jeudi 7 novembre 2019

Saintes/La Palu : François Ehlinger met en garde contre les substances enfouies dans le sol dont des perturbateurs endocriniens. Jean-Philippe Machon s’explique

Sur le site de la Palu, le projet de Jean-Philippe Machon est de créer une aire de loisirs ouverte au public. Elle comportera guinguette, jeux et autres installations propices à la détente et aux loisirs tout près du centre ville. Le lieu ne fait pas l’unanimité…

Les vigies de la Palu devant la mairie mercredi avant le conseil municipal
La Palu, un lieu de balade où la mairie souhaite créer une aire de loisirs
La prairie de la Palu anime les débats depuis que le maire veut y installer une aire de loisirs. Un collectif baptisé « les vigies de la Palu » fait entendre sa voix, non pas qu’il soit opposé à un espace ludique, mais parce que la nature du site provoque des interrogations. La copie initiale du maire a d’ailleurs été revue. Le projet, qui devait se concrétiser dès cette année, a été retardé.

Médecin, François Ehlinger (aux côtés de Philippe Callaud, Josette Grolleau et Serge Maupouet) a tiré la sonnette d'alarme
Mercredi soir lors du conseil municipal, François Ehlinger est monté au créneau sur le sujet, largement soutenu par l'assistance où les « vigies » arboraient des pancartes aux slogans explicites. Médecin, cet élu de l’opposition a fait part de ses inquiétudes au premier magistrat : « Monsieur le maire, la planète est en danger, nous devons la protéger et Saintes n’échappe pas à cette obligation. Le projet de la Palu n’est pas bon parce qu’il repose sur une ancienne décharge sauvage, donc dangereuse. Tout le monde le sait. Vous avez fait appel à des sociétés spécialisées pour effectuer des études du site. Ces rapports, dont les résultats auraient du faire l’objet d’une communication publique, sont révélateurs. Le premier met en garde contre la destruction des habitats naturels avec des menaces pesant sur la faune et la flore en bordure de Charente. L’autre, réalisé par Tereos, fait remarquer que la zone est polluée à tous les niveaux, eau, terre et air. Des produits CMR sont signalés, autrement dit il s’agit de substances cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction… dont des perturbateurs endocriniens. Il faut savoir que plus les doses de ces perturbateurs sont faibles et plus elles sont dangereuses »… 

Dans la salle, l’attention est vive. Les propos tenus par François Ehlinger ont, en effet, de quoi sensibiliser les participants. Et l’élu de poursuivre : « Tereos émet des recommandations lors des travaux. Elles concernent tant les ouvriers qui interviendront sur le site que les structures. La guinguette, par exemple, devra se trouver à 60 centimètres au dessus du sol, la zone devant être aérée. Un confinement y est envisagé qui ne veut pas dire dépollution. Il faudra donc assurer un suivi et bien au-delà d’une décennie. Ce projet est déraisonnable et il existe d’autres endroits pour l’accueillir ». Joignant le geste à la parole, il adresse au maire un petit paquet contenant… de l’amiante. « J’ai un cadeau pour vous » dit-il, histoire de rappeler à l’édile que certains matériaux nuisent gravement à la santé.


Jean-Philippe Machon : « s’il est dangereux, pourquoi le site de la Palu n’est-il pas fermé depuis Michel Baron ? »

La riposte du maire ne se fait pas attendre. « Du rapport Tereos, vous avez extrait des parties de phrases pour alimenter votre argumentation. S’il est écrit que le site est pollué, la suite est « qu’il ne présente pas de danger particulier ». Nous sommes en pleine politique ! Si cet espace est dangereux, pourquoi n’est-il pas fermé depuis l’époque de Michel Baron, de même que le jardin public qui repose sur du remblai ? Je ne vois pas que l’ARS soit intervenue pour en interdire l’accès au public. La partie qu’occupera l’aire de loisirs est de 4,5 ha alors que l’ensemble s’étend sur 190 ha. Ces aménagements sont destinés aux familles et je regrette de ne pouvoir y installer une maison de l’écologie. Pour cette base, toutes les autorisations ont été obtenues. Le projet a été réadapté et les organismes concernés ont donné leur feu vert ». 

Document remis par Paul Durand au maire
Réplique de François Ehlinger : « c’est précisément cette superficie de 4,5 ha qui est essentiellement polluée. Pourquoi n’y plantez-vous pas d’arbres fruitiers ? Tout simplement parce que les fruits qu’ils donneront seront empoisonnés. Lors des travaux, quand la terre sera bougée, seront libérées des substances dangereuses concentrées dans le sol. La seule autorisation dont la Ville a besoin est celle du bon sens. Cette aire, c’est comme si vous l’installiez à Tchernobyl »...

La remarque ne fait particulièrement plaisir à Jean-Philippe Machon qui rétorque : « le bon sens, on l’a depuis des années, je parle des élus de la majorité. S’il y avait un risque à la Palu, le bon sens de l’Etat ne nous aurait pas donné d’autorisation »

Au nom des Vigies de la Palu, Paul Durand remet un document au maire. Le projet de la Palu y est comparé à « une paillote de 27 mètres de long, des barbecues et de la musique d’ambiance jusqu’au minuit dont les victimes seront toutes les espèces protégées qui poussent, nichent, se reproduisent ou se nourrissent dans cette prairie ».

A suivre…


• La Palu tire son nom du paludisme (également appelé fièvre des marais). Cette maladie, transmise par certains moustiques, a touché nos régions dans le passé. Des travaux d’assèchement ont été menés afin de restituer à la culture une grande étendue de ces terres autrefois inondées.

• Travaux sur la Palu : Montant de l’investissement 14 millions d’euros (180.000 tonnes de terre concernées).

• Tereos est un bureau spécialisé dans les études de sols et les évaluations du risque de pollution.

• Selon les éléments d’une étude paysagère, « 19 arbres seront abattus à la Palu et 21 plantés » a souligné Dominique Arnaud.

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