jeudi 9 juillet 2020

Saintes : Dociles et scélérates, les vagues à l’âme de Cécile Trébuchet

Cécile Trébuchet, guide conférencière bien connue, révèle un autre pan de sa personnalité à la Musardière. En effet, elle y présente ses peintures faites d’horizons nouveaux, de rivages, de bateaux et de pleine mer. De vagues aussi, tantôt dociles, tantôt scélérates. Une bonne occasion pour découvrir ce que sont ces murs immenses qui surgissent parfois au milieu des flots. 
L’ambiance est marine, azurée et iodée. Et si vous poussez les verrous, vous y verrez un monde inconnu…



L’artiste explique sa démarche : « Pourtant née en Charente-Maritime, c’est en Arménie que j’ai eu la plus grande rencontre artistique avec la mer et l’un de ses maîtres artistiques du XIXème siècle, Ivan Aïvazovski. Perdue dans un pays qui n’était pas le mien, je me nourrissais, de monastère en monastère et dans tous les musées, d’un art qui m’était étranger mais dont la beauté devenait l’une des découvertes les plus émouvantes de ma vie.
L’Arménie n’est en limite d’aucun rivage, d’aucun océan et seul le lac Sevan rappelle des paysages et histoires d’eau. Et pourtant ? Ivan Aïvazovski a transmis dans ses toiles les plus grandes tempêtes et les vagues écorchées rappelant toutes les colères des hommes contre les injustices. Ce maître des marines, grand artiste du romantisme et réalisme de l’art russe a eu alors raison de toutes mes émotions. Je me souviens m’être effondrée sur un des bancs de ce musée austère où il était à peine permis de tousser. Les gardiens ne comprenaient rien de ces larmes saugrenues en ce lieu de silence. Expatriée pendant plusieurs années, je venais juste de tomber éperdument amoureuse de cet artiste qui avait jeté toutes les vagues de ma solitude à mes pieds. J’étais tombée amoureuse d’un pays qui n’avait pas la mer, mais qui me l’avait malgré tout offerte pour que je ne m’en sépare plus jamais. Depuis mes rivages charentais aujourd’hui, je vis auprès des vagues comme on vit avec ses amis. Elles et ils font partie intégrante de ma vie. La distance, la maladie, le temps qui passe, la mort, font que certains partent pour ne jamais revenir mais tous ont un sens, un rôle. Ils représentent un tout d’amour et de confidences dans un parcours de vie ».


« Les Trois Sœurs » !

Le phénomène dit des « Trois sœurs » correspond en étude maritime à la présence de trois vagues scélérates successives. Elles sont les plus dangereuses. Un bateau qui aurait eu le temps de réagir correctement aux deux premières vagues n’aurait que très difficilement la possibilité de se remettre dans une position favorable pour la troisième. Ainsi va la vie de famille...


Les vagues scélérates…

Les  « vagues scélérates », d'une amplitude et d'une sévérité inattendues par rapport aux conditions de mer lorsqu'elles surviennent, sont responsables de nombreux accidents de mer. En anglais, on les appelle freak waves ou rogue waves.
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, l'existence des vagues scélérates était mise en doute, faute de mesures objectives, par la grande majorité des scientifiques spécialisés dans leur étude, malgré les nombreux témoignages rapportés par les marins et la rencontre de ces vagues par de gros navires modernes.
Ce scepticisme a changé en 1995 lorsqu'une vague a frappé l'installation pétrolière Draupner en Mer du Nord norvégienne. La plateforme était équipée d'un laser pointé vers le bas et a enregistré une vague de 26 mètres de haut au milieu d'une mer de vagues de 11,8 mètres. Cette preuve tangible a transformé le mythe maritime en réalité.

La vague du Nouvel An

Le 1er Janvier 1995, au cours d'une tempête relativement anodine où les hauteurs crête-creux étaient estimées à 10-12 mètres, une vague s'éleva soudain à plus de 18 mètres au-dessus du niveau moyen et endommagea du matériel entreposé sur un pont inférieur ouvert de la plate-forme pétrolière Draupner, en Mer du Nord, appartenant à Statoil. La hauteur crête-creux de cette vague peut être évaluée à 31 mètres, soit à peu de choses près le maximum pour lequel la structure avait été conçue et elle a résisté ! Mais nul n'imaginait qu'une telle vague extrême puisse se produire pour des hauteurs significatives à moins de 16-17 mètres.
L'annonce d'une tempête exceptionnelle avec des hauteurs de vagues à ce dernier niveau aurait sans doute conduit à prendre des précautions vis-à-vis du matériel qui fut endommagé. C'est bien là le danger des vagues scélérates : même si leur sévérité n'excède pas le maximum prévisible, elles surviennent à un moment où on ne s'en croit pas menacé.

Les "vagues scélérates" sont des vagues de pleine mer (loin des côtes) dues à l’effet du vent, avec souvent des courants contraires. De ce point de vue, elles sont à distinguer d’autres vagues qui ne deviennent géantes qu’à l’approche des côtes, tels que :
• Les tsunamis (ou raz-de-marée) qui sont des groupes d’ondes solitaires (solitons) engendrés dans l’océan par les secousses telluriques (séismes). Au large, ces solitons ne présentent aucun danger pour la navigation.
• Les mascarets liés à l’onde de la marée montante dans certains estuaires ou embouchures de grands fleuves ; ils sont souvent dangereux pour la navigation, mais prédictibles comme la marée.

On parle de vague scélérate pour des hauteurs du creux à la crête de plus de 2,1 fois la hauteur significative des vagues. Les vagues scélérates se forment sans raison évidente. Elles sont souvent décrites comme des murs d’eau qui viennent heurter les navires, contrairement aux vagues « normales » qui montent en pente relativement douce, permettant aux navires de passer par-dessus. Des vagues scélérates ont été observées dans tous les océans du monde, qu’il y ait ou non des courants importants en surface.

Les vagues scélérates peuvent atteindre des hauteurs crête à creux de plus de 30 mètres et des pressions phénoménales. Ainsi, une vague normale de 3 mètres de haut exerce une pression de 6 tonnes par mètre carré. Une vague de tempête de 10 mètres de haut peut exercer une pression de 12 tonnes par mètre carré. Une vague scélérate de 30 mètres de haut peut exercer une pression allant jusqu’à 100 tonnes par mètre carré. Or, aucun navire n’est actuellement conçu pour résister à une telle pression.

Il existerait aussi un phénomène dit des « Trois sœurs ». Il s’agirait de trois vagues scélérates successives, et donc d’autant plus dangereuses, car un bateau qui aurait eu le temps de réagir correctement aux deux premières vagues n’aurait que très difficilement la possibilité de se remettre dans une position favorable pour la troisième.

La fréquence d’apparition des vagues scélérates est donc nécessairement liée au caractère non-linéaire des vagues. Dans un train de houle, la vague scélérate apparaît en empruntant l’énergie contenue dans ses voisines, avant de la leur rendre en disparaissant ou de la perdre en déferlant. On parle de modulation d’amplitude.

Dans le cas de propagation de vagues dans des directions différentes, il semblerait que certaines circonstances encore mal définies puissent provoquer non pas la diminution, mais l’accumulation des ondes de houle, provoquant une vague scélérate.


Le vernissage vendredi soir à la Musardière, 29 rue Alsace Lorraine à Saintes
Dociles et Scélérates, de la Mer ou la Femme …
Elles sont belles et cruelles
Langoureuses et silencieuses
De tempêtes  et de  traverses
De rondeurs et de caresses
François 1er disant : « Fol qui s’y fit »

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