L'actuel château de Jonzac date du XVe siècle (photo Nicole Bertin) |
Vers ce que l’on appelle le chemin de ronde, une étude des lieux conforte cette hypothèse. Dans un acte établi entre les frères Pineau en février 1559, une mention a suscité l’intérêt de Marc Seguin. Une maison, sise dans le bourg de Jonzac, près de la halle (là où se trouvent les tilleuls d’Italie), aurait été proche du « vieux château de Jonzac », autrement dit d’un édifice médiéval qui devait être en piteux état.
Qu’un ancien château ait existé aux XIVe et XVe siècles est une évidence ! Il en reste des témoignages dans la pierre (base de tour, meurtrières, archères dans les galeries noires) et que dire des corbeaux qui soutenaient le chemin de ronde situé face à la Seugne. Rivière d’où pouvaient surgir des assaillants. A cette époque, les maisons compactes devaient constituer une sorte de muraille.
Le chemin de ronde actuel était à proximité de l'ancien château-fort |
Sur les façades des maisons environnantes, on remarque la présence de corbeaux qui devaient soutenir l’ancien chemin de ronde. Situé au sol, l’actuel chemin de ronde n’aurait pas eu un rôle défensif. Dans tout ce périmètre, les caves laissent apparaître de nombreux témoignages du passé, ouvertures, portes cloutées. « Au XVIe siècle, si l’on éprouve le besoin d’évoquer le vieux château, c’est par opposition à un nouveau, celui que nous avons sous les yeux » souligne Marc Seguin. « La maison dont il est question, comme ses voisines, était vraisemblablement construites sur les fondations et les caves de vieux château. Il devait occuper l’espace aujourd’hui couvert par les immeubles du n° 26 au n° 37 ».
On peut en conclure que dans la seconde moitié du XVIe, les habitants apercevaient encore les vestiges d’une forteresse qui devait leur servir de carrière.
Des vestiges révélateurs d'un édifice important |
Le seigneur de Jonzac, prisonnier des Anglais
Pour arriver à cette conclusion, l’orateur se base sur des documents. Dans la première moitié du XVe siècle, l’ancien château dont il est question appartient à Arnaud de Sainte Maure, seigneur de Jonzac, Montauzier et Chaux. Courageux, il combat l’Anglais qu’il faut bouter hors de France.
Mal lui en prend : les soldats d’Henri Plantagenêt (le second mari d’Aliénor d’Aquitaine) le capturent et lui confisquent ses biens. Fait deux fois prisonnier, il passe plus de dix ans en captivité.
Enfin libre, il préfère se réfugier derrière les solides murailles de la ville de Pons ! Dans ces conditions, privé de propriétaire, le château-fort de Jonzac est abandonné. Interrogés en 1460, lors d’un procès qui oppose le puissant seigneur d’Archiac à celui de Jonzac, des paysans reconnaissent, comme le laboureur Penot Seguin de Neulles ou Marion Delagarde de Réaux, que la châtellenie de Jonzac est déserte et inhabitée. « Si l’on récapitule, le château-fort a donc été détruit une première fois, réparé, repris et occupé par une garnison anglaise, puis démoli par ces derniers » explique M. Seguin.
Autre épreuve pour Arnaud de Sainte Maure, le seigneur d’Archiac a profité de son absence pour s’approprier ses terres, à Neulles notamment. Les habitants, qui n’apprécient guère, demandent l’intervention de leur protecteur. Malheureusement, il est mal placé pour leur porter secours…
Plus on descend vers le Sud Saintonge, plus les paroisses sont vides. Ainsi, à Mérignac, « il n’y a aucun labourage, seulement des bois et des buissons ». En remontant vers le Nord, par contre, l’activité est plus dense. Toutefois, il ne faut pas être défaitiste. « Une ou deux générations ont su d’adapter, les laboureurs disposent de nombreuses terres à cultiver, moyennant redevance » déclare le conférencier. L’élevage se porte bien, cochons, vaches dans les landes. Les hommes, arbalète à la main, passent leur temps à chasser. Le seigneur fait alors valoir son droit de quartier, c’est-à-dire qu’on lui remet un quartier arrière du cerf qui a été abattu.
Marc Seguin, passionné par l'histoire de la région ! |
L'actuel château abrite sous-préfecture et mairie |
• La Seugne ne s’est jamais appelée Sévigne ! Marc Seguin fustige Rainguet qui a baptisé la Seugne « Sévigne ». Question de lecture des documents anciens que Rainguet, malgré ses qualités, ne maîtrisait pas, semble-t-il.
• Texte de la conférence publié dans la revue de l’Aunis et de la Saintonge, tome XXXVII
1 commentaire:
Bravo à Mr Seguin pour ce réajustement historique !!! Et merci Nicole de partager cette information ! Le 1° chateau aurait vraisemblablement été détruit pendant la guerre de 100 ans et l'actuel chateau bati peu de temps apres sur une hauteur afin d'avoir peut-etre une meilleure vision de l'ennemi ! Si je comprends bien vos dires .
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