Québec : Sacré Charles !


On parle souvent de l’indépendance du Québec et Charles de Gaulle, qui ne manquait pas d’audace, est entré dans la légende à ce sujet ! Aujourd’hui encore, certains Québécois aimeraient bien prendre leur envol et retrouver leurs racines tricolores, mais les choses ne sont pas simples. Prudent, Nicolas Sarkozy a déclaré ces jours derniers qu’il aimait autant le Canada que le Québec. Le Président préfère manifestement la neutralité...


En 1965, des accords culturels sont signés entre la France, le Canada et le Québec. Deux ans plus tard, du balcon de l’hôtel de ville de Montréal, Charles de Gaulle crée la surprise en lançant : « vive le Québec libre ! ». Bon stratège, le chef de l’État aimerait que l’hexagone retrouve une position stratégique dans cette partie du monde.
Le gouvernement fédéral est surpris par cette déclaration qui exhorte tout bonnement une province à prendre ses aises. En effet, c’est comme si le Président des États-Unis disait aux habitants de l’Île de beauté : vive la Corse libre ! Quelle réaction Nicolas Sarkozy aurait-il ?
Après cette “sortie“ historique, le Québec a une soudaine envie, celle de voler de ses propres ailes. Une première consultation a lieu en 1980. En 1995, lors du référendum sur la souveraineté de Québec, les Conservateurs l’emportent de justesse sur les Indépendantistes.
Il y a quelques années, le Gouvernement fédéral a saisi la Cour suprême sur cette question : le Québec peut-il se déclarer indépendant ? Les magistrats ont répondu que le Canada était divisible. En conséquence, si une province souhaite se détacher, elle doit négocier son départ avec les autorités. Les intéressés ont estimé que cette décision, grave, relevait de l’ensemble des citoyens appelés à faire un choix. Le Parlement vota une loi en ce sens. Depuis, les choses n’évoluent guère pour une raison simple : au sein de l’institution fédérale, l’identité québécoise peut s’exprimer. Pourquoi faire compliqué quand on possède une marge de manœuvre ?
Le mouvement souverainiste n’en poursuit pas moins son action. « Au sein de la Fédération canadienne telle qu’elle est actuellement constituée, le Québec n’a pas tous les pouvoirs constitutionnels lui permettant d’agir en tant que véritable gouvernement national. Les politiques poursuivies par le Québec et celles du gouvernement fédéral entrent parfois en conflit. Des préoccupations d’ordre culturel et social sont également à la base du désir d’émancipation d’une partie de la population québécoise. L’argument principal des souverainistes est que seule une citoyenneté permettrait de résoudre le problème de l’identité culturelle québécoise dans le contexte nord-américain. Elle viendrait résoudre la délicate question de la langue française au Québec, langue de la majorité québécoise, cependant minoritaire au sein du Canada » soulignent des observateurs avisés.

Faciliter l’immigration des Français au Québec

Lors de sa visite, le Premier Ministre du Québec, Jean Charest, n’a pas manqué d’évoquer la fraternité qui unit la France et sa terre qui porta le joli nom de “Nouvelle France“. À Brouage, village natif de Champlain, le lieu était idéal pour rappeler la richesse de ce passé « unique au monde ».
Il semble évident que le Québec attend plus de la France que des déclarations teintées d’émotion - certes fort sympathiques - prononcées à l’occasion des cérémonies d’anniversaire.
Jean-Pierre Raffarin, l’ancien Premier Ministre de Jacques Chirac, préfère axer son discours sur la modernité et l’esprit d’entreprise qui peuvent lier les deux “cousins“ (en ce sens, développer un accord transatlantique entre l’Union européenne et le Canada, plutôt qu’avec les USA, serait une opportunité).
Lundi dernier, Nicolas Sarkozy a reçu Jean Charest à l’Élysée. En sortant, ce dernier s’est dit « rassuré », même si la formule « non ingérence, non indifférence » reste en filigrane. Le président, en effet, ne veut pas d’incident diplomatique avec le Canada, ni avec les USA d’ailleurs, au moment où Georges W. Bush vient de lui remonter les bretelles quant aux contacts de la France avec le Hamas. Mais là est un autre sujet...
Satisfait de la discussion, Jean Charest attend beaucoup du prochain sommet de la francophonie qui se tiendra en octobre prochain à Québec. Faciliter l’immigration des Français sera à l’ordre du jour. Les raisons de cette ouverture sont simples : vieillissante, la population québécoise a besoin de sang neuf ! Cette rencontre pourrait être l’occasion d’une entente et d’une signature historique...

• Les Français qui quittent le Québec n’apprécient ni le climat, ni la longueur de l’hiver

Chaque année, le Canada accueille sur son sol des milliers d’étrangers dont 3000 Français qui choisissent principalement le Québec (85 % y restent). Le Français s’y maintient face à la puissante langue de Shakespeare, les Anglophones faisant un effort pour comprendre les Francophones. En fait, La France est mal placée pour émettre des regrets. Au XVIIIe siècle, elle a abandonné le Québec aux Anglais, lui préférant Haïti, île où l’on récoltait la canne à sucre, la Martinique et la Guadeloupe. Peu rancuniers, les Québécois continuent à aimer “la pointe de l’Europe“ dont sont issus un grand nombre de leurs aïeux.

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