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samedi 31 mai 2008
Forum de l’emploi, Claude Belot : "La Haute-Saintonge revient de loin"
Mardi dernier, le Forum de l’Emploi organisé aux Antilles par la Maison de l’Emploi, avec le soutien de la Communauté de Communes de Haute Saintonge, s’est terminé par une conférence sur le thème du recrutement.
Organiser une conférence au Théâtre du Château alors que le forum se tenait aux Antilles était un défi qu’ont relevé Jean-Michel Rapiteau, président de la Maison de l’Emploi, Florence Laborde, directrice et les partenaires de cette rencontre. La salle était (presque) pleine et de nombreux chefs d’entreprises avaient répondu présent. Une délocalisation réussie, en quelque sorte !
Sur l’estrade, prirent place Claude Belot, président de la CDCHS, François Sammartino, directeur de l’ANPE, Georges Favre, directeur de la station thermale, Sybille Destouches, responsable de l’agence Manpower et Jacques Galliari, conseil en management et animateur du débat. Dans un exposé, ce dernier détailla le thème de cette réunion : comment réussir un recrutement ? "Les ressources humaines sont cruciales pour les années à venir" souligna Jean-Michel Rapiteau. En effet, le choix du personnel, donc d’une équipe, est déterminant pour la bonne marche et le développement de l’entreprise. Choisir le bon collaborateur est un moment délicat, les éléments d’un CV ne suffisant pas à prouver efficacité et
compétence ! "Recruter est un métier" rappela Jacques Galliari. Il conseille d’anticiper les situations - donc de prendre le temps nécessaire - en s’adaptant aux réalités du terrain afin d’éviter une embauche dans l’urgence.
Où trouver la bonne personne ?
Le témoignage de Frédéric Rousseau, de l’entreprise Rousseau-Touret de Chermignac, attira l’attention. Né dans la restauration, il a d’abord cherché sa voie - comme beaucoup de jeunes - avant de travailler à Saintes, à la boulanger Albert. "Mon patron passait du temps avec ses apprentis. Malheureusement, son commerce a fermé en raison des grandes surfaces" se souvient-il. Il changea alors de cap et devint chef de chantier à Pons, puis à Bordeaux en utilisant la voie royale qu’est l’intérim : "elle permet d’approcher différents métiers". Un beau jour, il se lança et créa sa propre entreprise de maçonnerie. Chose faite en 2001. Quand vint le moment de recruter un collaborateur, spécialiste du “plaquo“, il se posa des questions...
C’est là que David entra en scène. Cet ancien journaliste, passionné de cinéma, avait tourné la page pour se consacrer au métier de monteur plaquiste. "Dès l’obtention de l’examen clôturant ma formation à Rochefort, j’ai reçu trois propositions d’emploi. Il n’en a jamais été de même dans mon ancienne profession"avoua t-il avec réalisme !
Bref, les deux hommes étaient faits pour se rencontrer et ils travaillent ensemble depuis 2005. L’entreprise, implantée près de Saintes, compte quatre salariés et des apprentis. "Quand on élève le niveau, on travaille dans le calme" admet Frédéric Rousseau.
Il ne faut donc pas avoir peur de changer de direction. Dans ce domaine, les Français sont moins audacieux que les Anglo-saxons. Autre point sensible du système : on peut avoir un excellent cursus, comme David, et ne trouver aucun poste dans le créneau choisi (la presse). "Nous sommes dans une période de mutation profonde et les femmes elles-mêmes arrivent dans le secteur du bâtiment" remarqua Jacques Galliari.
Vivons mobiles !
Voilà encore un défaut des Français, ils n’aiment pas s’éloigner de leur cocon ! François Sammartino cita quelques exemples révélateurs où, pourtant, se trouvait un CDI à la clé.
Aux chefs d’entreprises, il lança un appel : "si j’ai une dizaine d’employeurs intéressés par des formations, je serai plus fort pour demander les moyens nécessaires. Nous pouvons nous mobiliser rapidement". Il s’agit de contrats en alternance, de stages collectifs pour une meilleure adaptation aux postes de travail : "l’employeur doit accepter de s’engager dans des processus".
De leur côté, les responsables de la Maison de l’Emploi (qui réunit des services autrefois éparpillés dans la nature) ont contacté les entreprises de la région pour en cerner les besoins, par filières. L’objectif est de faire correspondre l’offre et la demande. En effet, un nombre important de personnes inscrites à l’ANPE sont non qualifiées ou qualifiées dans des domaines qui ne correspondent pas aux offres d’emploi.
Pour Claude Belot, "ce territoire revient de loin". Présidant à sa destinée depuis des décades, il est bien placé pour en parler ! Il n’y a pas si longtemps, le chômage y était de 15 %. Aujourd’hui, à 6,75 %, il a baissé de moitié (le plein emploi se situe à 5 %). Sur une population de 57.000 habitants à l’échelon de la CDCHS, 22.000 postes de travail sont occupés, soit 37 % d’actifs (1).
Le nombre de demandeurs d’emploi est actuellement de 1400 dont 80 chômeurs de longue durée. Cherchant à les réinsérer, le président a fait réaliser un recensement : qui étaient-ils ? "J’ai découvert que beaucoup travaillaient en intérim. Les chômeurs de longue durée sont nombreux qu’on peut le supposer".
Actuellement, les efforts de la Maison de l’Emploi portent sur la recherche de main d’œuvre qualifiée. La première conséquence de cette pénurie est le “silence“ des entreprises face aux appels d’offres : elles n’y répondent plus car elles ont trop de chantiers et pas assez de salariés. "Il faut nous interroger sur les gisements et sans doute serons-nous appelés à rechercher à l’extérieur" souligna l’élu.
Il est vrai que les Thermes recrutent des kinésithérapeutes espagnols !
La disponibilité du personnel est déterminante : "au Casino et aux Antilles, il y a des roulements durant le week-end. Une hôtesse d’accueil ne doit pas arrêter de sourire le vendredi à 17 heures".
Claude Belot en profita pour lancer un appel en faveur des personnes se trouvant au RMI. Le Conseil général facilite leur réinsertion : "il existe de bons exemples de chaînage entre le chantier d’insertion et l’entreprise". Il cita l’exemple de l’atelier de Luc Laffargue et ses tailleurs de pierre.
Il est à noter que le RSA (Revenu de Solidarité Active) sera bientôt opérationnel sur le territoire de la Haute-Saintonge.
Avant de se séparer, les intervenants s’accordèrent sur un certain nombre de points : entretenir des rapports solides et constants avec les employeurs, organiser des réunions thématiques en partenariat avec l’ANPE et la Maison de l’emploi et enfin développer l’outil GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences).
Forte en couleurs et en projets, la Haute Saintonge a de l’avenir. "Je suis venue à Jonzac car les propos y sont porteurs et optimistes" disait, en sortant, une conseillère municipale de Montendre. Qu’ajouter de plus ?
Infos en plus
• Des emplois, il y en a puisque les effets du baby boom se feront ressentir sur le marché jusqu’en 2012 avec de nombreux départs à la retraite.
• Changer l’image du patron exploiteur !
Fréderic Rousseau estime qu’en France, l’image du patron est souvent négative car il est comparé à un exploiteur : « Beaucoup ignorent que nous prenons des risques » ! Et de préconiser un plus grand rapprochement entre l’école et le monde économique. Ceci dit, cette situation découle aussi de la lutte des classes, donc du volet (intox ?) politique : il y a une différence entre les salaires des grands patrons et l’homme courageux qui se décarcasse pour faire tourner la boutique...
1 - Ces chiffres, issues des statistiques de l’Insee, remontent à plusieurs années. On attend bien sûr les prochains !
Photo 1 : Nous ne sommes pas au théâtre, bien que le lieu s’y prête. Deux acteurs de la vie locale : F. Sammartino, patron de l’ANPE et C. Belot. président de la CdC.
Photo 2 : Créer une entreprise : Frédéric Rousseau témoigne…
Photo 3 : Un public intéressé.
Photo 4 : Georges Favre, directeur des Thermes, fait souvent appel à l’ANPE pour ses recrutements. Toute la problématique est de trouver la bonne personne...
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