jeudi 26 décembre 2019

Rétrospective 2019 : en décembre, rencontres nationales du thermalisme à Jonzac

Thermalisme : Après la douche froide du rapport de la Cour des Comptes, les professionnels créent un observatoire de l’économie des stations thermales

L'observatoire de l’économie des stations thermales a été présenté lors des rencontres nationales du thermalisme qui se tenaient la semaine dernière au centre des congrès de Jonzac. La profession a décidé de réagir face au récent rapport de la Cour des Comptes qui demande une plus grande clarté dans la politique conduite actuellement. Pour le président de la Fédération thermale et climatique française, Jean-François Béraud, l’observatoire sera un outil fédérateur qui enverra un signal dynamique et donnera de la crédibilité à cette filière économique qu’est le thermalisme. 

Table ronde en présence d'Elisabeth Bonjean, Claude Belot, Philippe Tailland, 
Gérard Canovas, Jean-Bernard Sempastous
La profession thermale craint-elle de subir le même sort que l’homéopathie qui sera à la charge des patients dès le 1er janvier 2021 ? Bien que représentant une part infime des prestations de remboursement effectuées par l'Assurance Maladie, l’efficacité des soins thermaux est régulièrement remise en cause.
Le dernier rapport de la Cour des Comptes concernant la Région Occitanie a provoqué l’effet d’un électrochoc auprès des responsables de stations : « La région Occitanie est la première destination thermale de France devant la Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes. Ses 29 stations ont accueilli 188000 curistes en 2017, soit le tiers de la fréquentation nationale. Le thermalisme est géré ou soutenu par la puissance publique. Son modèle économique est assis, pour l’essentiel, sur un financement social, le remboursement des cures par l’Assurance Maladie. Dans le même temps, l’activité thermale induit des retombées à la fois économiques et financières impactant les collectivités et, plus généralement, l’aménagement du territoire. Des contrôles menés par la Chambre régionale des Comptes Occitanie, il ressort que l’activité thermale est fondée sur une offre de soins ayant aussi un impact touristique. Le modèle économique se révèle par ailleurs fragile. La politique thermale doit faire l’objet d’une stratégie plus claire où les activités « thermoludiques » pourraient tenir une place plus importante ».

Unie, la profession a réagi en annonçant la création d'un observatoire qui verra le jour en 2020. Préalablement, une enquête a été diligentée par la Fédération nationale des offices de tourisme, la Fédération thermale et climatique française et l’Association nationale des maires des communes thermales. Au total, 3246 questionnaires issus de 21 stations thermales (dont Jonzac) ont pu être exploités par l’agence Nomadéis qui a élaboré un cahier des charges. « En l’état actuel, les maires des communes thermales se doivent d’apporter une réponse concrète à la Cour des Comptes à partir des informations collectées » souligne Paul Autan, maire de Gréoux-les-Bains et président de l'Association des maires de communes thermales.

« Nous disons que le thermalisme a un impact, mais il faut le démontrer »
ajoute Camille Rives, responsable d’investissement tourisme, culture et loisirs à la Banque des Territoires.

Propos corroborés par Thierry Dubois, président du Conseil national des établissements thermaux : « ce qui est dit et certifié doit être prouvé, sinon ce n’est pas vrai. D’où la nécessité d’une étude sérieuse et nécessaire sur les données économiques, nombre de curistes, chiffres d’affaires des établissements, personnel, nuitées, retombées commerciales, touristiques, etc. L’observatoire recueillera des données sur une durée de six ans. Ce gros effort financier est soutenu par la Fédération, la CNETh , l’Association des maires des communes thermales et la Caisse des dépôts et consignations. Les résultats obtenus renforceront la confiance des tutelles et de l’Assurance Maladie. L'observatoire sera représentatif si tous les professionnels, y compris les offices de tourisme, acteurs de l’offre locative, commerçants, élus référents, acceptent de répondre. On doit tout connaître de la station et son environnement ».

Enquête auprès des clientèles des stations thermales conduite par l'agence Nomadéis
  
Elisabeth Bonjean : 
« Le curiste d’aujourd’hui est moins âgé que Mick Jagger ! »

S’il avoue ignorer le chiffre d’affaires de la station thermale de Jonzac, Claude Belot, maire de cette ville, connaît par contre l’impact qu’a le thermalisme sur l’économie de la Haute Saintonge (soit 3500 lits sur Jonzac et périphérie). En 1979, un forage lié au réseau géothermique a fait jaillir des entrailles de la Terre une eau située à 2000 mètres de profondeur. Démontrant les vertus curatives de cette eau, la thèse de médecine du dr Louis Chalié a été le premier maillon des futurs thermes, projet porté par Claude Belot et son équipe. En 1986, leur implantation aux carrières d’Heurtebise a transformé la physionomie d'une sous-préfecture ronronnante en centre animé. Depuis, l’établissement géré par la Chaîne Thermale du Soleil n’a cessé de progresser et vise les 25000 d'ici cinq ans (17000 curistes par an actuellement).
Le premier magistrat estime que l’observatoire sera le bienvenu : « nous sommes tous pragmatiques et il faudra sans doute s’ajuster ». Et de rappeler les bonnes relations entre la municipalité et le directeur de la station, Serge Espin, qui n’est un « parachuté » !

Inauguration des rencontres nationales du thermalisme : Jérôme Aymard sous-préfet, Claude Belot, maire de Jonzac, Elisabeth Bonjean, maire de Dax et conseillère régionale, Jean-François Béraud, président de la Fédération thermale
« On n’a pas de photographie des retombées économiques du thermalisme sur les territoires. Quel est le nombre des accompagnants par exemple ? » enchaîne Elisabeth Bonjean, maire de Dax. « La seule façon de gagner en crédibilité est de recueillir des données et de les partager. Aujourd’hui, on fonctionne par pré-sentiment. On a besoin de réalités concrètes. Où met-on le cluster ? Je crois à l’intelligence collective ».
Le Conseil Régional envisage de mener des recherches sur la nouvelle station de Saint-Jean d’Angély en Charente-Maritime. Qu’apportera-t-elle au secteur de Saint-Jean, quelles seront les nouvelles perspectives ? Ce travail s’effectuera en lien avec l’Université. « C’est une belle opportunité puisque cette station va démarrer. Le curiste d’aujourd’hui est plus jeune que Mick Jagger ! Nous devons partir à la conquête du curiste connecté ».

Pour Philippe Tailland, maire de Lamalou-les-Bains, l’observatoire est un outil important pour mieux se défendre et se projeter : « j’ai été auditionné par la Cour des Comptes et j’étais convaincu d’avoir convaincu. Le rapport a été une douche froide car il a été dit que nous n’avions pas apporté d’éléments prouvant ce que nous avancions ». Axé autour d’une source ou d’un forage, le thermalisme ne peut pas se délocaliser : « il faut donc du lourd ! ».

Gérard Canovas, maire de Balaruc-les-Bains, acquiesce. A Balaruc, un investissement de 60 millions d’euros a été réalisé aux thermes pour pérenniser les emplois et développer l’établissement : « nous n’avons aucun renseignement sur l’impact. Avec l’observatoire, ce sera différent ».

Paul Audan s’interroge sur le pourquoi de ce rapport de la Cour des Comptes : « les constats ont été négatifs avec des a priori. Je félicite les professionnels du thermalisme de leur réaction et la Cour des Comptes de les avoir alertés ».

Jean-Bernard Sempastous, ancien maire de Bagnères de Bigorre et député des Hautes Pyrénées, se demande quelle sera la place des parlementaires dans l’observatoire : « Comment peut-on vous accompagner ? » dit-il.

Vous l’avez compris, l’observatoire, exercice inédit à l’échelon national, apportera de nombreuses réponses qui permettront une analyse globale de la vie des stations thermales et des territoires qui les accueillent. Toute modification des remboursements de soins, entraînant une baisse de la fréquentation, serait un problème pour les exploitants. Dans ces conditions, on comprend mieux leur large mobilisation…

Geoffroy Roux de Bézieux avait enregistré une vidéo 
qui a été présentée au public réuni à Jonzac
• En l’absence du président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, Thierry Dubois a rappelé l’intérêt pour la profession de travailler avec de grandes fédérations d’employeurs qui soutiennent à 100% le thermalisme et entretiennent des contacts réguliers avec le Gouvernement.

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