Le conseil municipal s’est réuni jeudi dernier sous la présidence de Bruno Drapron. Moins d’élus qu’à l’habitude, la date de cette réunion ayant été reportée. Les membres de l’opposition, en particulier, étaient en nombre réduit, trois chefs de file Pierre Maudoux, Pierre Dietz et Rémy Catrou étant absents. Cette rencontre a été l’occasion de dresser les grandes lignes du débat d’orientation budgétaire (DOB) 2022. Bonne nouvelle, plus importante que prévu, l’épargne va permettre de financer des investissements. Des réflexions entre Jean-Philippe Machon et la nouvelle majorité ont animé les échanges. L'ancien maire s’est défendu rappelant qu’à son élection en 2014, il avait hérité d’une situation financière qui ne prêtait pas à la dépense…
De gauche à droite, Joël Terrien, adjoint aux travaux, Philippe Callaud, adjoint aux finances, Bruno Drapron, maire, Maryline Cheminade, première adjointe |
Extraits de l’intervention de Philippe Callaud, adjoint aux finances :
Ph. Callaud : « En 2022, nous présentons un budget combatif et offensif de reconstruction visant à redonner à notre ville la place qui est la sienne en Charente-Maritime.
La loi Nôtre a voulu accentuer l’information de tous les élus et permettre à l’assemblée délibérante de discuter des orientations budgétaires en prenant en compte l’analyse de la situation économique nationale ainsi que des éléments de la loi de finances. Pour la France, en 2020, la croissance a baissé de 8% alors que l’inflation était de 0,5%. En 2021, la croissance du PIB a atteint 7% ; en 2022 il est prévu 4%. Du côté de l’inflation, celle-ci devrait se situer à 1,4% en 2022, voire plus. Il est même envisageable que la hausse des prix dure plus longtemps et soit plus importante que prévu.
Le projet de loi de finances 2022 favorise la reprise économique. La situation des finances publiques devrait s’améliorer après deux années marquées par des budgets de crise. Sous l’effet de la reprise de l’économie et la baisse du déficit public, le taux d’endettement passerait à 114% en 2022 (115,6% en 2021). Tout de même, direz-vous ! Les collectivités ne manqueront pas d’être associées au nécessaire effort des finances publiques. C’est ce que préconise la Cour des Comptes. Cet effort pourrait se traduire par une limitation des évolutions des dépenses de fonctionnement. Les principales mesures du budget 2022 de l’Etat sont la poursuite de la mise en œuvre du plan de relance avec notamment un renforcement des mesures en matière d’emplois, la transition écologique, la baisse des impôts, la volonté de mettre en place une réforme des indicateurs financiers, la simplification de l’effort fiscal en centrant uniquement sur les impôts levés par la commune. L’application brutale de la réforme des indicateurs financiers risque d’entraîner des conséquences pour les collectivités locales, c’est la raison pour laquelle l’Etat appliquera un lissage jusqu’en 2028. Une nouvelle revalorisation des bases de fiscalité aura lieu en 2022, de l’ordre de 3,4%. Cela nous permettra de travailler nos budgets plus sereinement avec un soutien maintenu pour l’investissement local.
• Quelles sont les marges de manœuvre financière de la ville de Saintes ? En 2021, les recettes en fonctionnement, 34 millions, et les dépenses, 29 millions, ont permis de dégager une épargne de 5 millions destinée à réaliser nos investissements. Grâce à la maîtrise de la section de fonctionnement, l’épargne brute 2021 atteint ce montant historique ! Malgré la crise sanitaire et les inondations, nous avons réussi à obtenir cet autofinancement qui va nous permettre de financer la section d’investissement à hauteur de 15,5%. On n’a jamais vu ça à Saintes ! Les efforts engagés cette année devront se poursuivre. Efforts sur les charges à caractère général et recherche constante de ressources externes.
En 2021, les investissements ont augmenté de 11,5% malgré le contexte sanitaire : écoles, Hall Mendès France, bâtiments culturels, réfection toitures, site de la Palu, Saint Eutrope, amphithéâtre, rénovation des jeux pour les enfants, voirie, éclairage, décontamination du fonds ancien de la médiathèque. Si entre 2015 et 2019, les dépenses d’équipement se situaient entre 3,7 et 4 millions, force est de constater que dans un moment de crise, les investissements sont malgré tout répartis à la hausse. Saintes se rapproche des 26 communes de la même strate en Nouvelle-Aquitaine.
Dans les années à venir, nous veillerons à respecter les engagements pris. Tout cela sera possible grâce à un endettement maîtrisé.
Notre volonté est d’investir en accompagnant la relance de l’économie. Le Gouvernement a mis en place le plan France Relance qui repose sur l’écologie, la compétitivité et la cohésion. L’enveloppe est de 100 milliards d'euros dont 40% sont financés par l’Union Européenne. Le programme "action Cœur de Ville" est un levier majeur pour financer l’investissement. Saintes fait partie des villes qui ont intégré le dispositif. En 2020, lorsque nous avons été élus, Saintes se situait parmi les villes les moins avancées. Je suis désolé d'avoir à rappeler de mauvais souvenirs ! Notre équipe s’est mise en position urgente en réalisant des choix structurants pour insuffler une nouvelle dynamique. Ainsi, depuis mars dernier, une cellule recherche des financements, accompagne les investisseurs, garantit une bonne coordination entre les différents services. La stratégie repose sur cinq axes : habitat, développement économique et commercial, accessibilité et mobilité, valorisation espaces publics et patrimoine, accès aux équipements et services publics.
C’est un travail de longue haleine avec un contrôle des dépenses. Les recettes sont impactées par la baisse des produits. Si les bases cadastrales seront revalorisées, les taux de la fiscalité municipale resteront inchangés. La recherche active de subventions est une priorité pour arriver à réaliser les investissements. Les relations avec la CDA seront renforcées. Nous avons à mener à bien des projets prioritaires comme le site Saint-Louis, Saint-Eutrope, l’amphithéâtre, les aménagements de la Palu avec sa maison de la nature, l’amélioration de l’habitat. La commune souhaite continuer à maintenir son niveau d’épargne, de l’ordre 4,5 millions par an, en restant prudente ».
Réaction de Jean-Philippe Machon, membre de l’opposition : « quelle déception, ce débat d’orientation budgétaire »…
J.P. Machon : « Ce que nous avons ressenti durant l’analyse de ce document du DOB se résume en un seul mot : déception ! Déception car ce DOB liste de nombreuses idées, mais n’apporte aucune réponse concrète sur des choix d’orientations, sur un calendrier de réalisation et sur le financement de grands projets. Il ne fait donc que susciter des questionnements ; déception de ne pas voir des projets concrets notamment pour le site Saint-Louis, projet qui a été complètement remis à zéro alors que la première tranche de travaux était prête à démarrer dès septembre 2020 ; déception de ne pas voir des priorités sur des choix dûment justifiés qui constituent une stratégie ; déception de ne pas trouver d’initiatives nouvelles… à part le dojo ; déception enfin de constater en les analysant que les chiffres de prospective financière jusqu’en 2026 sont irréalistes par rapport à la liste des projets annoncés.
M. le Maire, lorsque vous étiez adjoint dans la mandature précédente, vous ne cachiez pas votre irritation lorsque, à chaque DOB, Philippe Callaud, alors dans l'opposition, prenait la parole très longuement pour déplorer le manque de vision et l’absence de débat sur des grandes orientations. Nous avions donc l’espoir que vous demandiez à votre adjoint aux finances d’élaborer un document qui soit de qualité, c’est-à-dire qui soit cohérent entre les objectifs et les chiffres, et qui reflète une ambition pour la ville autour de projets concrets nécessaires à son développement. Or, dans ce document, n’apparaît qu’une énumération d’idées. Nous sommes d’autant plus déçus que vous bénéficiez pour votre budget d’un environnement économique favorable et d’une situation financière de la ville bonne grâce au désendettement que nous avons réalisé.
Je vous rappelle que, dans notre mandature, nous étions au contraire dans une période difficile avec une dette élevée (de 35M€), une forte baisse (de 2,1M€ en année pleine) des dotations de l’Etat, la dette Saint-Louis (que nous avons remboursée à hauteur de 4M€ sur un total de 5,1M€) et le PRU à terminer (à hauteur de 4M€). Cette situation nous a conduit, pour respecter les ratios financiers prescrits par l’Etat et ne pas déséquilibrer les finances de la ville, et malgré les nombreuses propositions de projets que nous souhaitions faire, à réduire les investissements annuels, notamment en 2017. On a donc été contraints de se serrer la ceinture tout en réussissant quand même à financer la fin du PRU, rembourser 4M€ de la dette Saint-Louis et réduire l’endettement (à 28M€).
La situation est très différente aujourd’hui. Vous êtes arrivés aux manettes avec des finances redressées et vous bénéficiez de la reprise économique, des aides de l’Etat à la hausse dans tous les domaines grâce au plan de relance et de la forte reprise du marché immobilier dans les villes moyennes qui favorise l’entrée de nouvelles recettes fiscales (+1,1M€ en 2021 selon vos estimations). On s’attendait donc à un débat d'orientation budgétaire à la fois ambitieux et réaliste permettant à la ville de rebondir et de se transformer ».
Et de conclure par plusieurs interrogations : « Où sont définis les grands projets d’investissement pour Saint-Louis ou pour la rénovation du cœur de ville ? Où sont les investissements pour les différentes parties de la rive droite afin d’accompagner l’implantation et le développement du Ferrocampus ? Où sont définis et planifiés les investissements pour rénover et aménager la Plaine de Sports ? Comment sont planifiés les moyens pour l’éradication des réseaux aériens, la modernisation de l’assainissement, la rénovation des voies de circulation et de l’éclairage public ? Pourquoi investir dans un palais des congrès si parallèlement vous supprimez les structures d’accueil comme l’hôtel sur Saint-Louis et l’ascenseur pour relier ville haute et ville basse ? Vous avez les moyens financiers et nous nous en réjouissons pour la ville. Mais ce DOB présente du rêve (par exemple le port qui mettra plusieurs années avant de pouvoir se réaliser). Nous resterons donc réservés et vigilants face à un budget qui est loin d’être offensif comme vous le prétendez ».
A suivre au prochain conseil municipal...
Infos :
• Égalité salaires hommes/femmes : Question de Didier Martin qui s’interroge sur les salaires des fonctionnaires. Ils sont identiques dans la fonction publique selon votre indice et votre ancienneté. Il n’y a donc pas d’écart entre les salaires masculins et féminins.
Au micro, Didier Martin aux côtés de Renée Benchimol Lauribe |
• Ferrocampus : Bruno Drapron a rappelé - à ceux qui en douteraient - qu’il entretient de bons rapports avec Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine. Pas de problème, en conséquence, pour l’installation du Ferrocampus à Saintes. Il s’agit d’un lieu de formation et d’innovation dédié aux métiers et technologies du ferroviaire qui sera implanté sur le site du Technicentre de maintenance SNCF.
• Site Saint-Louis : Les consultations sont terminées. Une grande réunion publique devrait avoir lieu durant la première quinzaine de mars. L’aménagement du site a fait l’objet de plusieurs propositions émanant du Club Citoyen, l'association Médiactions, Christian Schmitt, l’équipe de Renée Benchimol Lauribe (Projet Ecologique Citoyen et d’Avenir), « réflexions qui ont été ajoutées au dossier » a précisé Bruno Drapron.
• Convention entre la ville, l'Etablissement français du sang et l'Union départementale pour le don du sang bénévole 17 : La Ville souhaite soutenir le don du sang et y contribuer à travers le label "commune partenaire du don du sang" en étant un relais de communication et d'information. Ce partenariat vise à mobiliser un grand nombre de donneurs (les stocks sont malheureusement bas) et à mener des actions communes de sensibilisation sur le territoire saintais.
• Stratégie intercommunale de prévention de la délinquance 2021-2025 : Les partenaires du Conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance (CISPD) ont élaboré une stratégie intercommunale 2021-2025. Suite à des réunions de travail, le bureau du CISPD a fixés trois axes prioritaires : agir au plus tôt et aller plus loin dans la prévention, aller vers les personnes les plus vulnérables pour mieux les protéger, organiser la sécurité au quotidien.
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