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Présent dimanche dernier à Brouage aux côtés du Premier Ministre du Québec, Jean-Pierre Raffarin, qui fut Premier Ministre de Jacques Chirac et président la région Poitou-Charentes, n’a pas quitté l’arène politique pour autant. Parmi ses projets, prendre sa revanche sur Ségolène Royal aux prochaines Régionales semble lui tenir à cœur. Elle l’a chassé du Poitou-Charentes, son fief historique, et cet affront ne s’oublie pas ! Il pourrait
également se présenter à la présidence du Sénat, fonction assurée par François Poncelet qui vient de fêter ses 80 ans. Jean-Pierre Raffarin - 60 ans le 3 août prochain - a de
l’ambition, mais il sait se montrer prudent. Lion échaudé craindrait-il l’eau froide ? Il répond à nos questions.
En dehors du personnage historique, que représente pour vous Samuel de Champlain ?
Symbole de lien et d’amitié, Champlain est un trait d’union entre le Nouveau Monde et la France. Pour nous, le Québec représente à la fois l’histoire, tout en partageant une vision commune au XXIe siècle. Il se passe beaucoup de choses au Québec qui n’ont rien à voir avec la culture européenne. C’est donc pour nous une forme de curiosité à la Champlain !
Ce monde moderne est vu de manière souvent différente par les Américains et les Européens. Dans cette relation Québec France, nous avons une langue en commun, mais nous sommes fondamentalement européens et eux sont fondamentalement américains. Il est amusant de le souligner.
Vous ne diriez donc pas, comme le Général de Gaulle, « vive le Québec libre » !
Il est clair que le peuple québécois choisit son propre avenir et que l’évolution historique du Québec est une affaire qui concerne ses habitants. En toutes circonstances, nous soutenons les projets du Québec.
Si vous aviez trois adjectifs pour définir Champlain, quels seraient-ils ?
Moderne parce qu’il va dans des terres inconnues. Il est tourné vers l’avenir, les projets, la modernité. Ensuite, je dirais qu’il est loyal. Il s’installe en Nouvelle France, mais il reste fidèle à ses racines, son territoire. J’ajouterais qu’il est aussi humaniste parce qu’il réfléchit à ce qu’il fait. C’est à la fois un homme d’aventure et un intellectuel qui écrit, s’exprime. C’est un humaniste à la française qui allie horizons nouveaux et traditions.
Revenons à la vie politique. Que devenez-vous, Jean-Pierre Raffarin ?
Je travaille beaucoup au Sénat où j’appartiens à la Commission des Affaires étrangères. Suite au passage de la flamme olympique à Paris qui a généré une crise diplomatique entre nos deux pays, je suis allé récemment en Chine pour essayer d’apaiser les tensions. J’ai participé à la résolution de cette crise. Dernièrement, j’ai représenté le Président de la République à Jérusalem, pour les 60 ans de la création de l’État d’Israël. Cette semaine, je serai à Québec pour un événement important, Futurallia, qui est la dimension économique et sociale du 400e anniversaire de la fondation de Québec. Des entrepreneurs venant du monde entier y seront réunis.
Par ailleurs, en tant que sénateur, je m’occupe de mon département de la Vienne. Je suis de près les affaires régionales et plus particulièrement la préparation des élections régionales de 2010.
Conduirez-vous la liste UMP aux prochaines Régionales ? Élisabeth Morin a été une candidate malchanceuse face à Ségolène Royal...
Nous verrons le moment venu ! Ce qui est clair, c’est qu’il faut une alternance en Poitou-Charentes. Notre Région est en situation financière difficile : on augmente l’endettement et les dépenses peu créatives sont multipliées. Le temps est venu de préparer l’alternance pour que Départements et Région travaillent main dans la main dans un esprit positif et que cessent tensions et querelles, souvent présentes dans le débat politique depuis l’élection de Mme Royal.
Que reprochez-vous à l’actuelle présidente ?
C’est de ne pas avoir un tempérament régional ! C’est-à-dire un tempérament apaisé, relationnel, celui qu’avaient Michel Crépeau, Édith Cresson ainsi qu’un certain nombre de personnalités qui ont développé, dans ce territoire, un esprit de tolérance. Je trouve la façon de diriger de Mme Royal quelque peu brutale. Ce n’est pas l’esprit picto-charentais. Elle est très tentée par une vie politique partisane, faite d’affrontements. Or, la prestance d’une Région se trouve dans sa manière de rassembler. Il ne faut pas toujours se mettre en avant, être le premier. Au contraire, il est important d’aider les communes et les départements à travailler, à mener à bien leurs initiatives. La Région est un facilitateur, ce n’est pas une structure qui doit imposer ses lignes directrices. De ce point de vue là, Mme Royal se trompe de mandat.
Serez-vous candidat à la présidence du Sénat ? Le prochain renouvellement aura lieu prochainement...
Je ferai connaître ma décision au mois de juillet. Tout dépendra de la situation et des candidatures potentielles. Je porte une ambition forte pour un Sénat libre et loyal. Toutefois, je ne souhaite pas qu’une campagne électorale interne au Sénat vienne perturber le travail parlementaire de ce printemps qui est, à mon avis, décisif pour le quinquennat.
Pour conclure, comprenez-vous la position des enseignants qui manifestent actuellement ?
Il faut regarder les choses en face. La France met d’importants moyens dans l’Éducation Nationale. Nous sommes parmi les pays qui investissent le plus et finalement, les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Plus de 150.000 jeunes sortent du système sans qualification. Il faut donc le réformer pour qu’il soit de meilleure qualité. Regardons les réalités, parlons ensemble. Il ne faut pas rechercher les frictions qui ne servent pas les élèves, mais la réforme pour une éducation de qualité qui soit mondialement compétitive...
Infos en plus : Sur les origines du nom Raffarin
Le nom Raffarin est surtout porté dans la Vienne. Sans doute un diminutif de Raffard. Raffard : porté dans le Loiret et l’Ardèche, c’est sans doute un nom de personne d’origine germanique, Rafhard (rafon = arracher + hard = dur). Variante : Rafard. Autre possibilité : surnom d’un homme moqueur (sens attesté en ancien français pour rafard et pour le verbe rafarder = railler). Enfin, en occitan, le mot rafar(d) a désigné un mulet âgé de plus de cinq ans, puis un vieux soldat ou un domestique.
Photo 1 : À droite, Jean-Pierre Raffarin avec Dominique Bussereau : Serait-il question des Sénatoriales ?
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