Après un premier décrochage des tapisseries qui ornent les murs de l'Abbaye aux Dames en 2020, la mobilisation de la communauté avait permis leur retour. Nouvel émoi fin 2021 quand l'association qui veille à leur conservation remarque qu'elles ont été une nouvelle fois enlevées. Elles devraient retrouver leurs emplacements respectifs prochainement. Maurice Rousseau, président de l'association, ose l'espérer...
En 2020, premier émoi quand des habitants remarquent qu'elles ont été ôtées, roulées et entreposées avant de rejoindre la sacristie. A l'époque, Lucien Normandin, saintais bien connu, prend la plume : « Lors du festival de musique, les auditeurs habitués des lieux ont été surpris de constater que les célèbres tapisseries présentant le récit de la Genèse de la Bible ont été déposées. Depuis cet événement culturel, ces tapisseries restent entassées dans un coin du transept de l'église abbatiale. Il fut un temps assez récent où la paroisse se mobilisait tout le mois d'août pour présenter aux visiteurs ces tapisseries réalisées il y a quelques décennies par une armée de bénévoles qui y consacrèrent des centaines d'heures. Tout ce travail est ainsi mis aux oubliettes ».
L’association qui en a la charge lance une pétition pour leur réinstallation : « Ces 12 tapisseries ont été retirées début juillet pour le Festival de musique et n’ont pas été remises en place jusqu’à ce jour. Ce retrait s’est effectué sans consulter, ni informer l’association des Tapisseries ayant pour objet "l’exécution, la conservation et la promotion des tapisseries de l’Abbaye aux Dames". Jean-François Favre, l’auteur des tapisseries, n’a été lui-même ni consulté, ni informé. Créées à l’origine en 1982, selon le souhait du directeur du Festival de musique ancienne, elles ont été réalisées par plus de 700 personnes de 1982 à 1990 sous l’égide de la paroisse Saint-Pallais, s’inscrivant ainsi progressivement depuis 38 ans dans l’histoire de l’Abbaye aux Dames. Par cette pétition, nous demandons instamment aux instances responsables de procéder à la réinstallation des douze tapisseries de la Genèse dans la nef de l’abbatiale de l’Abbaye aux Dames ».
« Elles ont été enlevées pour le Festival à la demande de la société qui assurait la retransmission des concerts. Dans un but uniquement esthétique, l’église a été vidée de son contenu, mobilier, chaises, bancs et tapisseries afin de libérer l’espace. Nombreux ont trouvé qu’ainsi, les prises de vue étaient exceptionnelles. Le retrait des tapisseries s’est fait avec l’accord du prêtre de la paroisse. Elles seront remises en place rapidement » explique alors Philippe Terville, responsable du festival. L’Abbé Guillaume Salin confirme cette déclaration : « les tapisseries vont être réinstallées et elles sont actuellement en sécurité. Le moment est peut-être venu d’imaginer un autre grand projet culturel et cultuel qui motiverait la création artistique. Les tapisseries de J.F. Favre appartiennent au patrimoine de Saintes et de la Saintonge et elles pourraient être exposées dans un autre lieu de la ville par exemple ». « On a commis l’erreur de décrocher les tapisseries sans concerter J.F. Favre. Je regrette la forme que tout cela est en train de prendre. L’Abbaye aux Dames est un lieu de partage, d’œcuménisme » ajoute Odile Pradem-Faure, directrice de l'Abbaye aux Dames à cette époque.
Bref, les tapisseries finissent par retrouver leur place en septembre 2020.
Nouveau rebondissement fin 2021 quand l'association s'aperçoit que les tapisseries ont à nouveau quitté leurs emplacements respectifs : « A ce jour, un nouveau pas a été franchi vers un avenir inquiétant au sujet des tapisseries. En effet, elles ont été décrochées fin novembre 2021 par la paroisse Saint-Pallais et ont été remplacées en décembre par des bannières de drap blanc mises en place en utilisant le système d’accrochage des tapisseries. La grande tapisserie du transept sud a été retirée. Les douze tapisseries de la nef ont été entreposées par la paroisse Saint-Pallais à proximité de l’entrée de l’abbaye, enroulées et appuyées contre le mur. Jean-François Favre, en tant que créateur de l’œuvre, n’a pas été consulté, ni même informé du retrait des tapisseries et de leur lieu de stockage, alors que cette œuvre a été faite de manière spécifique pour l’abbatiale, à la demande en 1982 du prêtre de la paroisse et du directeur du festival de l’Abbaye. Maurice Rousseau, en tant que président de l’association des Tapisseries de l’Abbaye aux Dames, n’a pas non plus été informé. Il a adressé plusieurs courriers au Père Guillaume Salin, curé de l’Abbaye, en lui demandant de faire raccrocher au plus vite les tapisseries de la nef pour leur permettre de sécher et d’éviter leur détérioration par moisissure. Un courrier a également été adressé par le président au maire de Saintes pour l’informer de la situation actuelle. Jean-François Favre a lui-même adressé un courrier à Mg Georges Colomb, évêque de La Rochelle et Saintes ».
Aux dernières nouvelles, la paroisse a retiré temporairement les tapisseries pour positionner les éléments d’accompagnement de l’Avent, puis de Noël. « Il est prévu que les tapisseries soient repositionnées dans l’abbatiale dans les huit jours. En l'attente, elles sont conservées à l’abri sous la responsabilité de la paroisse » précise la mairie.
Maurice Rousseau (qui a été prêtre à Villeneuve les Salines, Archiac et Saintes) fait part de son incompréhension : « Les tapisseries de J.F. Favre sont un travail collectif. Elles ont été conçues en relation avec l'Abbaye aux Dames et je faisais moi-même partie de l'équipe à l'origine des Académies musicales. J'ose espérer que leur raccrochage aura lieu prochainement. Je ne comprends pas pourquoi elles suscitent certains commentaires car ayant pour thème la Genèse, elles ont forcément leur place durant le temps de l'Avent, moment où on les a enlevées. Par ailleurs, je n'ignore pas que des travaux ont et vont être effectués dans l'Abbatiale, mais un dialogue peut s'instaurer entre les parties concernées favorisant l'information et la communication ».
Compte-tenu de la valeur patrimoniale, artistique, religieuse et sentimentale que représentent ces œuvres, peut-être serait-il judicieux de les faire classer ? A suivre...
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