Il fut un temps où le 58 de la rue Sadi Carnot abritait la Poste. Tôt le matin, quand les propriétaires de boîtes postales venaient chercher leur courrier, la rue étroite était fort encombrée ! Voitures à cheval sur les trottoirs par manque de stationnement, brin de causette avant d’aller au boulot. A cette époque, cette artère incontournable de la ville - en raison de son sens unique - était grouillante d’animation ! L’administration quitta le lieux pour des locaux et un parking plus spacieux. Suivirent d’autres occupants (dont le Centre d’Aide par le Travail) jusqu’au jour où ce vaste immeuble, dont l'arrière donne sur la pittoresque rue de Champagnac, fut mis en vente. Personne ne se précipita.
C’est alors qu’entre en scène François Leroy, directeur d’une société de communication visuelle à Paris. Afin d’être plus proche de sa clientèle, il cherche à s’implanter en province, entre Cognac et Bordeaux. Il pose ses valises dans la capitale de la Haute Saintonge… au fameux 58.
François Leroy (au centre) et son équipe |
Le visiteur n’est pas au bout de ses surprises. « Vous n’avez pas vu tous les pingouins que nous avons cachés dans la décoration » plaisante François Leroy. Il explique pourquoi il appelé sa société Bleu Banquise : banquise parce que le travail doit être impeccable et bleu parce que c’est une couleur qu’il aime bien. Quant au pingouin, il porte une affection particulière à cette adorable bestiole du grand Nord qu’immortalisa Luc Jacquet dans la Marche de l’Empereur.
« Bleu Banquise est une société de prestations de services dans l’environnement graphique, spécialiste dans le packaging et performante en édition comme en événementiel » souligne le responsable. Autrement dit, elle réalise des maquettes de documents publicitaires, plaquettes d’entreprises et autres brochures. Soucieuse de diversité, elle se charge également d’agencer les lieux pour accueillir des manifestations comme une pièce du Louvre, par exemple.
Au rez de chaussée, des matériels d'imprimerie |
Elle a vu le jour en 1999 dans le XIIIe arrondissement de Paris. « Mon père travaillait dans une imprimerie. Très jeune, j’ai découvert ce métier. Je me souviens des typographes, monteurs, dessinateurs, chromistes. J’ai beaucoup appris auprès de ces professionnels ».
Après mûre réflexion, François Leroy, qui voulait se destiner à l’enseignement d’une activité sportive - il a été moniteur de voile - suit la filière paternelle. Tout le secteur est en mouvement : l’informatique triomphe et relègue à l’histoire un monde dont les bases remontaient à Gutenberg. « Et ce n’est pas fini ! » dit-il en faisant un clin œil aux ordinateurs : « pourquoi j’ai choisi des Mac plutôt que des PC ? Parce que, dès leur arrivée sur le marché, ils étaient faits pour la créativité ; les PC étaient davantage réservés aux informaticiens ».
C’est précisément grâce à l’informatique et aux réseaux qui l’accompagnent - fibre optique, haut débit - que les entreprises peuvent se délocaliser. « Tout a changé. On envoie les bons à tirer par internet. Les corrections arrivent par le même biais. Autrefois, on utilisait des chronoposts. Je me revois faisant le déplacement de Paris à Cognac, prenant la Micheline rouge, pour que le client puisse avoir ses documents rapidement. Aujourd’hui, quand on envoie une épreuve en Chine, c’est immédiat. Quel gain de temps ! ».
« A Jonzac, on ne m’a pas regardé comme un Parisien »
« Pourquoi avez-vous choisi Jonzac ? Vous auriez pu vous laisser séduire par une ville plus importante ? » A cette question, François Leroy avoue qu’il a pris son temps avant de se décider. « Je cherchais sur un territoire assez vaste, Charente, Charente-Maritime, Gironde. J’ai regardé sur une carte et retenu Libourne, Montendre, Jonzac, Saintes. Pour moi, tout était lié à la rapidité des connexions numériques et à la fibre optique. Je suis arrivé à Jonzac un jeudi. Le lendemain, je suis allé à la Chambre de Commerce et d’Industrie. Elle était fermée en raison d’un pont. J’ai écrit au directeur pour m’en émouvoir. Il m’a aussitôt répondu et s’est dit intéressé par mon projet. Je me souviens qu’il m’a invité à déjeuner aux Antilles. En sortant, il y avait de la neige, un signe ! J’ai pensé à Bleu Banquise ! ».
Par la suite, François Leroy revient pour étudier le dynamisme ambiant : « j’ai regardé quels étaient les établissements scolaires car je faisais venir de Paris deux familles avec enfants, la vie associative et le soir, j’ai fait un tour dans les bars. Il y avait de l’animation contrairement à Blaye où la ville, dont le patrimoine est pourtant exceptionnel, se vide en fin de journée ».
François Leroy se décide en 2010 et trouve son bonheur dans la fameuse rue Sadi Carnot. « J’ai acheté cet immeuble malgré son peu d’attrait, ce qui explique pourquoi personne n’en voulait. Nous avons mis l’accent sur la disposition et la décoration ». Parmi les innovations, des portes sur pivot sortent de l’ordinaire !
Le premier salarié arrive en avril 2011, suivi de ses collègues en juin. « Ce que j’ai apprécié chez les décideurs jonzacais, c’est leur réactivité. J’ai obtenu la fibre optique 48 heures après ma demande. C’est l’un des points forts du secteur, la collectivité donne les moyens de s’implanter ».
Depuis Bleu Banquise poursuit sur sa lancée. Chaque année, la société investit entre 35000 et 50000 euros dans du matériel de production et réunit plus de 2000 dossiers.
François Leroy ne regrette pas son choix. Jonzac est à la fois proche de la mer, de la montagne, de la nature est surtout de la Dordogne où il possède des attaches familiales. « J’ai apprécié de ne pas être traité en Parisien. L’accueil a été très cordial ».
Il a conservé un atelier à Paris ainsi que des activités à La Courneuve où il anime le club de football américain. « Je me bats actuellement pour préserver ce club qui a été neuf fois champion de France. On parle beaucoup des cités. Personnellement, j’y suis attaché. Il y existe un potentiel énorme et les jeunes n’y sont pas seuls, contrairement à ceux du monde rural ».
Bureau nostalgie avec les premiers Mac ! |
Les casses d'imprimerie et lettres en plomb ont été reléguées aux oubliettes par l'informatique |
Si vous souhaitez en savoir plus, un film sur YouTube vous donnera un idée de cette équipe sur un air jazzy (ce qui ne gâte rien) et bien sûr, il y a le site internet ! La banquise tranquille et lumineuse dissimule le dur labeur du pingouin (proverbe Inuit)...
• Si vous souhaitez faire appel à cette société, le message du directeur de Bleu Banquise est révélateur : « Au commencement était l’envie, quelques mots échangés autour d’une idée à concrétiser, d’un projet à définir, d’une solution à apporter. Quelles que soient l’ampleur, l’ambition et l’attente, le processus s’applique avec le même soin et la même attention. Il s’agit de cerner l’objectif, la mission, pour mieux évaluer les possibilités, suggérer la démarche à suivre et les outils à mettre en place ».
• En entrant dans les locaux de Bleu Banquise, c’est la surprise : les anciennes machines utilisées dans l’imprimerie y sont à l’honneur ainsi que les premiers ordinateurs. Que de chemin parcouru jusqu’à l‘étage où se trouvent les dernières technologies !
Des pingouins cachés dans la déco ! |
• Les reconnaissez-vous ? La carte de vœux 2015 de la société Bleu Banquise
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