Parmi les horreurs de la guerre de 14-18, celle des fusillés pour l’exemple.
Sans compter les exécutions sommaires, il y en eu plus de 600 dans l’armée française. Il s’agissait pour les officiers de lutter contre les abandons de postes, automutilations, refus d’obéissance ou mutinerie.
Jusqu’au 7 mars 2014, une exposition rappelle leur sort à l’Hôtel de Ville de Paris dans le cadre du Centenaire. Ils refusaient de quitter les tranchées en pleine offensive, ils se repliaient sans ordre, ils se blessaient volontairement ou exposaient leur main au tir ennemi.
Terrifiés par l’horreur de cette guerre, les poilus agissaient ainsi par peur et contre l’incurie de leurs chefs. Leur histoire est longtemps restée tue, murmurée, plongeant les familles des soldats fusillés pour l’exemple dans la honte ou la colère.
Et puis il y eut le cinéma. En 1957, Stanley Kubrick réalise "Les sentiers de la gloire" avec Kirk Douglas. La France n’était pas prête à l’accueillir et le film n’y sera projeté qu’en 1975.
Entre temps, le britannique Joseph Losey avait réalisé en 1964 "Pour l’exemple", qui illustre la même histoire mais dans l’armée anglaise.
De son côté, c’est en 1970 que l’italien Francesco Rosi sort "Les hommes contre", illustrant, toujours en 14-18, le sort des fusillés pour l’exemple dans l’armée de la péninsule. Plusieurs téléfilms dont "Le pantalon" d’Yves Boisset ont très bien illustré l’arbitraire et l’horreur de ces exécutions.
L’exposition proposée à l’Hôtel de Ville de Paris jusqu’au 7 mars prochain permet de se faire une idée assez précise de la vie militaire dans la tourmente de la première guerre mondiale. A base d’objets, de témoignages, de lettres et de documents divers, le destin interrompu de ces jeunes hommes fuslliés par leurs camarades nous devient étonnament proche. Entre les deux guerres mondiales, les familles d’une quarantaine de militaires fusillés pour l’exemple ont obtenu la réhabilitation de leur proche.
Depuis un peu moins d’une dizaine d’années, des collectivités locales, municipalités, départements, régions, ont voté la réhabilitation collective de tous les fusillés pour l’exemple issus de leurs territoires. Dans certains départements, c’est le cas dans l’Aisne qui fut le théâtre de terribles affrontements, leurs noms ont été ajoutés à la listes des victimes de la grande guerre sur les monuments aux morts. La décision nationale de réhabiliter ou non l’ensemble des fusillés pour l’exemple doit être prise par le président François Hollande. Un mémoire a été remis en 2011 au gouvernement par l’historien Antoine Prost.
• Fusillés pour l’exemple 1914-2014, Les fantômes de la République, exposition à l’Hôtel de Ville de Paris jusqu’au 7 mars 2014
Association des journalistes du patrimoine
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