C’est vendredi dernier qu’a eu lieu la traditionnelle cérémonie des vœux à l’hôpital de Saintes. Devant élus et professionnels, Alain Debetz, directeur, et Jean Sébastien Borde, président de la commission médicale d’établissement, ont détaillé les actions menées et les projets à conduire en 2015.
MM. Alain Debetz et Jean Philippe Machon |
En 2014, la dimension du centre hospitalier de Saintonge s’est affirmée et confirmée, prenant appui sur deux événements marquants. Le premier est l’ouverture de la coronarographie en juillet 2014. Les premiers mois sont extrêmement prometteurs, avec une activité dépassant nos prévisions, et une qualité de fonctionnement saluée par les patients, les familles et les professionnels. Nous sommes satisfaits d’accueillir depuis janvier un opérateur médical libéral de l’agglomération royannaise, favorisant ainsi un partenariat public privé en coronarographie, dans la ligne de l’existant en rythmologie.
Ayant ainsi apporté la preuve que ce service correspondait à un besoin, nous aurons en 2015 à relever un défi, celui de l’articulation avec les établissements de proximité du territoire afin d’organiser vers eux le retour des patients. Le centre hospitalier de Saintonge doit pouvoir accueillir des patients dans le cadre d’une programmation, alors que ses lits sont souvent saturés par des admissions en provenance des urgences. En fait, le centre hospitalier de Saintonge est confronté à un dilemme : celui d’assumer pleinement son rôle de recours, mais aussi de répondre à sa mission de proximité et notamment dans le cadre de l’urgence. Des économies globales sont attendues par la nation. Deux leviers vont être actionnés pour y parvenir. Le premier est une incitation au développement rapide et significatif de l’ambulatoire en chirurgie et en médecine, avec une valorisation forte des hospitalisations les plus courtes. Le second, corrélé au premier, est la réduction des lits d’hospitalisation.
- Le second événement est la création officielle le 28 novembre de la communauté hospitalière de Saintonge. La signature de la convention de la CHT vient de clôturer une première phase de travaux inter établissements sur les projets à travailler en commun, mais le travail de coopération et de mise en réseau va s'intensifier en 2015.
La création de la communauté hospitalière qui réunit les CH de Saintes, Royan, Saint-Jean d'Angély, Jonzac, Boscamnant et l'EHPAD des Deux Monts |
Il faut rappeler que le principe de la communauté hospitalière de territoire est de définir une répartition des rôles par filière de soins entre les sites de proximité et le site de recours aboutissant à une prise en charge adaptée et sans perte de temps ni de chance pour les patients. En cela, nous sommes bien en phase avec la notion de parcours du patient figurant dans le projet de loi de santé en préparation. Le centre hospitalier de Saintonge n’a ni l’ambition, ni les moyens d’une intention hégémonique. Son but est de favoriser et coordonner des projets communs. Il est vrai que quelques doutes sont émis par certains médecins sur les effets concrets au quotidien de la communauté hospitalière de territoire, étant observé par ailleurs que certains sujets dépendent de décisions politiques. Mais tous soulignent néanmoins qu’il n’y a plus de difficulté dès lors que les médecins sont prêts à s’impliquer. Il nous faudra en effet harmoniser désormais les projets médicaux de tous les établissements avec celui de la communauté hospitalière de territoire, afin de conforter les complémentarités et de corriger les inégalités.
• Quelques sujets nous ont mobilisés en 2014 5 :
- Nos deux secteurs de psychiatrie de l’adulte. Le directeur général de l’ARS a confié en avril 2011 au docteur Yvan HALIMI, Président de la Conférence des Présidents de CME d’établissements spécialisés en santé mentale, une mission concernant les secteurs de psychiatrie générale gérés par le centre hospitalier de Saintonge, dont les conclusions ont été rendues en janvier 2012. Elles ont été globalement acceptées par l’ensemble des professionnels.
- Des recommandations visant à augmenter les moyens de fonctionnement : psychiatres, médecin polyvalent, cadre, assistante sociale, psychologues. Ces mesures ont été très partiellement financées par l’ARS en 2012.
- Des recommandations concernant l’élaboration d’un projet médical et l’organisation de la prise en charge des patients. A la suite de cela, les psychiatres ont présenté un projet de service qui se situe dans l’esprit de ce qui était préconisé. - Des recommandations sur la réimplantation des unités d’hospitalisation temps plein sectorisées, sur le site du C.H. de Saintonge, dans un cadre plus adapté à la pratique de la psychiatrie. L’audit indiquait « le caractère inadéquat des locaux utilisés actuellement sont, à l’origine de difficultés de prise en charge, notamment du fait d’espaces de soins envisagés pour des soins somatiques. Les espaces de soins collectifs sont restreints. Par ailleurs la carence en espaces verts disponibles réduit les possibilités de déambulation ».
Il reste à doter la psychiatrie saintaise à un niveau au moins comparable aux moyens alloués à la sectorisation dans les autres établissements de la région. Mais il faut aussi que nous acceptions de nous interroger sur nos pratiques cliniques, de prendre davantage en considération les demandes des familles et des médecins traitants.
La situation de l’hémodialyse : le centre hospitalier de Saintonge est en train d’investir rapidement sa dimension d’établissement de recours. Son architecture, déjà optimisée dans sa conception pour limiter les surfaces construites, ne permet plus d’étendre des activités sans supprimer des espaces dévolus à d’autres pour s’adapter à moindre coût. Déplacer la dialyse pour l’élargir était financièrement déraisonnable et hors de portée. C’est pourquoi une décision a été prise. Déplacer la psychiatrie pour la regrouper et la sortir d’une architecture inadaptée permettrait d’offrir aux patients des conditions dignes de prise en charge, et aux soignants des conditions dignes d’exercice. Elle permettrait aussi aux autres activités de se réorganiser, notamment pour augmenter l’activité ambulatoire, autre enjeu d’importance pour notre établissement comme pour tous les autres.
Il reste un point majeur de fragilité à régler au plus vite : la neurologie. Sur Saintes, sont disponibles 4 lits d’USINV et 12 lits d’UNV auxquels s’ajoutent 12 lits de neurologie générale, avec 2 praticiens neurologues. Compte tenu de la faible capacité d’accueil et de l’effectif médical très insuffisant, le service de neurologie fait au mieux pour accueillir les patients en fonction du degré d’urgence. Ce n’est pas qu’un problème saintais, mais de territoire car avec une telle pénurie de praticiens de cette spécialité, nous ne pouvons assurer la présence nécessaire sur les sites de proximité.
En 2014, le centre hospitalier de Saintonge a repris deux activités assurées jusqu'à présent par d'autres acteurs : Depuis octobre, a été installée au sein de l’hôpital de Royan une antenne de l'hospitalisation à domicile, étendant ainsi, après Saint Jean d’Angely et Jonzac, le champ d’intervention du service d’hospitalisation à domicile rattaché au centre hospitalier de recours aux cantons de La Tremblade, Royan, Cozes et Saujon. Ainsi, les 86000 habitants du pays royannais viendront porter la population desservie dans cette discipline par le centre hospitalier de Saintonge avec ses trois antennes à plus de 304000 habitants.
- Depuis janvier 2015, a été ouvert le centre périnatal de proximité installé dans les locaux du centre hospitalier de Royan. A la demande de l’ARS, les deux centres hospitaliers les plus proches, Saintes et Rochefort, assurent des consultations et s’organisent pour accueillir les accouchements supplémentaires sur leurs sites, en conformité avec les décrets périnatalité et en complémentarité avec les professionnels libéraux. Cette organisation aura des répercussions sur le nombre d’accouchements à la maternité de Saintes, avec un potentiel de 400 accouchements annuels supplémentaires. Le centre hospitalier de Saintonge devra se mettre en conformité pour faire face à cette évolution. Des modifications architecturales seront nécessaires, entraînant des dépenses importantes.
Nous avons d’autres projets, comme la prise en charge des troubles du sommeil, la lutte contre la dénutrition, l’augmentation de nos capacités en soins de suite et de réadaptation, et d’autres en cours de développement comme la diabétologie, la télé radiologie, l’urologie.
Je ne peux toutefois omettre d’évoquer la direction commune avec le centre hospitalier de Saint Jean d’Angély, notamment au moment où l’ARS demande que soit revue la feuille de route de ce centre hospitalier en très grande difficulté financière. C’est en 2015 que devraient intervenir les orientations confortant la complémentarité de nos deux centres hospitaliers en considération de nos moyens et de nos missions respectifs.
En dehors des questions médicales, il convient de rappeler que le centre hospitalier de Saintonge fait partie avec le CHU de Poitiers sur la région, des 30 établissements expérimentateurs de la certification des comptes qui a fortement mobilisé les équipes, mais a permis de revoir en profondeur nos méthodes et outils de gestion. Les résultats, globalement très satisfaisants, seront présentés par le certificateur des comptes au conseil de surveillance en juin prochain. Concernant la situation financière, il est trop tôt pour dresser un bilan de l’exercice 2014. L’activité est soutenue, les dépenses maîtrisées, mais la situation reste fragile. Le renouvellement en 2015 des deux accélérateurs de particules, bien qu’incontournable, va créer des tensions sur les prises en charge et les recettes d’activité. Nous ferons face et agirons, notamment en nous engageant délibérément vers davantage d’activité en ambulatoire et la réduction des durées des séjours. Nous finaliserons en 2015 le déploiement des prescriptions médicamenteuses informatisées dans les services de chirurgie et celui de la bureautique dans toutes les unités. Nous allons poursuivre, entre bien d’autres projets l'implantation et les fonctionnalités du système d'information et de communication d'imagerie (PACS) en l'ouvrant aux médecins libéraux par le portail "ville hôpital".
Concernant Aquitania, 2015 sera une année chargée avec la fin des travaux de restructuration, l’ouverture des 40 lits neufs d'EHPAD, le déménagement définitif des résidents de Port la Rousselle qui intègreront la structure nouvelle en octobre 2015. Il y aura également la réorganisation des unités d'hébergement afin de dissocier l'EHPAD de l'USLD. 2015 sera également l’année de rédaction du projet d'établissement de l'EHPAD pour les 5 ans à venir ».
Jean Sébastien Borde : « Nous avons énormément de pain sur la planche ! »
Jean Sébastien Borde, président de la Commission médicale d’établissement, a présenté « les sujets de satisfaction, les problèmes en suspens, les interrogations et les chantiers de l’année 2015 ».
• Les points de satisfaction : D’abord la cardiologie. La rythmologie a augmenté son activité permettant d’envisager sa pérennité sereinement et le plateau technique d’exploration s’est renforcé tant en nombre de praticiens qu’en spectre d’activité. Toutes les explorations cardiaques sont disponibles à Saintes avec un haut niveau de technicité et de compétence. Une équipe de gastro entérologie s’est reconstituée après une période difficile pendant laquelle il a été fait appel à des intérimaires, solution coûteuse et souvent de médiocre qualité. Le dynamisme de la nouvelle équipe est à souligner.
La pédiatrie a beaucoup souffert d’un manque de praticiens. Après des recrutements et des candidatures spontanées de jeunes praticiens, l’effectif sera prochainement au complet. Il s’agit d’une équipe très jeune et pleine de projets. -Les activités de chirurgie sont également dynamiques et particulièrement celle d’urologie. Ce service a développé des techniques de pointe comme le laser vert permettant de diminuer les complications et les durées de séjours des patients souvent âgés.
Pour certains dossiers, on ne sait dire s’il y a matière à se réjouir ou à s’inquiéter. Il faut évoquer l’extension de la dialyse nécessitant l’emprise sur une partie du service de psychiatrie. Ce dossier et douloureux car il conduit à faire des choix, à privilégier un risque par rapport à un autre. Le service de dialyse est cruellement sous dimensionné. Nous avons à disposition actuellement 14 postes de dialyse contre par exemple 26 à La Rochelle pour un nombre de patients dialysés sur leur territoire un peu inférieur au nôtre. Cette pénurie de place à l’hôpital nous conduit à dialyser des patients aux lourdes pathologies dans des antennes sans présence médicale et à refuser des prises en charge de patients qui habitent ici et doivent de ce fait dialyser loin de leur domicile. Plus grave l’arrivée d’un patient aux urgences devant être dialysé en urgence peut ne pas être possible faute de place avec un risque vital évident. Le projet d’extension, indispensable et sans solution alternative, contribue à fragiliser encore plus la psychiatrie déjà en souffrance. Je dirais que le principal est l’inadéquation des locaux en termes de capacité d’accueil et leur inadaptation aux prises en charge psychiatriques. Le service de psychiatrie ne peut assurer aujourd’hui sa mission correctement. C’est un gros point noir qu’il faut traiter de manière urgente.
• En gynécologie obstétrique, il a fallu faire face à la fermeture de la maternité de Royan presque du jour au lendemain et au départ à la retraite de gynécologues en ville. Des personnes ont œuvré à trouver des solutions pour assurer la continuité des prises en charge, augmenter la capacité d’accueil de la maternité, créer un centre périnatal de proximité à Royan et augmenter les consultation de gynécologie médicale. Là encore l’activité de gynéco-obstétrique se fait dans des locaux beaucoup trop exigus qui nécessitent une extension pour absorber l’activité supplémentaire.
• Un autre gros point noir est le manque de lits de soins de suite et de réadaptation qu’on qualifiait avant de lits de convalescence. Nous avons 15 places. Il y en a 120 à Royan, 20 à Jonzac, 69 à Saint Jean d’Angély et 70 à Boscamnant. Envoyer des patients de Saintes dans ces établissements serait un moindre mal, même si elle obligerait les conjoints âgés à se déplacer ce qui n’est d’ailleurs pas toujours possible. Mais en pratique, les patients des hôpitaux cités sont prioritaires et nos patients ne bénéficient que marginalement d’une admission. C’est un sujet sur lequel un accompagnement extérieur serait le bienvenu.
• La neurologie est un point d’inquiétude important. Il n’y a plus de neurologue en ville et il n’y en a que 2 à l’hôpital pour assurer toute la neurologie, explorations et unité de neurovasculaire comprises. Des recrutements sont nécessaires.
• L’année 2015 est l’année du renouvellement du projet d’établissement et particulièrement du projet médical. Sa rédaction nécessite la prise en compte de plus en plus de paramètres à chaque renouvellement mais la plupart sont cohérents et légitimes dans le but d’une amélioration des prises en charge. Le projet médical devra s’attacher à pérenniser les activités et à les intégrer dans le parcours de soins des patients.
Pour cela, il faut coordonner tous les acteurs de soins, à tous les niveaux : à l’intérieur de l’hôpital et nous menons une réflexion pour rapprocher les services de gastro-entérologie et de chirurgie viscérale pour fluidifier le parcours des patients qui relèvent de ces spécialités : entre établissement de santé du territoire. L’hôpital de Saint Jean d’Angély doit également actualiser son projet médical.
Enfin, il est nécessaire de travailler avec les médecins de ville mais aussi les infirmières et les associations qui œuvrent dans le domaine de la santé.
La population attend cet effort qui est par ailleurs amplement détaillé dans le projet de loi de santé qui sera discuté en mars. Ce projet de loi ainsi que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2015 prévoit de réaliser une économie de 10 milliards d’euros en cinq ans dans le domaine de la santé. Pour ce faire, les pistes envisagées se concentrent sur le développement des activités ambulatoires. Cela ne générera des économies que si parallèlement des lits d’hospitalisation complète ferment. Dans notre contexte de pénurie de lits, ces projets nous inquiètent mais nous saurons y faire face collectivement.
Le dr Jean Sébastien Borde |
« Ce centre hospitalier de recours du territoire de Charente-Maritime Sud et Est est un des plus importants employeurs de la ville et de la Communauté d’Agglomération de Saintes. Il propose une offre de soins de proximité et de haute technologie ainsi qu’un personnel dont la qualité du travail n’est plus à démontrer. Car un hôpital, c’est d’abord des hommes et des femmes. J’ai pu apprécier depuis plusieurs mois la valeur des quelque 1 650 professionnels qui travaillent aux côtés des patients et des malades. Chacun d’entre vous met quotidiennement ses compétences au service de notre santé. Un hôpital c’est également des équipements. Le centre hospitalier de Saintonge compte plus de 800 lits et places répartis sur trois sites. C’est un établissement de recours d’un vaste territoire de 300.000 habitants – soit près de la moitié du département - regroupant le Val de Saintonge, la Saintonge Romane, la Saintonge Littorale et la Haute Saintonge. Et en tant que Maire de la ville de Saintes, je renouvelle ma vision d’une Saintonge florissante, dynamique et solidaire que j’appelle de mes vœux et qui a besoin d’un hôpital ambitieux qui mêle soins de proximité et de recours ».
• Des services renforcés en 2014
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